Universités, formations, marché de l’emploi: Lahcen Daoudi s’exprime à la veille des examens

ENTRETIEN. Ministre de l’Enseignement depuis janvier 2012, Lahcen Daoudi a pris la mesure des défis de l’Enseignement supérieur, des formations et de leur (in)adéquation au marché de l’emploi.

Universités, formations, marché de l’emploi: Lahcen Daoudi s’exprime à la veille des examens

Le 9 juin 2016 à 10h25

Modifié 9 juin 2016 à 10h25

ENTRETIEN. Ministre de l’Enseignement depuis janvier 2012, Lahcen Daoudi a pris la mesure des défis de l’Enseignement supérieur, des formations et de leur (in)adéquation au marché de l’emploi.

“Maintenant, on gère le quantitatif“. Selon les calculs de Lahcen Daoudi, “le pic des inscrits à l’université est attendu entre 2021 et 2022, un chiffre qui se situe autour de 1.233.500 étudiants“. Pour Daoudi, le Maroc “gère toujours le quantitatif; notre défi est le qualitatif. Nos formations ne sont pas encore satisfaisantes “.

Etablie à moins de 700.000 aujourd’hui, la population estudiantine croît de 11% par an depuis six ans. Il reste plus de cinq ans avant le pic.

Pour cela, Daoudi indique que son département va poursuivre l’amélioration du taux d’encadrement, pour le faire passer sous la barre des 100 étudiants par enseignant et en continuant d’embaucher. «Avant 2011, on embauchait 500 profs par an, en 2016-2017 ce sera 1.500 profs».

Un logiciel pour les bourses en 2017. Les bourses octroyées aux nouveaux inscrits depuis deux ans sont décidées par une commission préfectorale. «Celle-ci n’arrive pas à faire son travail correctement ; elle n’en a pas le temps et du coup, on assiste à des imperfections. Un logiciel de traitement doit être livré aux commissions des bourses en mars 2017».

A la rentrée 2014-2015, le Maroc comptait 18 universités dont 13 publiques, 5.000 étudiants en classes préparatoires et 41 écoles d’ingénieurs, dont 22 publiques

Fraude et accréditations. «Pour la fraude, indique le ministre, le public est mieux immunisé que le privé». Le secteur privé n’est pas encore mûr pour une équivalence totale avec les diplômes du public.

«J’ai demandé aux responsables du privé de me faire des propositions; on n’est pas là pour bloquer; on est là pour travailler ensemble». Daoudi critique le fait que très peu d’établissements privés aient leurs propres enseignants.  Il faut qu’un établissement du supérieur privé ait au minimum  60% d’enseignants à plein temps, avec une majorité de docteurs et une part de masters. Nous ne voulons pas de professeurs qui dépannent dans les matières principales. Celui qui veut la qualité aura la reconnaissance et l’équivalence».

156.000 bacheliers. En septembre prochain, ils seront des dizaines de milliers à rejoindre la formation professionnelle ou l’université. Mais le souci du ministre, «c’est l’abandon des études». «Plus de 60% des inscrits en licence ne finissent pas leur cursus» indique-t-il à Médias 24.

Automobile, aéronautique, big data, Internet des objets. Ce sont les quatre secteurs d’activité qui viennent en premier à l’esprit du ministre qu’on l’interroge sur les formations. «On n’arrive pas à satisfaire la demande dans ces quatre secteurs, malgré les efforts de tous; nous allons continuer. Nous sommes trop longtemps restés sur des formations traditionnelles,» souligne-t-il. «Chez nous, tout vit, rien ne meurt, alors qu’il faudrait faire le ménage de temps en temps», assène-t-il.

Le ministre indique à Médias 24 que son département commence à réunir régulièrement employeurs et formateurs, pour rapprocher l’offre et la demande en emplois du tissu économique.

«Nous ne formons pas assez d’ingénieurs et de techniciens. Nous avons besoin de techniciens en électronique, en technologies 3D, dans l’industrie du verre, les scanners». Lahcen Daoudi estime que la situation de l’emploi restera tendue jusqu’en 2030, pour des raisons de démographie et d’inadéquations entre les formations et l’emploi, le temps de procéder aux multiples ajustements et de constater leurs effets.

Le pic de population estudiantine en 2021-22 donnera lieu quelques années plus tard à un pic de sortie de lauréats fraîchement diplômés et recherchant un emploi.

Langues et mandarin. Parmi les autres formations en déficit que M. Daoudi cite: les profs de langues spécialisés, le droit des affaires en français et en anglais. M. Daoudi indique à Médias 24 qu’un effort particulier va être fait sur le mandarin, en l’enseignant dans les écoles de tourisme progressivement, dès la rentrée prochaine. «Nous travaillons à cela notamment avec l’ambassade de Chine», indique-t-il. Les instituts Confucius de Casablanca et Rabat comptent un petit nombrre de 1.500 inscrits, alors que le Maroc veut accueillir 100.000 touristes chinois en 2020.

Rapprochement avec OCP. M. Daoudi annonce le lancement d’un pôle formation et recherche en chimie à El Jadida, avec l’objectif que sortent du Maroc 50% des brevets dans le domaine des phosphates.

«Notre jeunesse est un défi et une richesse», souligne le ministre. Malgré cela, je préfère notre situation à celle de la Corée du sud aujourd’hui par exemple, qui voit sa population en âge d’aller à l’université baisser de 150.000 jeunes par an.»

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