En matière d’erreurs de négociation, c’est un cas d’école. Avant même de rencontrer le chef du gouvernement désigné, l’Istiqlal a multiplié les signes de bonne volonté, se déclarant prêt à entrer au gouvernement sans se faire prier. Comme s’il s’agissait de faire plus vite que les concurrents.

Ce lundi 17 octobre, le bureau politique de l’USFP et le comité exécutif de l’Istiqlal se sont réunis conjointement au siège de ce dernier. L’objectif était d’expliquer à l’opinion interne et externe, que les deux formations étaient prêtes à y aller, “dans l’intérêt du pays où il y a tant de problèmes à régler, et pour défendre la démocratie, dans le droit fil de la mémoire des chouhada (martyrs) et de l’action du Mouvement national“. Vidéo ci-dessous à l'issue de la réunion, avec les déclarations de Lachguar et de Chabat:

A 19h00, Hamid Chabat n’a eu besoin de parcourir que quelques centaines de mètres pour se rendre au siège du PJD où Benkirane l’a reçu les bras ouverts.

Dans la foulée, le comité exécutif de l'Istiqlal s'est réuni, a écouté le compte rendu de son secrétaire général, puis a décidé de convoquer le Conseil national en session extraordinaire le samedi 22 octobre, pour prendre une position finale.

Benkirane avait exprimé le vœu de reconstituer la koutla (PPS, USFP et PI) et d’en faire désormais partie. Une koutla où il détiendrait le leadership. L’Istiqlal et l’USFP viennent de lui donner raison. Tout ce beau monde entend isoler les quatre partis restants, que Chabat a désigné péjorativement, ce lundi, sous l'appellation de partis administratifs ou de l'administration.

Il reste le plus dur: le nombre de portefeuilles et de fauteuils pour chacun des deux partis, Istiqlal et USFP. Chabat l’a déclaré devant les dirigeants des deux partis: en 2011, il a mal négocié, seulement six portefeuilles de ministres alors qu’il était classé second aux élections. Le RNI, a-t-il rappelé, a négocié 10 sièges en 2013.

Question aussi: qui sera président de la Chambre des représentants? Car cela aussi se négocie.

Quelques fauteuils bien distribués et un secrétaire général en perte de vitesse sauve sa peau. Benkirane sauve Chabat et Lachguar et ces derniers le labellisent “koutla“.

Benkirane dispose d'une bonne marge de manoeuvre

La journée de lundi avait commencé avec la rencontre Benkirane-Laensar. Ce dernier, accompagné du numéro 2 du Mouvement Populaire Said Ameskane, a été reçu au siège du PJD à Rabat et a confirmé que son parti est prêt à entrer au gouvernement, sous réserve des conditions et de l'accord final de ses instances.

Une source sûre au sein du MP nous a confirmé que la tendance générale est à la participation mais que le parti demandera un ministère du monde rural ainsi qu'une répartition différente des portefeuilles. Laensar va convoquer le Conseil national du parti pour une décision finale (vidéo de sa déclaration à la sortie de la réunion):

Le PPS convoque son comité central pour le 30 octobre

Benabdellah a rencontré lundi en début d'après midi le secrétaire général du PJD. Une réunion sans surprise. Le Bureau politique du PPS, réuni le soit même comme tous les lundis, a insisté sur la nécessité d'un gouvernement "politique fort et homogène, poursuivant les réformes, sous la conduite sage et éclairée de Sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste. Une charte éthique et politique, un programme de gouvernement sont indispensables". La position finale sera prise par le comité central.

Chabat, pressé, ne se fait pas prier

Hamid Chabat, secrétaire général de l'Istiqlal a échangé de chaleureuses accolades avec Abdelilah Benkirane. Il réunit son conseil national dès le samedi 22 octobre.

A l'issue de sa réunion avec Benkirane, aussi bien dans ses déclarations que dans le communiqué officiel de son comité exécutif, il a indiqué que les prochaines réunions seront consacrées à définir le contour du prochain gouvernement; en d'autres termes, il sera question de portefeuilles.

Ceux qui ont dit oui (ou oui mais...)

Au final, Benkirane peut jouer sur un accord presque certain des formations suivantes: PPS, Istiqlal, USFP, MP. Avec le PJD, cela fait 5 partis et une majorité confortable de 230 sièges.

Sans l'USFP, cela ferait 210 sièges pour un besoin arithmétique de 198.

Sans le MP, cela ferait une majorité plus étriquée: 203 sièges.

Rappelons les scores de chacun:

PJD 125, PPS 12, USFP 20, MP 27, Istiqlal 46.

Les vraies discussions, précises et concrètes, commenceront lorsque tous les partis auront leurs instances. C'est-à-dire début novembre.