Entretien. Moukharik: “Nous ne lâcherons rien sur les retraites”

Alors que la grève générale décrétée par le front syndical est prévue pour le 10 décembre, le SG de l’UMT revient sur sa détermination à faire capoter la réforme des retraites.  

Entretien. Moukharik: “Nous ne lâcherons rien sur les retraites”

Le 8 décembre 2015 à 15h08

Modifié 8 décembre 2015 à 15h08

Alors que la grève générale décrétée par le front syndical est prévue pour le 10 décembre, le SG de l’UMT revient sur sa détermination à faire capoter la réforme des retraites.  

-Médias 24: Le gouvernement doit-il s’attendre à un jeudi noir?

-Miloudi Moukharik: Je n’irai pas jusque là, mais ce sera un jeudi de militantisme pour protester contre la politique gouvernementale. Cette grève aura valeur d’avertissement, car elle se reproduira autant de fois qu’il le faudra pour faire revenir le gouvernement à de meilleurs sentiments.

-Vous aviez annoncé 500.000 participants à la dernière marche nationale, qui a été un échec.

-La seule personne habilitée à annoncer des chiffres à l’avance est le secrétaire général de l’UMT et je n’ai personnellement jamais communiqué sur les prévisions de mobilisation que vous citez.

Nous n’avions pas pour objectif de rassembler 500.000 personnes, car la décision d’organiser la marche a été prise avant le 13/11 et au lendemain des attentats parisiens, nous avons failli l’annuler.

Au terme d’une réunion syndicale, j’ai personnellement décidé de maintenir une simple marche représentative avec la présence symbolique de 232 secteurs d’activité, venus de 52 villes du Maroc.

Au dernier moment, nous avons choisi de ne pas mobiliser les quartiers industriels et populaires du Royaume, en louant des centaines ou des milliers d’autocars pour transporter tous nos sympathisants.

Nous considérons en effet que que la sécurité de notre pays prime sur toute autre considération, car le front syndical est nationaliste et refuse de faire de la surenchère sur cette question fondamentale.

-Que répondez-vous à ceux qui prétendent que vous ne mobilisez plus les foules comme avant?

-Nous aurions pu mobiliser beaucoup plus de manifestants. Nous avons préféré organiser une marche représentative, mais maîtrisée. Les participants ont d’ailleurs marché pendant trois heures sans aucun incident et il n’y a eu aucun jet de pierres ni de petite bouteilles d’eau vides.

-La grève générale du jeudi 10 décembre a donc valeur d’avertissement?

-Absolument, car elle pourra se répéter autant de fois qu’il le faudra si le gouvernement ne revient pas à de meilleurs sentiments, car il veut tout faire à la fois: augmenter l’âge de la retraite, ponctionner davantage de cotisations salariales et réduire leur pension une fois qu’ils seront retraités.

-Ne serait-il pas plus efficace d’engager des grèves sectorielles paralysantes, pour le faire plier?

-Nous allons commencer par entamer cette grève générale car le dossier des retraites touche de près les fonctionnaires de la Caisse marocaine de retraites (CMR).

Nous avons intégré les personnels publics des collectivités locales assujettis au régime collectif des allocations de retraites (RCAR), connu pour son avarice.

Ce régime est surnommé "caisse Mounkar", car il jette chaque année des milliers de personnes dans la pauvreté en leur octroyant des pensions de retraite équivalentes à 1/3 de leur salaire.

Après cette grève générale de la fonction publique, nous allons nous réunir pour établir un programme plus pointu de mobilisation et de protestation.

-Benkirane a accéléré le processus d’adoption de sa réforme et ne semble pas vous prendre au sérieux.

-S’il juge notre capacité de mobilisation et de nuisance insuffisante, il est complètement à côté de la plaque. Je rappelle que lors de la marche nationale, nous ne voulions pas faire descendre les masses dans les rues pour des questions sécuritaires, eu égard au contexte sensible international.

Le gouvernement a bouclé son projet de réforme sans concertation avec les syndicats, mais nous ne nous laisserons pas faire, s’il persiste à vouloir le faire passer de force.

-Vous n’avez plus aucune nouvelle de la part du chef de gouvernement?

-Ma dernière rencontre avec lui date du mois de juin dernier, où il m’a mis en main un marché pour me convaincre de soutenir sa réforme.

Il m’a proposé une augmentation du montant des allocations familiales de l’ordre de 100 DH par enfant/mois.

Je lui ai répondu qu’il voulait faire le bonheur éphémère des enfants avec le prix de quelques sucettes, tout en faisant dans le même temps le malheur de leurs parents.

Je lui ai opposé une fin de non-recevoir, en lui signifiant que nous ne le laisserions pas faire et nous nous sommes quittés sur ces paroles.

-Pour faire court, vous ne vous laisserez pas faire par la détermination de Benkirane?

-Notre cause est juste, car le gouvernement semble se moquer des préoccupations des travailleurs. Il a préparé une loi de finances sans aucune mesure en faveur des salariés,comme la baisse de l’impôt sur le revenu, qui était réalisable. Il a préféré privilégier les nantis avec des exonérations à outrance.

À cela s’ajoute le gel de la situation matérielle des fonctionnaires, via le reniement de l’accord syndical du 26/4/2011, paraphé par l’ancien 1er ministre Abbas El Fassi, qui prévoyait une échelle mobile d’avancement et des indemnités d’éloignement.

Nous n’allons pas lâcher l’affaire, parce que ce serait immoral et parce que notre mission est de défendre les droits des fonctionnaires et des salariés en général. C’est une question d’être ou de ne plus être.

-Qu’en est-il de l’appel du PPS, membre du gouvernement, à faire un geste sur cette réforme?

-Le parti de Nabil Benabdellah a appelé le chef de gouvernement à être plus flexible sur nos revendications, mais son appel n’a été suivi d’aucune action concrète en notre faveur.

Cela illustre bien la mentalité du parti menant la coalition gouvernementale, qui ignore superbement son plus proche allié au gouvernement. Malgré le fait que Nabil Benabdellh a toujours défendu la personne de son chef de gouvernement et son "bilan positif", Benkirane n’y prête aucune attention.

Quoi qu’il nous en coûte, nous irons jusqu’au bout et n’abdiquerons pas devant les diktats injustes de Abdelillah Benkirane. 

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