Police-secours, caméras, brigades d'intervention: la touche Hammouchi à la DGSN

Une réforme majeure de la DGSN (Direction générale de la sûreté nationale) a été lancée il y a une année. On commence à en voir les premiers résultats, mais elle ne produira son plein effet que dans quelques années, car la mission n’est pas facile.

Police-secours, caméras, brigades d'intervention: la touche Hammouchi à la DGSN

Le 15 mai 2016 à 15h07

Modifié 11 avril 2021 à 1h04

Une réforme majeure de la DGSN (Direction générale de la sûreté nationale) a été lancée il y a une année. On commence à en voir les premiers résultats, mais elle ne produira son plein effet que dans quelques années, car la mission n’est pas facile.

>A quoi sert la police? Il est impossible d’évaluer le travail de cette institution, sans répondre à cette question. En 2016, ses objectifs ne sauraient être ceux du siècle dernier. Aujourd’hui, les paramètres dominants de la vie publique s’appellent démocratie, réseaux sociaux, nouveau concept d’autorité, communication, transparence, moralité… La police ne peut y échapper.

Le 15 mai 2015, le Roi Mohammed VI nommait Abdellatif Hammouchi à la tête de la DGSN. Abdellatif Hammouchi a gardé ses responsabilités à la tête de la DGST, la Direction de surveillance du territoire, domaine dans lequel il a excellé au point d’être félicité par des partenaires essentiels du Maroc comme la France, la Belgique et l’Espagne.

A l’époque, tout le monde a compris que l’objectif de cette nomination était de réduire l’insécurité et la criminalité. La lecture de la presse était édifiante et les réseaux sociaux se faisaient régulièrement l’écho d’agressions ou de violences. Bref, il y avait un sentiment d’insécurité très partagé en milieu urbain.

On pouvait aussi se demander si la DST allait reprendre en main la DGSN. En fait, les deux organisations, qui ont un objectif final similaire, ont continué chacune dans sa propre trajectoire. Au stade d’aujourd’hui, il n’y a pas institutionnalisation de liens organiques. Ceci signifie que pour le moment, l’objectif unique de la nomination de Hammouchi est la réforme de la DGSN et sa mise à niveau.

>Un premier diagnostic

Hammouchi n’a pas dévoilé le diagnostic qu’il a fait en arrivant à la DGSN. On peut néanmoins penser qu’il a fait les constats suivants:

-faible niveau de confiance de la part de la population, premier “client“ de la police; cela affecte la “légitimité“ de cet organisme et réduit son efficacité; l’institution doit devenir la police de la population et non une institution à part. Accroître la légitimité de la police, c’est accroître la participation de la population à ses tâches de sécurité et également donner une meilleure image politique de la relation entre l’Etat et les citoyens.

-sentiment d’insécurité de plus en plus répandu en milieu urbain;

-le moment est venu d’accélérer la transition vers une “police démocratique“, ce qui signifie une police plus efficace, travaillant dans le respect des contraintes de la démocratisation.

-une mise à niveau de l’organisation, de la gestion, de la formation et des équipements, est indispensable.

Tout cela implique les chantiers de moralisation, de rationalisation de la gestion, de refonte de la formation, de renforcement des équipements, de communication, de respect des procédures légales, de rupture avec l’impunité et d’augmentation de l’efficacité opérationnelle…

La police fait partie de la société. Comme dans tous les pays en développement, il arrive un moment où l’on constate que l’institution policière a acquis une image d’inefficacité et qu’elle nécessite un effort de moralisation.

En d’autres termes, le chantier consiste, in fine, à faire de la police un service public.

Médias 24 a obtenu auprès de la DGSN, différentes informations au sujet des chantiers qui ont été lancés au cours de cette première année de reprise en main de cette institution. En voici les grandes lignes.

>L’opérationnel: davantage d’équipements, nouveaux services.

Réforme du “19“ (Police-secours) et création de brigades mobiles d’intervention: voilà la partie la plus visible des nouveautés opérationnelles en matière de sécurité publique.

Le nouveau “19“ a été lancé à Rabat, comme un centre d’appel. 40 lignes, 24 agents spécialement formés, une brigade mobile dédiée. La brigade qui est motorisée, est composée de 80 membres, dont 10 femmes.

Ses membres sont répartis spatialement dans le périmètre de Rabat pour que les délais d’intervention soient courts.  Ils ont été spécialement formés: par exemple, ils sauront donner les premiers soins en attendant l’ambulance; comme ils sauront préserver une scène de crime en attendant l'arrivée de la police scientifique et technique.

Le nouveau “19“ sera progressivement étendu à tout le Royaume.

A Fès et à Salé, deux villes qui ont connu des dérives sécuritaires, une autre expérience pilote a été lancée. Il s’agit des nouvelles brigades spéciales d’intervention, qui ciblent en priorité les quartiers difficiles. Elles ont contribué à augmenter le nombre d’arrestations de personnes recherchées. Là également, ces expériences pilotes seront étendues à toutes les grandes villes.

La troisième nouveauté, qui est en train de se mettre en place à Casablanca et qui sera également implantée dans les autres villes, c’est la mise en place d’un réseau de caméras de sécurité urbaine. Actuellement, 300 caméras ont été installées; elles seront 900 en fin d’année. Le projet a été mené d’une manière professionnelle: choix d’un équipement de haute qualité, formation du personnel, contrats de maintenance. Des régions ont exprimé leur intérêt pour accueillir des réseaux similaires, en contribuant éventuellement au financement des équipements.

Il va sans dire qu’un travail de mise à niveau des locaux est progressivement mené sur l’ensemble du territoire.

Notons qu’en une année, 1.011 véhicules et motos ont été acquis pour un budget de162 MDH.

>Nouveau système informatique pour la police des frontières.

La société allemande “Veridos“, leader dans le domaine de l’identification et du contrôle aux frontières, a été sélectionnée pour fournir à la police un nouveau système pour gérer tous les points d’entrée au Royaume, aériens, maritimes et terrestres.

Selon nos sources, le nouveau système, appelé VeriGO, comprend des équipements sophistiqués, ainsi que des solutions logicielles avancées. Le transfert des bases de données actuelles vers le nouveau système est également prévu.

>Communication.

Une police qui veut conquérir sa légitimité est une police qui communique. Celle-ci communique mieux qu’avant et réagit aux sollicitations. Elle informe systématiquement sur les opérations importantes en matière de lutte contre la criminalité. Elle réagit aussi à chaque fois que les réseaux sociaux s’enflamment.

L’identité visuelle, notamment sur les véhicules, est liftée (photo ci-dessus). Les uniformes s’adaptent, ils seront plus pratiques, plus conformes aux besoins des missions.

>Le service public, la rationalisation de la gestion.

Signe des temps et de la mue qui est en cours: dans ses contacts avec les citoyens, la police s’achemine vers le “zéro papier“.

La DGSN installe en effet le système “Gestarr“ dans tous les arrondissements. Tous les bureaux en contact avec le public sont informatisés. Désormais, et à court terme, la délivrance d’un certificat de résidence ou d’une déclaration de perte, tout comme la réception d’une plainte, seront d’emblée informatiquement traitées. Toutes les données seront agrégées dans des bases de données pour dresser selon les besoins, une cartographie selon tel ou tel critère de tri.

>Arriérés.

Cela fait partie de la rationalisation de la gestion: la nouvelle direction de la DGSN a découvert pas mal d’arriérés, y compris des factures d’eau et d’électricité. 135 MDH d’arriérés ont été payés au cours des derniers mois, correspondant à des factures des exercices budgétaires 2012, 2013 et 2014. La moitié concerne la maintenance du parc automobile. Il y avait également les indemnités d transport du personnel (28 MDH) et des factures de divers fournisseurs pour 36,5 MDH.

>La gestion du personnel.

C’est un chantier à part entière, qui mérite qu’on y consacre un article spécifique. Disons qu’il y a quatre piliers: la moralisation (sanctions et motivation), la formation, les œuvres sociales, la rémunération.

La nouvelle direction annonce faire preuve de zéro tolérance à l’égard de toute dérive. A titre d’exemple, il ya eu en un an, 1.523 sanctions disciplinaires allant de l’avertissement à la révocation; 178 suspensions avec transmission du dossier à la Justice et … 63 cas de fonctionnaires félicités et primés pour comportement exemplaire.

Notons également des réalisations dans le domaine des œuvres sociales (par exemple acquisition de logements à des prix bas).

>Le bilan de la lutte contre la criminalité.

La nouvelle DGSN accorde une priorité à l’arrestation de personnes recherchées. Le bilan est impressionnant: 139.282 arrestations en une année. Un individu recherché est en effet plus dangereux pour la collectivité que la moyenne des délinquants ou des criminels: il sait que s’il continue ses délits, ce sera le même tarif en cas d’arrestation. Un individu recherché est fortement porté à la récidive.

En tout, plus de 453.000 individus ont été arrêtés. 314.900 l’ont été en flagrant délit et 139.000 suite à un avis de recherche.

Sur ces 453.000 arrestations, quelle est la part des faits graves tels que violences, meurtres, drogue ?,… Près de 21.000 cas de vol aggravé ont été enregistrés, près de 3.000 agressions sexuelles, 171 meurtres, plus de 10.000 arrestations pour détention d’armes blanches.

Les brigades spéciales de protection des établissements scolaires ont décelé 802 cas de trafic et de vente de stupéfiants autour des écoles. Sur tout le territoire, plus de 88.000 affaires liées à la drogue ont été enregistrées, provoquant la saisie de 141 tonnes de cannabis, 420 kilos de cocaïne, 15 kilos d’héroïne et près de 600.000 comprimés de psychotropes. On n'a pas besoin de faire une étude pour constater qu'il y a moins de dérives sécuritaires et que la perception d'insécurité a bien baissé.

Rendez-vous dans une année pour un nouveau bilan d’étape. Il sera intéressant d'établir une comparaison.

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