Nabila Freidji (CGEM): “Dans 10 ans, on ne reconnaîtra plus les provinces du sud”

Les investissements lancés dans les régions du sud vont renforcer leur attractivité économique. L’ancienne présidente de la commission "dynamique régionale" à la CGEM explique à Médias 24 pourquoi.

Nabila Freidji (CGEM): “Dans 10 ans, on ne reconnaîtra plus les provinces du sud”

Le 9 février 2016 à 17h23

Modifié 9 février 2016 à 17h23

Les investissements lancés dans les régions du sud vont renforcer leur attractivité économique. L’ancienne présidente de la commission "dynamique régionale" à la CGEM explique à Médias 24 pourquoi.

Médias 24: 30 MMDH d’investissements publics pour les régions, 19 MMDH pour OCP, en quoi cela va-t-il améliorer l’attractivité économiques des provinces du sud?

Nabila Freidji : -Vous n’avez pas cité les 6 MMDH du secteur privé, grâce à l’action de la CGEM.

-L’essentiel de ces investissements privés a concerné la construction de projets immobiliers.

-Oui mais il y a eu des investissements privés dans plusieurs autres secteurs (services, énergie …).

Les investissements publics annoncés sont les bienvenus pour nous, car une nouvelle dynamique va s’installer. Ils vont créer un écosystème qui va profiter à tout le monde, car l’investissement public qui va de pair avec celui du privé est générateur de croissance.

-On ne voit pourtant pas beaucoup la CGEM dans les régions du sud. Ces projets publics vont-il permettre une forme de délocalisation du patronat marocain?

-Nous sommes très présents, mais peut-être que nous ne communiquons pas assez. Notre travail sur place a commencé avec le 1e mandat de Miriem Bensalah, car la CGEM ne pouvait pas s’inscrire dans un tissu économique national amputé des régions du sud.

Nous nous sommes aperçus que nous n’y étions pas assez présents et que les entreprises locales devaient d’abord avoir droit au chapitre en s’intégrant dans les instances du patronat.

La CGEM a donc installé des organes de gouvernance dans le chef lieu de Laâyoune, en élisant un président et deux vice-présidents qui chapeautent les régions de Laâyoune, Guelmim et Dakhla.

Après ces élections, qui ont été une grande première, nous avons continué à préparer le terrain pour les investisseurs.

La CGEM a réalisé une monographie sectorielle, qui a abouti aux mêmes recommandations et constat que le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

La suite logique a été d’investir 6 MMDH en 2015, qui ne sont que la partie visible de l’iceberg. Nous sommes en effet partenaires des comités régionaux de l’environnement des affaires (CREA) placés sous l’autorité du ministère de l’Intérieur. Ils permettent de créer un climat rassurant (procédures administratives, foncier …) pour tous les investisseurs.

L’idée est de créer une émulation pour intégrer les entreprises locales dans le tissu économique local et non de se limiter à ramener des entreprises du centre ou du nord.

Ce travail en amont et en aval va dynamiser la région, qui en a grandement besoin.

-Quelles sont les ambitions économiques de la CGEM dans les trois régions du sud?

-Notre tissu national est encore en phase de découverte des potentialités de ces provinces, mais nous sommes très confiants, car nous défrichons encore.

-Quels sont les freins à l’investissement recensés par les membres du patronat?

-Le foncier n’est plus un problème comme avant, car le travail des CREA a facilité la tâche aux investisseurs. Le vrai frein qui est en train d’être levé est la méconnaissance du potentiel économique, car il faut avoir une visibilité pour rassurer les nouveaux investisseurs.

Pour relever le défi du manque de ressources humaines qualifiées, nous avons signé des conventions avec l’OFPTT et avec Microsoft, afin d'assurer des cycles de formation.

Nous devons aussi trouver le meilleur business modèle pour régler le problème des coûts logistiques, car le transport des intrants du nord vers le sud revient cher.

Il existe des difficultés comme dans toutes les régions du Maroc, mais l’investisseur doit relever les défis, car il ne peut pas tout obtenir sur un plateau d’argent.

Des grands efforts ont été accomplis et l’investissement public actuel est le bienvenu, car nous allons travailler avec les régions pour le rapprocher de la vision du privé

-La CGEM attendait donc que l’Etat donne l’exemple pour se lancer à son tour?

-Quand on investit, on ne doit rien attendre, car par définitio,n un entrepreneur est censé prendre des risques. L’investissement public annoncé va certes nous faciliter les choses, mais pour arriver à une croissance soutenue, il faudra que les visions du public et du privé convergent, pour optimiser les investissements en cours de réalisation.

-Est-on enfin dans la dynamique préconisée par le rapport du CESE pour développer le sud ?

-Il y a d’abord eu la vision royale sur la nécessité d’intégrer l’Afrique et les provinces du sud, suivie des recommandations du Conseil économique puis de la monographie de la CGEM. Tout cela a contribué à constituer un tableau rassurant pour donner la visibilité et la situation actuelles.

-Il ne s’agit donc plus de simples déclarations de bonnes intentions?

-Nous ne sommes plus dans les grands discour,s mais plutôt dans l’action concrète, pour assurer un développement pérenne à toutes les régions du Maroc.

-Quand peut-on espérer voir les provinces du sud changer réellement de visage économique?

-Mon sentiment personnel est que dans 10 ans, on ne reconnaîtra plus les provinces du sud, car les relais de croissance sont désormais présents et les efforts publics et privés commencent à converger. Quand les ingrédients sont là, la sauce ne peut que prendre.

-L’inauguration médiatisée de NOOR va-t-elle contribuer à attirer les investisseurs étrangers?

-Même s’ils sont peu présents actuellement, ils finiront par venir, car la dynamique est enclenchée, mais le préalable est que nous donnions l’exemple. Le Maroc qui dispose d’une stabilité politique unique dans la région suscite l’intérêt, car il est encore en chantier et tout investisseur averti ne pourra que saisir l’occasion d’y investir. 

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