Portrait. Tarik El Malki, le bon élève de maître Lachgar

Les élections approchent à grand pas, et les partis se lancent à la course aux promesses. C’est à un jeune techno que Driss Lachgar a confié la conception du programme économique du parti en vue des législatives. Réservé, discret, le jeune Tarik El Malki ne recherche pas les lumières des projecteurs, il vise les responsabilités.

Portrait. Tarik El Malki, le bon élève de maître Lachgar

Le 20 mai 2016 à 9h21

Modifié 20 mai 2016 à 9h21

Les élections approchent à grand pas, et les partis se lancent à la course aux promesses. C’est à un jeune techno que Driss Lachgar a confié la conception du programme économique du parti en vue des législatives. Réservé, discret, le jeune Tarik El Malki ne recherche pas les lumières des projecteurs, il vise les responsabilités.

Toujours disposé à faire des heures supplémentaires, il met aujourd’hui toutes ses compétences au service de ce «vieux cadavre à la renverse» qu’est l’USFP pour présenter à Lachgar des propositions économiques alternatives qui lui permettraient de gagner en crédibilité auprès des électeurs marocains.

On présente le Dr El Malki comme un esprit constructif dans les cercles de réflexion universitaire. Nous sommes donc en droit d’espérer que le programme économique de l’USFP ne soit pas l’œuvre d’un illusionniste!

Mise en œuvre d’outils de Mix-policy, élargissement de l’assiette fiscale, réforme de l’IS, introduction progressive de la flexibilité de la monnaie nationale. Rien d’original et cela ressemble en partie à des réformes déjà engagées ou en cours d’élaboration.

Le choix de Lachgar n’est pas fortuit. Minutieux, Tarik El Malki écoute ses aînés, suit leurs recommandations, quitte à sacrifier sa liberté de pensée. C"est une question de style et de tempérament. D’éducation aussi, car Tarik n’est autre que le digne fils de son père, le professeur Habib El Malki, qui préside aujourd’hui à la destinée du conseil national de l’USFP.  

Tarik appelle son père tour à tour «papa» ou «Habib El Malki», selon les situations qu’il évoque, publiques ou personnelles. Comme si cela lui avait été imposé depuis toujours. 

Tarik observe la discipline et accompagne son père dans le village natal de Bejaad, un peu perdu dans les champs et la  rase campagne.

Le terrain de jeu de Tarik, c’est son quartier chic du Souissi, où il a réussi à décrocher un siège lors des dernières élections communales au nez et à la barbe de ceux qui estimaient qu’il n’était pas fait pour la chose locale. Trop techno, trop intello, trop bobo…

Pendant la campagne, Tarik incarnera ses mots, expliquera son histoire, fera la pédagogie de ses idées, le tout dans un discours cartésien avec un zeste d’émotions. Au final, deux sièges dans l’arrondissement du Souissi, cela ne pèse pas bien lourd, dans les affrontements entre le PJD et le PAM.

Au sein de son parti, Tarik participe au débat d’idées, «fayote» un peu avec les membres du bureau politique et surtout il ne gêne pas le premier secrétaire de la Chabiba, Abdellah Sibari, ce benêt, qui s’est laissé entortiller par le polisario en Albanie et qui s’en mord les doigts-après s'être fait taperdessus. C'est une affaire que Tarik El Malki n’hésitera pas à qualifier, sur sa page Facebook, de «bourde monumentale». Non, ces deux là ne jouent pas dans la même cour. Les meetings en provinces, les slogans partisans et la «bissara pour tous», trop peu pour El Malki junior.

Tarik a la politique politicienne en horreur, il a toujours laissé à d’autres les effets de manche, les petites phrases assassines et les coups d’épée dans l’eau.

Pas un mot plus haut que l’autre, pas de familiarité avec l’extérieur.

Voilà qui le change des autres socialistes, toujours prêts à discuter, jouant la proximité immédiate, les embrassades et les accolades.

Tarik, lui, trace sa route. Et tout semble lui réussir: un parcours académique brillant et une place au soleil au sein de son parti. Tarik est «du bon côté de la barrière».

Et qu’importe qu’à force de vouloir plaire, Tarik en devienne trop lisse. Qu’importe au final qu’il soit légèrement incolore et inodore, puisqu’à la lutte des classes, on préfère désormais la lutte des places.

Il n’y a que quelques fâcheux pour crier au népotisme. Des jaloux ! Des mal-pensants! Occupé à produire ce qui sera la ligne économique du parti, Tarik les ignore.

Le jeune intello s’impose aussi grâce à son implication et ses relais au sein de l’Alliance progressiste, structure internationale rassemblant les partis sociaux-démocrates du monde entier et qui se réunit-non pas pour parler de lutte des classes, comme son ancêtre l’Internationale socialiste-mais bien de croissance inclusive et de travail digne.

Social-démocratie, social-libéralisme, pour Tarik El Malki la frontière n’est pas claire, et après tout les idéologies il n’en a que faire. Il faut dire que le jeune homme voue une admiration sans bornes à son aîné qui émerge de l’autre côté de la Méditerranée, Emmanuel Macron. Comme lui, Tarik estime que le seul clivage valable est entre modernistes et conservateurs. Et comme lui, il aimerait se mettre «En marche!», et rapidement.

Pour cela, il parle (très) rarement de son propre mérite, mais n’oublie jamais de dire tout le bien qu’il pense de son premier secrétaire, Driss Lachgar.

Alors que le mandat de ce dernier touche à sa fin, ils ne sont plus très nombreux ceux manifestent à Lachgar tout le respect que l’on doit au chef d’une grande-famille politique.

pCadré, discipliné, Tarik reste fidèle à un remier secrétaire en chute libre dans les sondages et dont l’image auprès des Marocains est sérieusement-fatalement?- écornée. Sans s’en rendre compte, Tarik lie son avenir politique au destin des éléphants socialistes. Pour le meilleur ou pour le pire?

Attentif à bien faire, appliqué, particulièrement doué pour faire le «service après vente» de son parti sur les réseaux sociaux, le jeune prof’ se coule dans tous les habits que Lachgar veut bien lui prêter.

En bon petit soldat, il veut désormais compter dans le dispositif socialiste. Pour cela, il tente par tous les moyens de se faire un prénom.

El Malki junior ne le dit pas, mais il convoite secrètement un maroquin ministériel. Peut-être celui de Mamoun Bouhdoud ou pourquoi pas, le Commerce extérieur.

Son leitmotiv? Réconcilier les entreprises avec le socialisme. Qu’importe si le prix à payer pour devenir ministre est de se fondre dans le costume de «hussard de Lachgar».
La politique n’est pas qu’une affaire de chiffres et de statistiques, alors Tarik s’amuse aussi à se battre pour les bonnes causes! Au nom de la Rose! Rajeunissement de la scène politique, lutte contre la corruption, abolition des inégalités en matière d’héritage. Et même la fin du cumul des mandats électifs, qui pourtant ne fait pas l’unanimité au sein des rangs socialistes. Il le sait, c’est une petite audace de sa part, il ne s’en permet pas beaucoup et au final, personne ne lui en tiendra véritablement rigueur.

Chez les El Malki, on sait que la politique transperce, transforme, prend le pas sur l’humain, le croque tout cru, à pleines dents. Chez les El Malki, on sait mieux que quiconque que la politique engage, fabrique de la passion collective, mais abîme, déforme aussi.

On sait le poids des intrigues, des manœuvres et des petits arrangements. On retrouve chez Tarik les ravages de la politique, ces mêmes ravages qu’on retrouve chez tous les enfants d’hommes politiques, si souvent brisés, laminés, par une force que le commun des mortels ne saisit et ne maîtrise guère. La gymnastique quotidienne de Tarik est de ne pas renier son origine, mais- surtout -d’éviter de la revendiquer!

Ses yeux, ses manières, ses gestes, tout traduit chez Tarik sa distance. Malgré les beaux diplômes, on a du mal à déchiffrer «l’érudition épanouie» du jeune homme, celle qui lui permettrait de jouer les premiers rôles.

Tarik fermé? Verrouillé à double tour? Le jeune élu n’est pourtant pas un tueur, c’est un vrai gentil.
L’allure froide, le regard glacial, le ton détaché, une posture timide, Tarik révèle rarement sa face cachée, celle d’un homme généreux et passionné. Celle d’un homme qui a le cœur à gauche et qui vibre pour des valeurs auxquelles il croit depuis toujours.

Naïvement, certes, mais sincèrement.

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