Bourse. Les effarants chiffres des sociétés introduites en 2006-2008

Une analyse portant sur presque 70% des introductions à la bourse de Casablanca entre 2006 et 2008 relève des éléments alarmants: fortes contractions des valeurs des entreprises introduites, écarts de résultats exorbitants par rapport aux business plans et rendements extrêmement faibles.  

Bourse. Les effarants chiffres des sociétés introduites en 2006-2008

Le 2 octobre 2015 à 16h35

Modifié 11 avril 2021 à 1h03

Une analyse portant sur presque 70% des introductions à la bourse de Casablanca entre 2006 et 2008 relève des éléments alarmants: fortes contractions des valeurs des entreprises introduites, écarts de résultats exorbitants par rapport aux business plans et rendements extrêmement faibles.  

L’étude de 18 introductions sur les 25 qu’a connue la période 2006-2008 (à l’exception de la Samir, qui fait partie de l’étude mais qui a été introduite en 1996) dévoile des éléments très inquiétants. Cette analyse a été effectuée par un financier connu qui a préféré garder l'anonymat et qui l'a transmise à Médias 24.

Sur les 18 introductions - dont quelques noms bien connus de la place comme Alliances, Addoha ou la Samir- 16 ont vu leur valeur baisser.

Ainsi, la valeur globale (corrigée des augmentations sur capital) des 18 introductions est passée d’un peu plus de 68 milliards de DH au moment de l’introduction,  à près de 36,3 milliards de DH au 02 Octobre 2015, soit une perte de valeur de près de 32 milliards de DH, et une moyenne de 47% de perte sur la valeur d’origine.

Les pertes de valeur les plus considérables concernent:

-Mediaco, avec une perte de 94% de sa valeur d’introduction,

-Alliances Développement (-94%),

-la société nationale d’électrolyse et de pétrochimie SNEP (- 92%),

-M2M (-78%),

-et la Samir (-72%).

En valeur absolue, ce sont les sociétés immobilières Alliances, la CGI et Addoha; ainsi que la Samir, Atlanta, Delta Holding et la Snep qui ont affiché les plus grandes pertes.

En effet, leurs pertes à elles seules constituent 94% des pertes globales constatées par l'étude.

A noter qu’avec la suspension de la cotation de la CGI et de la Samir, le calcul de la valeur actuelle s’est basé sur la base de leurs derniers cours qui seront certainement corrigés à la baisse.


Seules Salafin et Label Vie sortent du lot. En effet, Salafin a pu approximativement maintenir sa valeur d’origine (1,58 milliard de DH au 02/10/2015 au lieu de 1,6 milliard de DH à son introduction en 2007). Label Vie a pu, quant à elle, enregistrer une hausse de sa valeur de 12% (3,3 milliards de DH au 02/10/2015 au lieu de 2,95 milliards de DH à son introduction en 2008).

Autre fait ahurissant qui sort de cette analyse: Les grands écarts entre prévisions (business plan) et réalisations sur les résultats des 18 introductions sujettes à cette analyse (hors la Samir, vu l’absence d’informations suffisantes à son sujet).

Tout d’abord, il importe de signaler que les résultats prévisionnels utilisés dans cette étude émanent des notices d’information ou des communiqués de révision du business plan, mais voilà le hic: les données du business plan communiquées dans ces notices s’arrêtent au mieux en 2010 ou 2011.

La comparaison s’articule donc autour des prévisions du cumul des résultats des trois dernières années du business plan publiés dans les notices d’information, et le cumul des résultats des années 2012, 2013 et 2014. Et l’écart est énorme: 63% en moins par rapport à la globalité des prévisions. Avec l’effet temps, cela fait à peu près 85% d’écart moyen. Les sociétés immobilières (Addoha, Alliances et CGI) et Atlanta Assurances contribuent à hauteur de 80% de cet écart en valeur.

En conséquence, c’est le rendement et la distribution des dividendes qui se trouvent gravement influencés. En effet,  c’est une tendance de faiblesse du rendement ou d’absence de rendement qui règne sur la place, avec seulement deux entreprises (Salafin et Microdata) qui génèrent des rendements corrects et raisonnables.

Ces évolutions alarmantes posent les questions de responsabilité. A vrai dire, chaque acteur du jeu en détient une part, selon l’étude: les évaluateurs, les dirigeants, les organismes de placements, les commissaires aux comptes, la bourse des valeurs de Casablanca… bref, tous les maillons de la chaîne.  

Ceci dit, la plus grande part de responsabilité incombe aux banques d’affaires évaluatrices des introductions en bourse,  et dans une moindre mesure, le CDVM qui distribue son visa.

Sur les 74 sociétés cotées en bourse au 02/10/2015, seulement 1/3 (23 sociétés) ont gagné de la valeur sur les 5 dernières années, tandis que les deux tiers (51 entreprises) ont enregistré des régressions de leur valeur toujours sur les 5 dernières années. Il importe alors d’analyser plus en détail les rouages de ces performances et de ce désordre inquiétants.

Il est même proposé d’ajouter un autre axe d’analyse: les évaluateurs des sociétés cotées pour identifier ceux qui ont été plus laxistes.

L'auteur de l'étude propose d'ailleurs d'étendre à toutes les entreprises cotées, une disposition que Bank Al Maghrib applique aux banques: changer de commissaire aux comptes tous les trois ans.

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