Maroc. Le HCP prévoit une aggravation du ralentissement économique

Le HCP estime que le ralentissement économique s’est poursuivi au cours du second trimestre 2016. Après le 1,7% de taux de croissance du PIB figurant dans l’arrêté des comptes nationaux établi par le Haut commissariat au Plan, il s’agit cette fois-ci d’une évaluation sur la base d’une enquête de conjoncture.

Maroc. Le HCP prévoit une aggravation du ralentissement économique

Le 1 juillet 2016 à 11h56

Modifié 1 juillet 2016 à 11h56

Le HCP estime que le ralentissement économique s’est poursuivi au cours du second trimestre 2016. Après le 1,7% de taux de croissance du PIB figurant dans l’arrêté des comptes nationaux établi par le Haut commissariat au Plan, il s’agit cette fois-ci d’une évaluation sur la base d’une enquête de conjoncture.

+1,7% au 1er trimestre (chiffre arrêté), +1,4% au second trimestre, +1,2% au troisième trimestre 2016 (estimations): le HCP annonce un ralentissement économique qui s’aggrave de trimestre en trimestre.

Les chiffres T2 et T3 sont ceux de la note de conjoncture du HCP, publiée ce 1er juillet et qui sont évalués sur la base des études d’informations économiques, monétaires et financières recueillies par cette institution.

Selon ces estimations, l’économie nationale a progressé de 1,4%, au deuxième trimestre 2016, en variation annuelle, au lieu de +1,7% un trimestre auparavant.

Ce ralentissement est principalement, attribuable au repli de 12,1% des activités agricoles, alors que hors agriculture, la valeur ajoutée a progressé de 2,5%, en variation annuelle.

Les activités non agricoles devraient poursuivre leur affermissement au troisième trimestre 2016, au rythme de 2,4%, portées essentiellement par une amélioration de la production des branches tertiaires.

Compte tenu d’une baisse de la valeur ajoutée agricole de 13,2%, l’économie nationale devrait ainsi réaliser une croissance de 1,2%, au troisième trimestre 2016, au lieu de +4,1% une année plus tôt.

>Une conjoncture extérieure plus favorable au deuxième trimestre 2016

Le climat des affaires dans les économies avancées s’est légèrement amélioré au deuxième trimestre 2016 et la croissance devrait atteindre 2%, en rythme annualisé, au lieu de +1,6% un trimestre auparavant.

L’activité des pays émergents a été relativement plus dynamique, notamment en Chine, où la croissance a atteint 6,8%, au lieu de +4,4% un trimestre plus tôt.

En Russie, la croissance s’est stabilisée et l'inflation a nettement reflué, dans un contexte d'une dépréciation moins importante du rouble face au dollar. En Inde, en Turquie et dans les pays d’Europe centrale et orientale, la croissance a continué à s'améliorer, tirée par la demande intérieure.

Le commerce mondial de biens s’est redressé de 2,2% au deuxième trimestre 2016, suite à la reprise des importations des économies émergentes, surtout asiatiques, après avoir reflué un trimestre plus tôt. En ligne avec l'évolution du commerce mondial, la demande étrangère adressée au Maroc s’est orientée en hausse de 3,3%, en glissement annuel, profitant de la reprise des importations des pays de la zone euro, en particulier de l'Espagne.

Au niveau national, les exportations de biens, en hausse estimée à 1% au deuxième trimestre 2016, ont pâti de la baisse, en valeur, des expéditions des “phosphates et dérivés“ dans un contexte de reflux des cours mondiaux des dérivés phosphatés (DAP et TSP).

Hors phosphates et dérivés, les exportations ont augmenté de 6,3%, profitant de l’orientation favorable de la demande extérieure pour le secteur automobile, notamment pour le segment de la construction et dans une moindre mesure, pour le secteur aéronautique et celui du textile et cuir.

Les importations se sont, en revanche et selon les estimations, inscrites en baisse de 3,8%, sous l'effet du repli, en valeur, des produits énergétiques dans un contexte d'accalmie relative des prix mondiaux, malgré la hausse des achats en tonnage des gasoils et fuels, du gaz de pétrole et autres hydrocarbures, en vue de compenser la suspension temporaire des importations de pétrole brut.

Hors énergie, les importations ont été tirées par les acquisitions des biens d’équipement (parties et pièces détachées pour véhicules industriels, machines et appareils divers, moteurs à pistons et voitures industrielles), de consommation (voitures de tourisme et médicaments), des demi-produits (matières plastiques, papier et carton) et des produits alimentaires.

Le déficit de la balance commerciale s’est probablement, ainsi, allégé, au deuxième trimestre 2016, de 10,2%, en glissement annuel et le taux de couverture s'est amélioré de 2,8 points, pour atteindre 59,9%. Hors automobile, ce taux atteint 44,2%.

Léger ralentissement de la demande intérieure

Toujours dans les estimations, la demande intérieure privée a continué son ralentissement au deuxième trimestre 2016. 

La consommation des ménages a pâti d’une légère reprise des prix à la consommation (+1,9%, au lieu de +1% un trimestre plus tôt) et de la faiblesse de l’emploi rémunéré. Toutefois, l’amélioration de 4,2% des transferts des MRE et de 4,6% des crédits à la consommation, a soutenu la hausse des dépenses des ménages de 2,4%, en variation annuelle, au lieu de +2,7% au premier trimestre.

Cette progression a plutôt profité aux importations de biens de consommation, dont la hausse s’est établie à 18,8%, au deuxième trimestre 2016.

L’investissement productif a affiché un accroissement de 4,2%, en variation annuelle, au lieu de +5% un trimestre auparavant. Cette évolution a été particulièrement attribuable à la lente reprise des investissements en construction, en ligne avec la poursuite de la baisse des crédits adressés aux promoteurs.

L’investissement en produits industriels a, en revanche, poursuivi sa tendance haussière, dans le sillage du renforcement de 33% des importations de biens d’équipement et d’une progression de 4% du flux des crédits accordés à l’équipement.

 

Stagnation du rythme de croissance des activités hors agriculture

Le mouvement de reprise des activités non-agricoles amorcé en fin 2015 s’est essoufflé au premier semestre 2016.

En variation annuelle, le rythme de progression de la valeur ajoutée hors agriculture n'a pas dépassé 2,5%, au deuxième trimestre 2016, au lieu de +3% au quatrième trimestre 2015. Les activités tertiaires ont continué de soutenir la croissance non agricole, grâce à la résilience des activités du commerce et de la communication.

Au sein des branches secondaires, les industries manufacturières ont été la composante la plus dynamique, affichant une légère accélération de leur rythme de croissance.

C’est ainsi qu’après avoir réalisé un accroissement de 2,9%, au premier trimestre 2016, la valeur ajoutée industrielle a progressé de 3,2%, au deuxième trimestre 2016, en variation annuelle. Cette évolution a été sous-tendue par les bonnes performances des branches de l’agroalimentaire, des IMME et de la “chimie et parachimie“, dont les progressions ont atteint, respectivement, 4,3%, 5,3% et 4,5%, en variations annuelles.

En revanche, les industries extractives ont affiché une sensible inflexion de leur dynamique de croissance au cours du deuxième trimestre 2016. En variation annuelle, leur valeur ajoutée a crû de 1,1%, au lieu de +7% au premier trimestre. Ce ralentissement incombe à la décélération de l’activité dans la branche des minerais non métalliques, qui reflète davantage un rééquilibrage de la production du phosphate brut, après une hausse de 10,2% au premier trimestre, dans un contexte de poursuite du reflux des cours internationaux des engrais phosphatés et de la reprise, encore modérée, du commerce mondial des fertilisants.

Les activités de construction se sont améliorées de 1,4%, au deuxième trimestre 2016, en variation annuelle, après avoir progressé de 2,3%, un trimestre auparavant.

Cette inflexion du rythme de croissance est attribuable au manque de dynamisme du marché immobilier; les transactions immobilières s’étant repliées de 1,1% au 1er trimestre 2016, par rapport à la même période de l’année précédente.

En conséquence, la demande adressée au secteur de la construction est restée atone, comme le confirment les anticipations des chefs d’entreprises, collectées dans le cadre de la dernière enquête de conjoncture du HCP, ayant attesté du prolongement de l’évolution au ralenti des carnets de commande, avec une atténuation de la baisse des prix de vente, notamment au niveau du bâtiment.

S’inscrivant dans la même trajectoire, l’activité électrique a décéléré au deuxième trimestre 2016, affichant une hausse de 1,2%, en variation annuelle, au lieu de +2% au premier trimestre. Cette évolution a été, notamment, le fait d’une régression de la production des centrales hydrauliques et thermiques à base de carburants, conjuguée à une amélioration modérée de celle des centrales thermiques concessionnelles à base de charbon.

Poursuite du repli de la production agricole

Les activités agricoles se sont, selon les mêmes estimations contractées de 12,1%, en variation annuelle, au deuxième trimestre 2016, après avoir régressé de 9% au premier trimestre.

La production végétale a sensiblement fléchi, suite à une baisse de 71% et 58%, respectivement, des récoltes des trois principales céréales et des légumineuses.

Hors céréales et légumineuses, la production des cultures a mieux résisté aux effets du déficit pluviométrique estimé, à fin mai 2016, à près de 48%, en comparaison avec la même période d’une année normale.

Les récoltes de l’arboriculture et des cultures industrielles, notamment le tournesol et la betterave à sucre, ont connu une croissance sensible, amplifiée par une hausse de leurs prix intérieurs.

Les prix des maraîchères de saison se sont, également, appréciés, dans un contexte de récoltes tardives, notamment pour la courgette et l’oignon. Dans l’ensemble, les prix des légumes frais ont affiché une hausse de 16,3% au deuxième trimestre 2016.

Dans la filière animale, malgré des signes nets de ralentissement au début de l’année à la suite des contre-performances de la production avicole, la production est restée soutenue, grâce à la résilience de la production laitière et au renforcement des activités d’élevage du gros cheptel, favorisé par le retour quasi-généralisé des pluies printanières et les mesures publiques de soutien des aliments de bétail.  

Globalement et compte tenu des indicateurs collectés jusqu’à fin mai 2016, ainsi que des estimations sectorielles établies pour le deuxième trimestre 2016, la croissance économique nationale s’est donc établie à 1,4%, au deuxième trimestre, au lieu de +1,7%, lors du trimestre précédent.

Poursuite du ralentissement de la croissance économique au troisième trimestre 2016

L’économie nationale poursuivra son ralentissement au troisième trimestre 2016, sous l’effet d’une régression de 13,2% de la valeur ajoutée agricole, en comparaison avec la même période de l’année passée.

La production des cultures continuera de se replier sensiblement, alors que l’apport de la filière animale sera moins soutenu, face à une hausse anticipée des charges des éleveurs liée aux achats des aliments de bétail.

Par ailleurs et dans un contexte marqué par le renforcement des incertitudes liées à un nouveau partenariat entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, après le Brexit et le climat d'attentisme des investisseurs qui pourrait en découler, la demande mondiale adressée au Maroc continuera de progresser au rythme  de 2,8%, en variation annuelle, au troisième trimestre 2016.

Cette augmentation, relativement moins soutenue qu’au deuxième trimestre, continuera à profiter à certains secteurs industriels, comme l’automobile et l'aéronautique.

Dans l’ensemble, la valeur ajoutée industrielle devrait réaliser un accroissement de 3,4%, au troisième trimestre 2016, en variation annuelle. Les activités minières connaîtraient, en revanche, une légère décélération de leur rythme de croissance, en raison d’une demande extérieure peu favorable. Quant aux services, leur valeur ajoutée croîtrait au même rythme que celui enregistré au trimestre précédent, contribuant pour presque la moitié à la croissance économique globale.

Dans l’ensemble, la valeur ajoutée hors agriculture devrait s’améliorer de 2,4%, au troisième trimestre 2016, en variation annuelle, favorisant ainsi une hausse du PIB global de 1,2%, au cours de la même période, au lieu de 4,1% une année auparavant.

Source: HCP. Il est à noter que toutes données relatives au Maroc, au second et au troisième trimestre 2016, sont des estimations.


 

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