Sahara. Le forcing du Maroc au Conseil de sécurité a été payant

La résolution de l’ONU sur le dossier du Sahara a été adoptée ce vendredi 29 avril par le Conseil de sécurité. Le politologue El Moussaoui El Ajlaoui explique pourquoi son contenu a été moins négatif que ce que l'on pouvait craindre.

Sahara. Le forcing du Maroc au Conseil de sécurité a été payant

Le 29 avril 2016 à 16h21

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

La résolution de l’ONU sur le dossier du Sahara a été adoptée ce vendredi 29 avril par le Conseil de sécurité. Le politologue El Moussaoui El Ajlaoui explique pourquoi son contenu a été moins négatif que ce que l'on pouvait craindre.

Selon l’expert en géopolitique, joint par Médias 24, la forte réaction diplomatique du Maroc a permis de neutraliser la tentative de repositionner l’approche onusienne après la visite de Ban Ki-moon à Tindouf et d'aboutir à une résolution qui préconise un retour à la situation prévalant avant le 6 mars.

El Moussaoui El Ajlaoui soutient que malgré le rapport anti-marocain du Secrétaire général et la pression américaine pour faire adopter une résolution contraignante, la situation diplomatique va se stabiliser.

Alors que l’équipe du secrétariat général souhaitait donner une dimension plus politique à la Minurso, la résolution qui a été votée a simplement demandé le retour de sa composante civile pour qu’elle puisse fonctionner normalement.

La résolution apportant son soutien à l’action du SG et de son représentant spécial ne serait qu’une manière d’équilibrer les choses pour ne pas avantager un protagoniste au détriment de l’autre.

«Le paragraphe de la résolution qui soutient Ban Ki-moon et Christopher Ross est tout à fait normal, car les membres du Conseil de sécurité ne vont pas désavouer leurs collègues en les condamnant».

Grâce au travail de sensibilisation marocain et français à Washington, deux paragraphes d’inspiration américaine ont été supprimés de la mouture de la résolution votée ce vendredi 29 avril.

Le  premier condamnait clairement le Maroc pour avoir expulsé des personnels civils onusiens. Le 2e paragraphe valorisait le rôle positif de l’Algérie et présentait le polisario comme seul interlocuteur de l’ONU et du Maroc, alors que ce dernier ne le considère pas comme seul représentant des Sahraouis.

Les choses n’étaient pas non plus gagnées avec la proposition américaine de limiter à 2 mois le nouveau mandat de la Minurso et de faire rédiger par le SG, un rapport sur le retour à "la pleine fonctionnalité" de la Minurso le plus rapidement possible, avant la fin de son mandat.

La France a fini par imposer une prolongation d’un an du mandat de la Minurso et si le draft prévoyait un délai de 4 mois pour un retour à la normale du travail de la Minurso, le Conseil de sécurité a finalement décidé de ramener ce délai à 90 jours.

Pour El Ajlaoui, la raison est qu’il faut laisser plus de temps au Maroc et à Ban Ki-moon pour permettre à l’activité de la Minurso de redémarrer normalement, car l’adoption de la résolution d’inspiration américaine aurait soumis le Maroc à des pressions fortes sans résultats probants et rapides.

«L’exigence de la présentation d’un 2e rapport annuel n’est pas nouvelle, car le Conseil de sécurité avait fait la même demande au SG en avril 2014. Le traditionnel rapport d’avril 2015 sur la situation au Sahara avait été précédé par un exposé oral du SG en décembre 2014 devant les membres du Conseil de sécurité.»

Notre interlocuteur poursuit que le Maroc finira par accepter le retour d’une partie de la composante civile expulsée de la Minurso du fait de l’unanimité du Conseil de sécurité (alliés compris), pour que la mission de paix puisse s’acquitter normalement de ses tâches.

«La position de rejet de ce personnel n’est pas tenable, car elle ne fera que confirmer le rapport du SG, qui laisse entendre que le Royaume ne respecte pas la légalité internationale,» ajoute notre source.

Selon El Ajlaoui, la majorité des membres expulsés seront de retour rapidement, même si le Maroc fera tout son possible pour exclure les membres de l’Union Africaine connus pour leur soutien au polisario.  

Hormis la demande de retour du personnel civil de la Minurso, le politologue soutient qu’au final, la résolution adoptée ce vendredi 29 avril préserve les intérêts stratégiques du Royaume.

«Ce qu’il faut retenir, c’est que la réaction marocaine à la partialité du SG n’a pas été condamnée clairement et que la résolution ne lui a rien imposé. Le draft salue ses efforts en matière de droits de l’homme et ses réalisations socio-économiques au Sahara et évoque même son plan d’autonomie. De plus, la résolution réclame le nécessaire recensement des populations de Tindouf, quand le SG recommandait un simple examen de cette question. Cette demande est une victoire pour le Maroc».

Pour le politologue, le seul pays qui a soutenu pleinement le Maroc est la France, car malgré les espérances nées après la visite royale à Moscou, la Russie est restée étrangement silencieuse et s'est abstenue lors du vote.

Le contenu de la résolution, qui vient d’être adoptée par les 15 membres du Conseil de sécurité (10 pour, 2 contre et 3 abstentions).

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