Mostafa Chanaoui (FGD): “La clé de notre programme, c'est l’éducation”

Mostafa Chanaoui, syndicaliste CDT, a été désigné tête de liste de la Fédération de la gauche démocratique dans la circonscription d’Anfa à Casablanca. Selon lui, le programme de la FGD représente la seule alternative crédible aux partis traditionnels de gauche et à la coalition gouvernementale. 

Mostafa Chanaoui (FGD): “La clé de notre programme, c'est l’éducation”

Le 7 septembre 2016 à 16h57

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

Mostafa Chanaoui, syndicaliste CDT, a été désigné tête de liste de la Fédération de la gauche démocratique dans la circonscription d’Anfa à Casablanca. Selon lui, le programme de la FGD représente la seule alternative crédible aux partis traditionnels de gauche et à la coalition gouvernementale. 

Médias24: Vous êtes un des membres fondateurs de la Fédération de la gauche démocratique.

Mostafa Chanaoui: J’ai effectivement participé à l’intégration des trois partis de gauche (PSU, PADS, CNI) à la FGD. Membre actuel du PSU, je viens de ce que certains appellent à tort la famille de l’extrême-gauche.

-Vous n’avez jamais cru aux partis traditionnels de gauche que sont l’USFP et le PPS?

-Mes camarades et moi-même avions une approche plus radicale que celle de l’USFP et du PPS. Nous considérions que ces partis dits de gauche étaient trop accommodants avec le pouvoir de l’époque.

-Avant la création de la FGD, le PSU est lui-même le fruit d’une fusion de plusieurs micro-partis?

-Il faut rappeler qu’avant de prendre le nom de parti socialiste unifié (PSU) en 2005, nous nous appelions la gauche socialiste unifiée (GSU) qui a été créée en 2002. C'était notre première fusion.

Elle a regroupé quatre formations de gauche à savoir l’OADP (ex 23 mars), le mouvement des démocrates indépendants, le mouvement pour la démocratie et de ce que l’on appelait le groupe des sensibilités, c'est à dire des personnes issues de différents courants de gauche autre que les 3 premières formations que j'ai cité.

La GSU a été le 1er et seul parti du pays à accepter un mécanisme par courants. C'est un moyen pour gérer les différences de points de vue et de positions entre militants tout en sauvegardant l'unité du parti. En 2005, le GSU a opéré une duxième fusion avec le mouvement "fidélité à la démocratie" issu de l'USFP et dirigé par Mohamed Sassi.

-Comment décririez-vous la Fédération de la gauche démocratique?

-Créée en 2007, son nom d’origine est l’alliance des partis de gauche qui regroupait trois partis  que sont le PSU, le PADS (parti d’avant-garde démocratique socialiste, issu d’une scission avec l’USFP en 1983), le CNI (congrès national ittihadi sorti également du parti de la rose en 2000).

Cette alliance qui était provisoire au départ s’est transformée en une fédération qui au regard de notre convergence d’idées et de valeurs, devrait déboucher, à terme, sur une fusion totale.

-Que pensez-vous de l’hémorragie qui frappe les rangs de l’USFP?

-Ce phénomène n’est pas nouveau car ce parti a connu plusieurs scissions consécutives à des divergences internes sur sa participation aux élections ou sur le contenu de sa ligne politique.

Du côté du PSU et de la FGD, nous avons choisi de gérer les différences par le mécanisme des courants pour éviter ces cas de figure.

Je crois que les dirigeants de l’USFP n’ont pas laissé de marge de manœuvre aux courants contestataires qui ont préféré s’en aller. Ceci dit, nous avons tous besoin les uns des autres pour construire notre ambition de créeer un grand parti de gauche..

-Est-ce que le PPS fera partie de cette ambition et que pensez-vous de son bilan gouvernemental?

-Je préfère ne pas me prononcer mais je peux dire que nous ne comprenons pas sa participation à ce gouvernement dirigé par un parti islamo-conservateur. La religion ne doit pas interférer dans la politique, ce sont deux choses complètement distinctes.

Pour nous, le PPS n’a instauré aucune mesure de gauche digne de ce nom. Son alliance avec le PJD l’a discrédité auprès des électeurs de gauche qui se sentent perdus par cette alliance contre-nature.

-Pour le scrutin, la FGD ne vise pas les électeurs de gauche mais le réservoir d’abstentionnistes?

-Evidemment, car selon le type d’élection, ils représentent entre 50% et 75% du corps électoral. Si des sympathisants de gauche ou même d’autres partis votent pour nous, la FGD est preneuse mais nous essayons avant tout de rallier l’énorme réservoir de gens qui refusent de se rendre aux urnes.

-Pourquoi iraient-ils voter pour vous au lieu d’autres partis?

-Notre projet de société et la clarté de notre discours et le fait que nous n’ayons jamais participé à un gouvernement, donc nous ne pouvons êtes tenu comptables du bilan. De plus, la FGD gère plusieurs communes urbaines et rurales où les citoyens ont constaté un engagement militant et social. Contrairement à d’autres, nos élus ne profitent pas des avantages afférents aux postes et ont initié la reddition des comptes

-Quelles sont les priorités économiques de votre programme électoral?

-Nous nous basons sur cinq ou six axes pour instaurer une vraie politique sociale.

L’enseignement est la base de notre programme car il influe directement sur le degré de développement d’un pays. Nous avons besoin d’un débat de fond car jusqu’ici, on s’est contenté de simples retouches.

Au niveau de la santé, force est de constater que ce secteur n’a jamais été une priorité pour l’Etat. Son budget plafonne à 5% du budget de l’Etat alors que l’OMS recommande un taux de 10%.

Nous disposons de 56.000 professionnels de santé public et si on ajoute ceux du secteur privé nous arrivons à un chiffre de 70.000 professionnels pour une population de 37 millions de personnes. A titre d’exemple, la France dispose d’un million de professionnels de santé pour 66 millions d’habitants.

La politique actuelle en matière de logements a remplacé les bidonvilles par des boîtes de sardines où s’entassent des familles entières.

Un grand effort doit être fait pour créer beaucoup de postes d'emploi afin de résorber le chômage galopant et démocratiser la culture qui agonise. Notre programme s’intéresse à toutes ces problématiques.  

-Avez-vous une marge de manœuvre suffisante sachant que les contraintes budgétaires s’accommodent  peu de vos ambitions sociales?

-Plusieurs pays émergeants n’ont pas suivi les directives du FMI ou de la Banque mondiale. Cela ne les empêche pas de participer à l’économie mondiale sans être mis au ban de la communauté internationale. C’est le cas du Brésil, de la Chine mais aussi de pays scandinaves qui ont mis en œuvre des politiques originales basées sur un nouveau modèle de société (égalité, solidarité, répartition des richesses…).

-Comptez-vous lever de nouveaux impôts pour financer ces grands chantiers?

-Non mais nous voulons introduire une politique fiscale plus égalitaire. Les petits salariés constituent actuellement l’essentiel des prélèvements fiscaux alors que  certaines entreprise arrivent à échapper à tout impôt. L’économie informelle grandissante peut aussi élargir l’assiette fiscale.

Les Marocains peuvent accepter une politique d’austérité sur une durée limitée s’ils voient que tout le monde met la main à la poche. L’équité c’est quand tout le monde participe à des sacrifices et pas uniquement ceux qui vivent dans la précarité.

Notre programme contient 60 pages de propositions pour un nouveau modèle de société.

-Avez-vous prévu de nationaliser certaines entreprises privées?

-Nous préférons parler du renforcement de l’engagement étatique dans certains secteurs-clés. L’Etat doit être la locomotive en matière économique comme il l’a été dans le passé.

La faillite de la Samir prouve que certains secteurs stratégiques ne doivent pas être offerts au privé.

-Etes-vous optimiste dans votre circonscription d’Anfa et au niveau national?

-Tout comme mon collègue, Omar Balafrej, j’espère que nous décrocherons entre 15 et 20 sièges.

Nous faisons de notre mieux pour pousser les gens à aller voter car si l’abstentionnisme persiste, ce pays ne changera jamais. 

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