Le collectif syndical de la Samir envisage une plainte au pénal

Le 21 mars prochain, le tribunal de commerce de Casablanca statuera sur le redressement ou la liquidation judiciaire de la SAMIR. Dans cette interview avec Médias 24, le secrétaire général du Syndicat national des industries du pétrole et du gaz affilié propose la voie de la nationalisation, pour sauver la raffinerie. 

Le collectif syndical de la Samir envisage une plainte au pénal

Le 14 mars 2016 à 16h15

Modifié 14 mars 2016 à 16h15

Le 21 mars prochain, le tribunal de commerce de Casablanca statuera sur le redressement ou la liquidation judiciaire de la SAMIR. Dans cette interview avec Médias 24, le secrétaire général du Syndicat national des industries du pétrole et du gaz affilié propose la voie de la nationalisation, pour sauver la raffinerie. 

Médias 24: Pensez-vous que le jugement à venir va préserver les intérêts des salariés de la SAMIR ?

Houcine El Yamani: Les intérêts des salariés vont de pair avec la continuité de l’activité de raffinage de l’entreprise, qui est à l’origine de cette procédure de redressement judiciaire.

Depuis 8 mois, nous souhaitons un règlement à l’amiable entre l’Etat et l’actionnaire principal, mais quel que soit le jugement final, nous espérons que les intérêts des salariés seront préservés d’une manière ou d’une autre (continuité de l’activité ou indemnisation conséquente du personnel).

Nous n’excluons pas non plus une décision politique pour sauvegarder l’exploitation de la raffinerie.

-Comment expliquez-vous le naufrage actuel de la SAMIR?

-La CDT, qui est le syndicat majoritaire au sein du personnel de la raffinerie a toujours été contre sa privatisation en 1997, car ce fleuron de l’industrie joue un rôle majeur dans l'économie nationale.

L’Etat n’a pas accompli son devoir de contrôle en obligeant l’investisseur principal à se conformer aux obligations contractuelles.

Le management de la SAMIR est cependant en grande partie responsable de la mauvaise gestion qui a abouti à la situation financière actuelle.

La dégradation du cours du pétrole et la libéralisation de l’importation des produits finis ont aussi affecté de manière significative les ventes et donc le chiffre d’affaires de la raffinerie.

-Croyez-vous encore aux promesses de l’actionnaire de référence d’injecter à terme 6 MMDH?

-Nous n’en sommes plus au stade de simples promesses, car la SAMIR a le choix entre la survie et la fermeture définitive de ses portes.

Depuis la privatisation, les engagements d’apporter de l’argent pour développer et moderniser l’entreprise n’ont jamais été tenus par la direction. La responsabilité de l’investisseur est engagée, mais celle de l’Etat ne doit pas être éludée, car il a accordé des facilités sans retour.

-L’Etat et la direction de la SAMIR sont donc tous deux responsables du naufrage actuel?

-Les autorités ne sont pas exemptes de reproches, car l’Office des changes a validé des transferts d’argent incompréhensibles pour l’actionnaire principal, au détriment des intérêts de l’entreprise.

Les commissaires aux comptes ont certifié des bilans financiers sur la base de chiffres infondés et le ministre des Finances a accordé sans garantie une ligne de 10 MMDH, ce qui veut dire qu’il existe une série de responsabilités de personnes physiques et morales dans ce dossier.

-Si liquidation judiciaire il y a, que prévoit de faire le front syndical dont vous êtes le coordinateur?

-La fin définitive de la SAMIR ne passera pas comme une lettre à la poste. Nous espérons toujours trouver une solution pour la reprise de son activité, car il en va non seulement des intérêts de la nation, mais aussi de la survie de la ville de Mohammédia et de plusieurs milliers d’emplois.

-Que comptez-vous faire concrètement, si aucun accord n’est trouvé pour sauvegarder les emplois?

-Nous continuerons à militer par des actions de protestation contre toute décision à venir qui enterre les intérêts des salariés. Nous venons d’ailleurs d’achever une grève de la faim qui a duré dix heurers.

Au pire, nous envisageons de porter deux plaintes, la première au civil pour préserver les droits des salariés (indemnités …) et la seconde d’ordre pénal, contre les personnes morales et physiques à l’origine de la crise.

Ces éventuels recours en justice se feront au nom des syndicats et des associations de la ville de Mohammédia, qui va beaucoup souffrir en cas de fermeture définitive des portes de la SAMIR.

-La renationalisation de la SAMIR est-elle une vraie solution pour sauver l’entreprise?

-Elle est incontestablement une des seules issues pour surmonter cette crise, qui peut se reproduire.

Cette nationalisation peut être partielle ou même totale, car parmi les principaux créanciers de la SAMIR, nous avons la douane.

Il est donc possible de convertir la dette de ce service public sous forme d’actions dans le capital de l’entreprise, dont l’activité de raffinerie est indispensable à l’économie du Maroc. Elle permettrait de remettre à niveau la gouvernance de la SAMIR, pour continuer à approvisionner le marché national.

-Certains pensent qu’une nationalisation ferait fuir d’éventuels nouveaux investisseurs étrangers?

-La négativité de ce message n’égalera jamais le dommage causé par l’actionnaire actuel de la SAMIR. Nous devons défendre les intérêts de la nation et nous ne serions pas le seul pays à le faire, car les Américains et les Chinois ont depuis longtemps instauré des mesures de protectionnisme pour sauvegarder leurs industries.

Si on perd la SAMIR, nous perdrons par la même occasion 6.000 emplois (directs et indirects), ainsi que 4% de notre PIB national.

-Que proposez-vous à part cette renationalisation pour sauver l’activité de raffinerie au Maroc?

-Pour vraiment régler le problème actuel, ce secteur stratégique doit rester sous la tutelle de l’Etat.

-N’est-il pas trop tard, sachant qu’une longue mise à l’arrêt du matériel entraîne sa dégradation?

-Absolument pas, car la SAMIR peut redémarrer son activité de raffinage et d’approvisionnement très rapidement. Il faut compter 1 à 2 semaines pour qu’elle redevienne complètement fonctionnelle.

Il est cependant vrai que chaque jour qui passe avant de remettre la machine de production en route contribue à dégrader le matériel d’exploitation (cuves …).

-Y a-t-il eu des pratiques ou des collusions douteuses entre l’Etat et la direction de la SAMIR?

-Je préfère ne pas me prononcer, car c’est aux autorités compétentes de déterminer l’identité des responsables de ce fiasco, qui risque de mettre au chômage des milliers de personnes.

Le collectif d’avocats représentant les salariés de la SAMIR travaille cependant sur l'implication d’éventuels responsables étatiques et managériaux, qui auraient trempé dans des pratiques douteuses.

Si nous n’obtenons pas gain de cause, nous nous intéresserons en dernier recours à cette question, en déposant une plainte judiciaire au pénal.

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