Maroc. Le politique et le social éclipsent les dossiers économiques en 2016

Les contours de l’année 2016 se dessinent clairement. Elle sera fortement marquée par le politique et le social, ainsi que par deux grands dossiers internationaux: le Sahara et la COP22.

Maroc. Le politique et le social éclipsent les dossiers économiques en 2016

Le 21 mars 2016 à 14h52

Modifié 11 avril 2021 à 2h37

Les contours de l’année 2016 se dessinent clairement. Elle sera fortement marquée par le politique et le social, ainsi que par deux grands dossiers internationaux: le Sahara et la COP22.

Voici les principaux éléments qui dressent les contours de 2016.

>Un face-à-face Ilyas Elomari et Abdelilah Benkirane.

Après avoir conquis le PAM, Ilyas Elomari est en train de faire un sans-faute dans ses sorties médiatiques. Il a pris exactement le contrepied de son adversaire politique: il est imperturbable et évite toute attaque inconsidérée. Est-il dans la construction de son image de leader politique ou bien est-ce sa vraie nature? Seul l’avenir le dira.

En attendant, c’est lui qui mènera la bataille de l’opposition contre Benkirane. Il a le discours le plus structuré et les meilleurs arguments pour déconstruire l’œuvre et les argumentaires du PJD.

C’est une vraie bipolarisation, car ces deux partis poids lourds feront le spectacle.

Au niveau du PAM, il reste néanmoins des inconnues: Ilyas Elomari n’a pas encore été vu dans de grands meetings publics. Pas autant que Benkirane. Nous attendrons ses meetings avec curiosité. Le PAM n’a pas non plus l’ancrage populaire ni la popularité du PJD. Mais les élections auront lieu début octobre. Cela lui laissera-t-il le temps de provoquer un vote-sanction, pour ne pas dire un vote contre le projet du PJD? Telle est en tout cas son ambition.

Au niveau du PJD, il y a également des inconnues: Abdelilah Benkirane se maintiendra-t-il à la tête du parti? Il termine en effet son second mandat et les statuts lui interdisent d’en briguer un troisième. Cet homme qui réunit le charisme et la popularité pourrait-il quitter la tête du PJD, sans dommage pour ce dernier?

Le PJD a décidé de reporter l’élection du nouveau secrétaire général à la fin de l’année, après les élections. Mais si le PJD affronte les élections avec une incertitude concernant son futur leadership, ne risque-t-il pas d’être affaibli?

Autre inconnue concernant le PJD: le bilan.  Si l’on considère le bilan global du gouvernement, il est très bon. En particulier, on peut citer l’amélioration des équilibres macro-économiques, le démantèlement de la Caisse de compensation, les avancées dans le domaine de la santé ou les réalisations sociales.

Par contre, dans d’autres directions, le bilan est discutable, voire mauvais: la place des femmes dans la vie publique et dans le gouvernement, l’emploi, l’absence de sensibilité du chef du gouvernement concernant le tourisme, l’influence de l’idéologie sur certaines décisions [exemple du projet de code de la presse, ou du projet de code pénal].

>Des réformes mises en sourdine.

En année électorale, tout le monde est prudent, surtout la majorité du moment.

En raison de la proximité des élections, le gouvernement a gelé partiellement deux dossiers: la suppression de la subvention du sucre, prévue et annoncée pour 2016, puis abandonnée et la réforme du code pénal. Sur ce dernier point, seuls les articles consensuels du projet de réforme seront présentés.

>On attend un redémarrage de l'activité économique.

Après un début d'année calme, les milieux économiques espèrent un redémarrage dès cette fin du mois de mars. Le Maroc est également passé à côté d'une menace de grosse sècheresse: les nouvelles pluies réalimentent les nappes, rechargent les parcours et sont bénéfiques pour les cultures de printemps.

>Des incertitudes sur la réforme de la retraite.

Pour les mêmes raisons que ci-dessus, la réforme des retraites devient incertaine, au fur et à mesure que le Maroc entre en période électorale.

Actuellement, les projets de loi sont étudiés en commission à la Chambre des conseillers.  Plus ils tarderont à en sortir, plus il sera difficile de lancer le débat public sur la question, en plénière dans les deux Chambres.

>Un front social brûlant.

Après la marche des enseignants stagiaires ce dimanche 20 mars à Casablanca, l’accalmie ne sera que de courte durée sur le front social. Les syndicats préparent pour le 3 avril, une marche nationale dans la capitale économique. S’ils arrivent à mobiliser, ils contribueront à affaiblir le gouvernement.

En attendant, le dossier des enseignants stagiaires n’est pas réglé. Cela fait plus de 4 mois que les cours sont boycottés par une majorité des concernés. Il ne fait aucun doute que le gouvernement a mal géré le dossier: la Coordination des grévistes a argué d’un manque de confiance en le gouvernement pour exiger un engagement écrit. Mais le gouvernement a refusé, se contentant d’une vidéo du chef du gouvernement.

La vraie question aujourd’hui est celle de la prochaine rentrée scolaire: il y aura en effet un manque évalué à 7.000 à 8.000 enseignants. Toutes les sources interrogées par nos soins nous ont affirmé que le gouvernement a étudié toutes les options et qu’il a préparé les scénarios pour combler le déficit en enseignants, mais qu’il est interdit de communiquer sur la question.

>Une fausse polémique sur le seuil électoral.

Un seuil à 6%, 3% ou 10%? Un seuil élevé fait-il le jeu des grands partis? Faut-il baisser ou supprimer le seuil? La réponse est non à toutes ces questions.

Un seuil de 0% ou de 10%, c’est du pareil au même dans des élections législatives. Le seuil n’a d’effet que s’il y a des listes nationales. Point à la ligne. Le reste n’est que perte de temps.

>Des élections qui se joueront entre PAM et PJD.

Les élections seront animées par  la bipolarisation PAM-PJD, le premier cristallisant l’opposition la lus cohérente au PJD et le second étant le parti le mieux représenté au Parlement et qui a gagné une dizaine de grandes villes le 4 septembre dernier.

Chez les 6 autres grands partis, notons une réelle incertitude sur le score de l’Istiqlal, laminé en septembre dans plusieurs de ses fiefs. Le PPS de son côté joue son va-tout, il est le meilleur allié du PJD et il se positionne comme un parti du ‘maâkoul’ [sérieux]. L’USFP est clairement en perte de vitesse. L’UC se reconstruit et son positionnement [la sérénité] est cohérent avec la personnalité de son leader, Mohamed Sajid. Le Mouvement populaire est égal à lui-même et enfin le RNI bénéficie d’un bon positionnement et d’une réputation d’expertise, mais il subit des contradictions internes, ainsi que l’absence de son chef, mobilisé par deux dossiers importants, le Sahara et la COP22.

>La COP22 et le Sahara, les deux dossiers internationaux de l’année.

L’affrontement entre Ban Ki-moon et le Maroc ne peut aboutir qu’à l’une des deux options suivantes: soit l’ONU tient compte des remarques du Maroc et de ses conditions pour la poursuite de la négociation, soit le processus sera gelé.

Le Maroc vivra cette année au rythme de la préparation d’un événement planétaire, la COP22. Un événement co-organisé avec les Nations-Unies. Ban Ki-moon viendra-t-il comme il l’a fait l’année dernière à Paris?

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