Le retour du Maroc à l’UA en 7 questions-réponses

On s’achemine vers 36 pays au moins demandant la suspension des séparatistes de l’Union africaine. La bataille n’est pas terminée. Le retour du Maroc est une formalité. Il reste à expulser ou geler la participation du polisario.

Le retour du Maroc à l’UA en 7 questions-réponses

Le 19 juillet 2016 à 10h57

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

On s’achemine vers 36 pays au moins demandant la suspension des séparatistes de l’Union africaine. La bataille n’est pas terminée. Le retour du Maroc est une formalité. Il reste à expulser ou geler la participation du polisario.

Voici en 7 points, un éclairage sur la situation.

1-De 1984 à 2016, le contexte a changé.

Le Maroc a quitté l’OUA en novembre 1984, suite à l’admission par le secrétaire général de l’époque Edem Kodjo, de la “rasd“.

En 2002, l’Union Africaine UA se substitue à l’OUA.

L’Afrique en général monte en puissance sur le plan économique et humain. Sur le plan politique, l’UA est devenue une organisation de plus en plus influente et crédible. Elle est parfois instrumentalisée contre le Maroc, qui en est absent, comme lorsqu’elle tente d’envoyer une commission d’enquête au Sahara.

Cela fait trois ou quatre ans que le Maroc sait que son retour est inéluctable et que la politique de la chaise vide devient contre-productive. Depuis deux ans, le Maroc est entré dans la phase opérationnelle de préparation de son retour, qui a été envisagé pour 2015 au départ, avant d’être reporté à 2016.

En soi, la question du retour ne pose aucun problème, ni politique, ni technique, ni juridique. La vraie question, c’est qu’il s’agit de revenir par la grande porte (ce qui a été fait). Et surtout, quid du polisario?

2-Le déroulement des événements.

Vendredi 15 juillet au soir, une forte délégation marocaine se trouve à Kigali, capitale du Rwanda, qui abrite le sommet.

Le sommet s’ouvre le dimanche 17 juillet. Entretemps, les contacts discrets se multiplient dans la capitale rwandaise où les délégations de haut niveau continuent d’affluer.

Nous attendons l’annonce officielle marocaine qui tarde. Dimanche en fin de journée, c’est un message du Roi qui est diffusé par la MAP. Il a été remis au président en exercice, le Tchadien Driss Déby.

Le message royal annonce la volonté du Maroc de reprendre sa place au sein du cénacle panafricain et demande que l’injustice relative à l’admission des séparatistes soit réparée.

Le lendemain, jour de clôture du sommet, la matinée est consacrée au gros problème de l’élection à la tête de la Commission de l’UA. L’après-midi à la clôture.

Ali Bongo, le président gabonais, fait circuler une motion saluant le retour du Maroc et demandant le départ de la “rasd“. Selon une source marocaine autorisée présente à Kigali, la motion a recueilli 28 signatures, la majorité simple pour l’acceptation de la demande marocaine. Surtout, notre source précise qu’au moins 36 pays, probablement davantage, soutiennent et soutiendront le contenu de cette motion et voteront s’il y a lieu en faveur d’un départ de la “rasd“.

3-Quelle procédure contre la “rasd“?

 Toute la question est là. L’acte constitutif de l’UA ne prévoit pas de procédure d’expulsion.  Mais uniquement de suspension ou de gel dans certaines conditions. On peut également penser que l’assemblée des chefs d’Etat est souveraine.

Les sources autorisées ou informées marocaines sont très discrètes sur le sujet. On peut aussi penser qu’il y a une stratégie tenue secrète ou éventuellement plusieurs options.

Ce qui est certain, c’est qu’une source autorisée marocaine a déclaré à Médias 24 que le Maroc “n’acceptera pas de siéger à côté du polisario“ et qu’une autre (autorisée également) nous a affirmé que “lorsque le seuil de deux tiers de demandes (36 signatures) sera atteint, cela aura des répercussions“.

Une troisième source informée marocaine estime que “lorsque le seuil fatidique des deux tiers sera atteint, l’UA sera mise devant ses responsabilités“. Le Président du Sénégal Macky Sall évoque dans une déclaration à Jeune Afrique la nécessaire conformité au droit international.

La procédure d’admission du Maroc est maintenant lancée et elle constitue une formalité. Mais que se passera-t-il lorsque le Maroc sera admis et que la participation du polisario ne sera pas (encore) suspendue? Le Maroc siègera-t-il ou boycottera-t-il?

4-Sur le plan de la procédure, le Maroc a ratifié l’Acte constitutif de l’UA en accompagnant cette ratification de réserves: “son adhésion à l’Union ne peut être considérée ou interprétée, de quelle que manière que ce soit, comme une reconnaissance de la "rasd" ou comme une acceptation de fait accompli illégal découlant de sa participation aux réunions de l’UA“.

5-Le retour peut donc être considéré comme le premier pas pour corriger l’aberration de la présence de la “rasd“. A ce stade, il est permis de penser que le Maroc siègera dès le sommet d'Addis Abeba en janvier prochain, ce que nous confirme une source officielle marocaine.

Et surtout que le Maroc occupera son siège, pour oeuvrer de l'intérieur à obtenir la suspension de la "rasd".

Brahim Fassi Fihri, président du think tank Amadeus et excellent connaisseur du dossier, estime dans un article mis en ligne de mardi matin 19 juillet, que le Maroc peut recourir à deux mécanismes:

*soit l'article 30 de l'acte constitutif qui ne précise pas le nombre de voix requis mais le lie aux prises de pouvoir anticonstitutionnels.

*soit l'article 7 de l'Acte constitutif, autorisant l'assemblée à prendre ses décisions, faute de consensus, à la majorité des deux tiers.

Le scénario le plus probable est donc le suivant:

*admission du Maroc actée par la commission dans un délai très proche.

*le MAroc invité en tant que membre au sommet d'Addis Abeba en janvier 2017.

*le Maroc soumet au vote à la majorité des deux tiers, une motion demandant la suspension du polisario.

6-Le retour du Maroc revêt une dimension bilatérale algéro-marocaine évidente. Il suffit de lire la presse algérienne pour s’en convaincre. Les commentaires et analyses sont étonnants et irréalistes.

7-La motion signée par 28 Etats africains, la perspective d’atteindre rapidement le seuil des 36 Etats donnent sa juste dimension au lobby pro-séparatistes. Ce sont quelques Etats, peut-être une dizaine au maximum, qui resteront des soutiens actifs du polisario.

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