Les chiffres clés du recensement: qui sont les Marocains en 2014?

Baisse de la fécondité, rebond de la nuptialité, recul de l’analphabétisme et progression de l’inactivité.   

Les chiffres clés du recensement: qui sont les Marocains en 2014?

Le 14 octobre 2015 à 11h53

Modifié 11 avril 2021 à 2h37

Baisse de la fécondité, rebond de la nuptialité, recul de l’analphabétisme et progression de l’inactivité.   

Les dynamiques que traversent le Maroc depuis une décennie sont diverses et semblent parfois contradictoires. C'est ce qui ressort de la présentation des résultats du RGPH 2014, faite mardi 13 octobre par Ahmed Lahlimi, haut commissaire au Plan. Les détails du recensement 2014 révèlent ces tendances.

Les bonnes nouvelles sont que les caractéristiques socio-économiques du monde rural, rejoignent celles du monde urbain, mais ces rythmes de convergence sont encore trop lents pour ce qui concerne l’analphabétisme, le niveau d’études et les conditions de logement.

Les surprises viennent des indices de nuptialité qui révèlent que les gens se marient davantage qu’avant et plus jeunes.

L’échantillon du recensement représente 2% de la population. La population marocaine en 2014 est de 33,8 millions de personnes. 

La molle transition démographique

Certes, le taux d’accroissement annuel moyen de la population continue de baisser, en passant de 1,35% entre 1994 et 2004 à 1,25% entre 2004 et 2014. 

Le taux d’accroissement annuel moyen en zone rurale est même négatif à -0,01% tandis que celui en zone urbaine se situe à 2,1%. 

La population vieillit. La part des enfants de moins de 15 ans (28%) recule tandis que progresse la population en âge de travailler (62,4%) et celle de plus de 60 ans (9,1%). 

L’indice synthétique de fécondité (ISF) continue sa dégringolade, surtout en milieu rural où il passe de 3,1 enfants par femme en 2004 à 2,55 en 2014.

En milieu urbain, il s’établit à 2,01 enfants par femme en 2014, soit en dessous du seuil de remplacement des générations, contre 2,15 en 2004.

Cette tendance laisse présager une convergence entre milieu urbain et rural. A l’échelle nationale, l’ISF se situe à 2,21 enfants par femme en 2014 contre 2,47 en 2014. 

Parallèlement, on observe un fait stylisé contradictoire, à savoir la baisse du taux de célibat, et un âge de la nuptialité plus précoce, chez les femmes. La proportion de célibataires diminue chez les hommes (de 45,7% en 2004 à 40,9% en 2014) et chez les femmes (de 34% en 2004 à 28,9% en 2014).

Ce phénomène se traduit par une poussée de la proportion des mariés. Cette tendance traduit une inflexion chez les jeunes qui durant les dernières décennies étaient de plus en plus nombreux à rester célibataires. 

L’âge du premier mariage chez les femmes baisse, de 26,3 ans en moyenne en 2004 à 25,8 ans en 2014. L’âge du premier mariage masculin se stabilise autour de 31,2 ans. 

Si ces dynamiques de la nuptialité ne se traduisent pas dans un taux de fécondité plus élevé, c’est que la prévalence des moyens contraceptifs est haute (67,4% en 2011). Mais ce taux est déjà très élevé et ne devrait plus progresser. Dans ces conditions, le HCP signale que cette dynamique laisse présager une inflexion de la fécondité non encore observée dans les chiffres.  

Par ailleurs, le recensement 2014 révèle pour la première fois que 123.956 personnes âgées de moins de 18 ans étaient mariées au moment du recensement, un phénomène prévalant chez les filles (82,4%) et à proportion quasi équitable entre les villes et la campagne. 

Scolarisation quasi généralisée

Le taux de scolarisation des enfants de 7 à 12 ans s’est quasi généralisé en 2014.

Il est passé de 80,4% en 2004 à 94,5% en 2014. La progression est plus visible en milieu rural et parmi les filles. Le taux de scolarisation des filles rurales est passé de 63% à 90% entre 2004 et 2014. Les extraits du recensement ne renseignent pas encore sur le taux de scolarisation des jeunes plus âgés, de 13 à 16 ans. 

Parmi les personnes de plus de 25 ans, la population ne disposant d’aucun niveau d’instruction est prédominante (45%).

21% disposent d’un niveau d’enseignement primaire, 12,3% du niveau du collège, 10,2% du niveau du lycée et 8% du supérieur. Le nombre moyen d’années d’études de la population âgée de 25 ans et plus est de 4,4 années en 2014.

Milieux urbain et rural ne sont pas à égalité ici encore, la moyenne d’années d’études chez les urbains est de 5,8 ans contre 1,9 ans en milieu rural. 

Le recul de l’analphabétisme

En 2014, le Maroc compte 8,6 millions de personnes analphabètes contre 10,2 millions en 2004 soit une baisse de 18,7%. Le taux d’analphabétisme s’établit à 32% en 2014 contre 43%, 10 ans plus tôt. Cette baisse a été plus marquée en milieu rural et chez les hommes.

Le taux a baissé en milieu rural de 21% contre 7% en milieu urbain. Parmi les hommes, il a baissé de 17,5% contre une baisse de 14,6% pour les femmes. 

Comme en 2004, le taux d’analphabétisme prédomine en milieu rural (47,7%) par rapport au milieu urbain (22,2%) et parmi les femmes (41,9%) par rapport aux hommes (22,1%). 


Aujourd’hui, la population âgée de moins de 15 ans est dans sa quasi-totalité alphabétisée (96,3%) mais le taux d’alphabétisation diminue lorsqu’on monte dans les classes d’âges, même si pour chaque tranche le taux est supérieur à 2004. Parmi les 50 ans et plus, l’analphabétisme est prévalent à 61,1%. 

Les langues nationales parlées: darija et amazigh

89,8% de la population marocaine parle la Darija (96% en milieu urbain et 80,2% en milieu rural). 27% parlent la langue amazigh, dont 15% le Tachelhit, 7,6% le Tamazight et 4,1% le Tarifit. 

La proportion des amazighophones est plus élevée en milieu rural (36,6%) qu’en milieu urbain (20,1%). 

Ces chiffres sont inédits, il n’y a pas de base de comparaison avec 2004. 

Activité: recul synchronisé du chômage et du taux d’activité

Le taux d’activité a reculé en 2014 par rapport à la décennie précédente: il est passé de 35,9% à 34,3%.

Entre 2004 et 2014, il a baissé aussi bien en milieu rural et urbain et chez les hommes et les femmes. Mais cette baisse a été la plus importante chez les femmes rurales, dont le taux est passé de 14,9% à 7,5%. Le taux d’activité chez les femmes à l’échelle nationale est de 14,7% contre 54,1% chez les hommes, et de 36,5% en milieu urbain contre 31% en milieu rural. 

La baisse d’activité est significative chez les moins de 25 ans. Le taux passe de 38,6% à 22,6% pour les 15-19 ans et de 56,1% à 47,3% chez les 20-24 ans. Ce phénomène s’explique largement par la généralisation des études. 

Le niveau de chômage a baissé d’un point entre 2004 et 2014, en passant à 15,7%, un taux deux fois plus élevé dans les villes (18,9%) que dans les campagnes (9,9%). 

1,2 million de femmes chefs de ménages

La taille des ménages a sensiblement baissé, reflet de la baisse de fécondité.

En moyenne un ménage compte 4,6 personnes en 2014 contre 5,24 en 2004. La structure des ménages revèle la prépondérance des grands foyers de 5 personnes ou plus (46,5% des ménages) en comparaison des foyers d’une personne qui constituent 5,5% de l’ensemble des ménages. 

16,2% des ménages (1.181.000 ménages) sont dirigés par des femmes. Ces foyers révèlent une grande précarité.

Parmi les femmes chef de ménage, 56% sont veuves, et 14% sont divorcées. 64% sont analphabètes, 5% ont un niveau d’éducation supérieur. 70% sont inactives et 3% sont au chômage. 20,6% de ces ménages sont constitués d’une seule personne, donc dans la grande majorité, les femmes chefs de ménage ont une ou plusieurs personnes à charge. 

Amélioration des conditions d’habitation mais 5,6% habitent un bidonville

La part des Marocains habitant dans un habitat sommaire ou bidonville recule de 8,2% à 5,6%. Celle habitant dans une maison traditionnelle passe de 8,1% à 4,8%. 65,9% des marocains vivent dans une maison marocaine moderne. 

Les logements sont plus spacieux qu’il y a 10 ans. La proportion de logements 3 pièces passe de 59% à 63,5%. 

Les logements sont mieux équipés en équipements de base. La proportion de ceux raccordés au réseau d’eau potable est en progression notable, passant de 57,5% en 2004 à 72,9% en 2014.

Cependant, un grand effort reste à faire en milieu rural où le taux de raccordement demeure à 38% contre 18% en 2004. Il est de 91% en milieu urbain. L’évacuation des eaux usées par le réseau public est prédominante en milieu urbain (88,5% contre 79% en 2004). En milieu rural, les fosses sceptiques (50%) et les puits perdus (21%) sont plus largement utilisées.

Le raccordement électrique est quasi-généralisé en 2014 à 91,9%. En 2014, 94,4% des ménages disposent d’au moins un téléphone portable (contre 66% en 2004), 25% possèdent un ordinateur, et près de 20% ont un accès Internet. 93% possèdent une télévision, et 84% une antenne parbolique (contre 34% en 2004). 


Depuis 2004, on assiste au vieillissement du parc de logements. La part des logements de plus de 20 ans a connu une progression passant de 50% à 58% en 10 ans.

 

rgph_fr
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