Une rentrée sociale sous haute pression: Au menu, grèves et manifestations

Manifestation d’enseignants, fusion polémique ENSA-FST-EST, remobilisation des étudiants en médecine, coordination des fonctionnaires contre la réforme des retraites, le prochain gouvernement devra gérer le mécontentement de plusieurs composantes de la fonction publique et de la population estudiantine.

Une rentrée sociale sous haute pression: Au menu, grèves et manifestations

Le 24 octobre 2016 à 17h09

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

Manifestation d’enseignants, fusion polémique ENSA-FST-EST, remobilisation des étudiants en médecine, coordination des fonctionnaires contre la réforme des retraites, le prochain gouvernement devra gérer le mécontentement de plusieurs composantes de la fonction publique et de la population estudiantine.

Avant même d’avoir obtenu le vote de confiance du nouveau Parlement, le futur gouvernement doit se préparer à résoudre des contentieux liés à la grogne des enseignants, des étudiants et des fonctionnaires.

Les nouveaux enseignants n’excluent pas la grève des cours

Dimanche 23 octobre, plusieurs milliers de cadres ayant reçu une formation d'enseignants dans le programme "10.000 cadres" ont défilé dans les rues de Casablanca.

A l’origine de la manifestation, la décision du MEN de recruter par CDD (contrat à durée déterminée) une partie des 10.000 cadres formés par l’Etat qui doivent remplacer les milliers d'enseignants n’ayant pas répondu à l’appel de la rentrée scolaire pour cause de retraites, démission, maladie…. .

Formés pendant un an à l’école nationale supérieure dans le cadre d’un programme national intitulé «10.000 cadres», les manifestants réclament leur intégration dans la fonction publique, alors que le gouvernement leur propose un CDI contractuel (non organique) après deux ans de travail en CDD.

En d’autres termes, ces titulaires d’une licence et d’une formation d’enseignant d’un an disposeront à terme d’un CDI à condition de réussir le CAPES (certificat d’aptitude au professorat du 2e degré) mais ne seront jamais considérés comme des fonctionnaires à part entière du MEN. Ils seront en effet recrutés par les académies régionales, qui ont un statut d'établissement public.

Joint par Médias24, Mohamed Samadi, coordinateur de la marche des manifestants issus de l’opération de formation des 10.000 cadres, déclare que le mouvement a mobilisé dimanche, 2.000 personnes.  

«Notre coordination refuse la contractualisation car malgré leur formation pratique, nos membres n’ont pas été recrutés par le secteur privé qui leur a fait des propositions salariales indécentes. Malgré le manque d’enseignants partis à la retraite (12.000), l’Etat refuse de titulariser le contingent des .étudiants formés pour prendre la relève. Après le succès de la manifestation de dimanche, nous allons en organiser une autre à Marrakech samedi 29 octobre puis en plein COP22. Si ça ne suffit pas, notre conseil national étudiera d’autres scénarios y compris celui de refuser d’assurer les cours», menace notre source.

10.000 étudiants de l’ENSA envisagent une année blanche

Dans la même veine, un décret adopté fin juin lors d’un Conseil de gouvernement a provoqué la colère des 10.000 étudiants des onze écoles nationales des sciences appliquées (ENSA) du Royaume.

Le décret 644-15-2 déposé par Lahcen Daoudi, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique prévoit de créer au Maroc quinze écoles labellisées "polytechniques", avec la fusion des ENSA, des écoles supérieures de technologie (EST) et les facultés de sciences et techniques.

Le motif de la grogne des étudiants de l’ENSA est que les EST délivrent des diplômes de type DUT (diplôme universitaire technologique) qui correspondent à un cycle d’études de deux ans au lieu du cursus de 5 années pour l’école d’ingénieurs ENSA. Les FST, quant à elles, offrent des diplômes de type licence, master ou doctorat, soit moins de cinq ans d’études pour les licenciés.

La commission nationale des étudiants de l’ENSA, regroupant l’ensemble des 10.000 étudiants du groupe, estime que cette fusion dévalorisera le diplôme d’ingénieur de l’ENSA en attribuant une équivalence de facto avec ceux des EST et des FST.

Interrogé par notre rédaction, Wassim Melhaoui, représentant de l’association des lauréats de l’ENSA, déclare que les 10.000 étudiants condamnent la décision prise de manière unilatérale :

«Nous attendons l’arrivée d’un nouveau ministre qui pourra régler ce désaccord, soit en maintenant le décret de fusion mais sans l’ENSA, soit en l’annulant purement et simplement. Nous avons prévu une grande manifestation à Rabat et si le gouvernement persiste, les étudiants feront une année blanche, qui a démarré en septembre avec les locaux désertés des 11 écoles», conclut notre source.

Vers une reprise de la grève des médecins-stagiaires?

Alors que l’on croyait réglé le dossier des médecins stagiaires, la commission nationale des étudiants en médecine (CNEM) annonce la reprise du mouvement de grèves et de sit-in dans les 9 facultés de médecine générale de médecine dentaire du Maroc.

La reprise de la contestation s’explique par le non respect par les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur de l’accord de revalorisation des bourses d’externat.

Mohamed Mbarki, coordinateur de la CNEM affirme que seul un quart des étudiants (de 3e année et plus) ont bénéficié de nouvelles bourses qui sont passées de 130 à 630 DH par mois.

«Hormis  leurs difficultés financières, les étudiants sont de plus en plus nombreux et les enseignants rares, ce qui impacte négativement la qualité de la formation des futurs médecins, qui doivent en plus faire face à un manque de postes budgétaires pour ceux qui veulent passer le concours de spécialité (internat et résidanat). En attendant d’avoir de nouveaux interlocuteurs ministériels, la CNEM étudie un plan d’action avec des sit-in, des marches nationales de protestation, voire même la reprise du mouvement de l’année dernière, à savoir le boycott total des cours magistraux et des stages hospitaliers».

Au regard de la multiplication des mouvements de contestation des milieux enseignants et étudiants, il apparaît que a rentrée scolaire et universitaire a été ratée par manque d'anticipation et de vision du gouvernement précédent.

Le malaise social grandit, avec un futur gouvernement qui aura fort à faire pour contrer les mouvements de mécontentement, sachant que plusieurs coordinations de fonctionnaires opposées à la réforme des retraites commencent à fleurir au niveau national. 

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