Le groupe Thales veut faire du Maroc son hub africain

Présent cette année encore au Morocco Air Show qui vient de se tenir à Marrakech, le groupe Thales développe ses activités à travers le Royaume. Avec un objectif: que le Maroc soit le hub de Thales pour une bonne partie de l’Afrique. Rencontre avec Pierre Prigent, le PDG du Groupe pour le pays.

Le groupe Thales veut faire du Maroc son hub africain

Le 30 avril 2016 à 20h40

Modifié 11 avril 2021 à 1h03

Présent cette année encore au Morocco Air Show qui vient de se tenir à Marrakech, le groupe Thales développe ses activités à travers le Royaume. Avec un objectif: que le Maroc soit le hub de Thales pour une bonne partie de l’Afrique. Rencontre avec Pierre Prigent, le PDG du Groupe pour le pays.

Les dirigeants de Thales peuvent avoir le sourire: le groupe, qui emploie 62.000 personnes dont 20.000 ingénieurs et chercheurs,  dans 56 pays, est en pleine croissance.

Il brasse un chiffre d’affaires annuel moyen de 14 milliards d’euros et 2015 a été une année particulièrement faste, avec quelque 19 milliards d’euros de prises de commandes, pour la plus grande satisfaction des actionnaires: l’Etat français qui détient 27% du capital, Dassault 26%, le personnel près de 10%, le reste des actions étant sur le marché.

L’action, qui valait 25 euros il y a 4 ans en vaut 75 aujourd’hui, preuve de la confiance des épargnants qui ont apprécié les divers contrats passés récemment par la France, que ce soit la vente de Rafale à plusieurs pays (Thales fournit 25% des équipements de l’avion de combat) ou, il y a quelques semaines, le contrat avec l’Australie pour la livraison de sous-marins, d’un montant de 34 milliards d’euros; un contrat passé avec DCNS, dont Thales est le principal actionnaire, aux côtés de l’Etat français.

Comme le rappelle Pierre Prigent, président directeur général de Thales Maroc, présent sur le stand de la société, les activités militaires du groupe, même si elles sont les plus connues (défense anti-aérienne, systèmes acoustiques de lutte anti sous-marine, radars, missiles, sécurité maritime, sonars etc…), ne représentent que 50% des activités, tout le reste étant du domaine du civil: “Nous sommes très présents dans les transports terrestres, avec des systèmes de signalisation pour les trains urbains et pour les grandes lignes. Tout ce qui est péage ou ticketing représente une grosse activité, qui emploie 6.000 personnes dans le monde. Nous avons remporté l’an dernier le contrat pour la rénovation et la création de lignes de métro à Londres: un contrat de plus de un milliard d’euros. Nous sommes aussi présents dans l’espace, avec toute une gamme de satellites et nous avons même une mission qui est partie pour Mars. Enfin, nous avons une activité avionique essentielle, puisque nous sommes le premier fournisseur d’Airbus. Dans un Airbus A380, par exemple, la majorité de ce que vous voyez dans le cockpit, comme les écrans ou les calculateurs, sont signés Thales».

Le radar Ground Master 200. Crédit photo Thales

Les bons résultats que connaît actuellement le groupe lui permettent de se développer à l’international, dans tous les pays émergents et au Maroc, pays avec lequel Thales travaille depuis plus de 40 ans, avec, notamment la livraison à l’époque de radars RASIT, fabriqués par Thomson.

Maisil est difficile d'entrer dans les détails: «Je suis obligé d’être discret, souligne Pierre Prigent, car les contrats que l’on a ici sont en grande partie des contrats de défense, pour lesquels nous avons des clauses de confidentialité. Mais pas uniquement. Nous sommes, par exemple, très impliqués dans le transport: nous faisons de la signalisation sur certaines lignes de l’ONCF et nous avons un contrat important sur la ligne LGV, avec ce que l’on appelle le GSMR. GSM, c’est-à-dire la radio et R pour rail. Par ces lignes GSMR, vous transmettez toutes les informations de signalisation, qui permettent de contrôler le trafic en général et chaque train en particulier».

C’est aussi à Thales que l’Etat marocain a confié la fabrication de quelque 30 millions de cartes d’identité biométriques à puce. Et Thales développe depuis l’été dernier au Maroc des systèmes de cyber-sécurité. Un ingénieur marocain, formé en France, a déjà été recruté, avec une idée: monter au Maroc un centre de compétences dans ce domaine de la cyber-sécurité, avec des ingénieurs en mesure de travailler sur l’ensemble de l’Afrique. Car Thales s’inscrit dans la vision de du Roi de faire du Maroc un pont vers l’ensemble de l’Afrique: «En juin 2015, explique Pierre Prigent, j’ai assisté à une prise des parole du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, lors d’une réunion du Medef à Paris. Ne vous trompez pas, a-t-il dit, nous ne sommes pas des Maghrébins, nous sommes des Africains! Nous voulons donc nous inscrire dans cette logique, comme le font la BMCE ou des compagnies d’assurance qui disposent d’une vingtaine d’agences sur le continent. Nous voulons créer ici, au Maroc, un hub qui rayonne sur une bonne partie de l’Afrique».

D’où un changement dans la stratégie du groupe: jusque dans les années 2006, beaucoup d’activités se faisaient en  mode export. Le concept de Thales, désormais, est de s’installer réellement dans le pays. Avec une volonté de présence durable, à travers une société, Thales Holding Maroc: «Nous créons de l’activité ici, souligne Pierre Prigent, avec des personnes recrutées sur place, plutôt que de faire venir des gens de France, des Etats-Unis ou d’ailleurs».

L’implantation de Thales au Maroc se fait à grande échelle: le 27 avril, le PDG de Thales Maroc a signé un accord à Casablanca pour la création d’une usine, Thales 3D Maroc, qui sera implantée dans la zone franche de Nouaceur, près de l’aéroport de Casa. Le groupe a en effet décidé d’investir dans la technologie additive, à savoir la fabrication mécanique de pièces avec des imprimantes 3D.

«Le seul et unique centre de compétences dans ce domaine sera au Maroc, ajouté Pierre Prigent. Il y a même déjà une instruction interne au groupe, qui donne ordre aux différentes unités de commander ici ce dont elles auront besoin, dès que l’usine sera en état de fonctionner. Nous avons prévu les tests à partir de février 2017 et dès 2018, l’usine pourra tourner à plein régime.»

Et Pierre Prigent précise: «Le directeur d’usine a déjà été choisi: c’est un Français qui a une très longue expérience industrielle. Mais tous les ingénieurs seront Marocains. Nous avons commencé les recrutements: 4 sont arrivés le 1er mars, 4 autres arriveront en juillet et ainsi de suite. On les forme en France, pendant un an, dans nos différentes unités. Nous apportons donc au Maroc une expertise qui n’existait pas à ce jour et dont le pays sera le premier bénéficiaire.»

Quant au Morocco Air Show lui-même, il est, aux yeux de Pierre Prigent, très important: «Le premier bénéfice que l’on tire de ce salon est de voir tous nos clients. La relation humaine, directe, personnelle est essentielle. Quant nos clients, principalement des militaires, ont des questions, nous pouvons leur répondre sur le champ, car nous avons fait venir des spécialistes du groupe dans tous les domaines. Et puis ce salon est important, côté image: je veux absolument que l’on soit perçu comme un opérateur marocain. Nous sommes marocains et nous voulons le montrer!».

Thales est donc optimiste pour l’avenir, même si Pierre Prigent  reste toujours aussi prudent: «Nous avons de gros projets, mais je ne vous en parlerai pas puisqu’ils sont, pour la plupart, couverts par le secret militaire! Mais dans le domaine civil, je peux vous dire que nous avons un gros développement à venir dans le domaine ferroviaire, ainsi que dans les tramways. Quant à la sécurité et à la cyber-sécurité, nous y travaillons fortement et d’ici deux ans, je pourrai vous en dire plus…. Je suis très optimiste: le Maroc est un pays en pleine croissance, avec une activité en hausse dans beaucoup de secteurs…».

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