Le visage hideux du cannabis

Les défenseurs de la légalisation du cannabis mettent en avant, entre autres, ses vertus thérapeutiques. Ses pourfendeurs, en revanche,  campent sur l'argument du risque sanitaire avéré, auquel Médias24 consacre ce quatrième volet du dossier " Le cannabis". 

Le visage hideux du cannabis

Le 31 août 2016 à 15h59

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

Les défenseurs de la légalisation du cannabis mettent en avant, entre autres, ses vertus thérapeutiques. Ses pourfendeurs, en revanche,  campent sur l'argument du risque sanitaire avéré, auquel Médias24 consacre ce quatrième volet du dossier " Le cannabis". 

Dans son rapport 2014, l'Observatoire national des drogues estimait à 800.000 le nombre d'usagers de drogue au Maroc, dont 95% de consommateurs de cannabis. Cela en fait la drogue la plus consommée du Royaume et un problème de santé publique. Et pour cause, si ses vertus thérapeutiques restent encore sujets à controverse, l'existence des effets nocifs du cannabis fait l'unanimité.

Mais faut-il d’emblée "souligner que tout usage de cannabis ne devient pas nécessairement problématique: chez la plupart des expérimentateurs, la consommation de cannabis demeure modérée et limitée dans le temps", précise Ivana Obradovic, directrice adjointe de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies OFDT.

Toutefois, le risque d'usage problématique existe bel et bien. D'autant que l’utilisation actuelle du cannabis "est bien éloignée de l’usage traditionnel qui en était fait. Les formes de présentation et les modalités d’utilisation défient l’imagination et les concentrations sont de plus en plus importantes lors d’un seul usage", souligne-t-on du côté du Centre antipoison du Maroc (ministère de la Santé), surtout que l'accès à cette drogue est favorisé par la présence de produits de plus en plus bon marché.

Les dommages liés à la consommation du cannabis sont assez variables, selon les forme du produit (herbe, résine, huile). Et sa concentration en tétrahydrocannabinol THC, la molécule active du cannabis, responsable de ses effets psychoactifs. Mais aussi la fréquence et la durée de consommation (court ou long terme). Sans oublier "les variations inter-individuelles des effets des cannabinoïdes" qui sont elles‐mêmes importantes, les réactions au cannabis étant différentes d'un individu à l'autre.

Ainsi, selon l'OFDT, "on peut considérer que l’usage de cannabis est toujours à risque, mais le risque est surtout présent dans certains contextes: consommation avant 15 ans, grossesse, trouble mental associé, conduite de véhicule, usage au travail (en particulier dans les métiers de la sécurité)".

De quels risques parle-t-on?

Consommation à court terme

Perception, attention et mémoire immédiate altérées… la prise de cannabis à court terme peut induire des troubles "susceptibles de perturber la réalisation de tâches telles que la conduite automobile ou le travail scolaire des plus jeunes".

Chez certains individus, elle peut également impliquer des réactions plus violentes (anxiété, crise de panique ou bad trip).  Rien d'irréversible. En moyenne, les effets du cannabis fumé s'estompent au bout d'environ 4 heures. 6 à 8 heures pour le cannabis ingéré (maâjoune ou cake).

Toutefois, même unique, un usage du cannabis peut s'avérer fatal, car il peut "jouer un rôle dans le déclenchement d’infarctus du myocarde pouvant conduire au décès." En effet, le THC augmente la fréquence cardiaque et modifie la tension artérielle après la prise. "Certaines études ont documenté à l’autopsie des taux plus ou moins importants de THC dans le sang, ce qui fait considérer que le cannabis fait partie des facteurs déclencheurs de l'infarctus", indique l'OFDT.

Il existe bel est bien une dépendance au cannabis

A long terme, la science prête au cannabis des effets nocifs, dont le caractère réversible ou non reste à trancher. Mais d'abord, rappelons que le cannabis est une drogue. Il est donc, par définition, addictif, bien qu'il le soit moins que l'alcool ou la cocaïne. Mais il peut l'être tout autant, quand il est associé - et c'est souvent le cas - à des substances comme la nicotine dans les joints.

"Si le risque de dépendance physique (mesuré par le degré de tolérance à l’absence de produit et les syndromes de manque) est minime, voire inexistant, il peut en revanche exister un risque de dépendance psychique (qui se manifeste par des préoccupations centrées sur la recherche, l'achat et la planification des consommations et des symptômes légers de sevrage: crampes ou insomnies), à long terme et en cas de consommation répétée ou régulière", note l'OFDT, citant la littérature internationale en la matière.

Le QI en décrépitude

Publiée en 2012, une étude menée par des scientifique néo zélandais et anglo-saxons avait fait sensation, en postulant ce qui suit: Une consommation régulière et prolongée de cannabis, commencée à l'adolescence, peut entraîner une altération du quotient intellectuel de l'ordre de 8 points.

Cela est considérable, car les personnes concernées peuvent, à leur adolescence ou à la vingtaine, être désavantagées par rapport à leur semblables du même âge. Avec les conséquences que cela implique (accès aux études supérieures, emploi, revenus). Ce constat est d'autant plus crédible lorsqu'on prend en compte d'autres effets liés à la consommation régulière du cannabis, à savoir les troubles de la mémoire, de concentration ou encore le manque de motivation.

Sur ce dernier point, nous citerons ce que la psychiatrie appelle «syndrome amotivationnel», "qui se caractériserait par une perte d’intérêt généralisée et une apathie, associées à une fatigabilité importante et à une perte d’énergie, à des troubles de la concentration retentissant sur le niveau de fonctionnement socioprofessionnel, voire sur la capacité à poursuivre les activités de base, telles que le maintien d’une hygiène personnelle" explique l'OFDT, dans son étude sur les "Risques, conséquences et effets liés aux usages de cannabis."

Cancérogène?

Les cancers du poumon ou de la gorge sont plus précoces chez les consommateurs de cannabis réguliers (10 joints par mois selon l'OFDT). La fumée du cannabis contient plus de substances cancérigènes et de goudron que celle du tabac.

Le cannabis est également associé à un risque de 3,4 pour toute utilisation au cours de la vie et de 3,3 pour une utilisation exclusive (sans tabac) pour le cancer de la vessie. " Un risque semblable de cancer de la prostate et plus faible de cancer du col utérin a été retrouvé dans une étude de cohorte américaine", selon l'OFDT.

Les effets respiratoires sont semblables à ceux du tabac. Ils se "traduisent par une toux et expectoration, une inflammation des voies respiratoires et une modification de la croissance des cellules bronchiques pouvant mener à une bronchite chronique ou au cancer."

Effets sur la capacité de conception

Chez la femme, la consommation régulière de cannabis entraîne des perturbations du cycle et de la qualité d'ovulation. Il existe aussi un risque accru de kystes de l’ovaire. Les études évoquent également le risque "d’infertilité (impossibilité à concevoir) pour les femmes ayant consommé du cannabis dans l’année précédant la tentative de conception, sans parler des possibilités de fausses-couches et de grossesses extra-utérines."

"Chez les hommes, cela entraîne une diminution de la production de sperme, de la mobilité des spermatozoïdes et de leur durée de vie ", indique l'OFDT. 

Lire également les précédents articles de notre série:

Le visage "vertueux" du cannabis

Petit lexique du cannabis

Les chiffres clés du cannabis au Maroc

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