Dans un courrier envoyé à la direction de son parti le 15 septembre et rendu public le 18 septembre, Loubna Amghar indique que «la victoire d’Ahmed Idrissi à Gzénaya est due à sa puissance financière et à son manque d’éthique».

Loubna Amghar responsable du parti à Tétouan a été exclue du processus de validation des investitures électorales sur Tétouan pour les élections du 4 septembre dernier «alors que c’est mon rôle» souligne-t-elle.

Pour les élections communales et régionales du 4 septembre, Ahmed Idrissi était responsable des investitures électorales pour le PAM sur la région. Son supérieur hiérarchique est Ilyas El Omari.

Pour les communales, ce dernier s’est présenté dans une petite commune d’Al Hoceima et a été élu avec moins de 200 voix, son unique concurrent ayant retiré sa candidature à la veille du scrutin.

Pour les régionales, sa candidature était bien sûr présentée dans la totalité de la préfecture et a réuni un grand nombre de voix puis par le jeu des alliances partisanes et avec les voix du RNI membre de la coalition gouvernementale, El Omari se retrouve aujourd’hui président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Le PAM seul, avait obtenu 18 sièges, ce qui le plaçait en tête de tous les partis.

Ahmed Idrissi qui a rejoint le PAM depuis les élections communales de 2009 est réputé pour son nomadisme politique. Il est aujourd’hui membre du conseil national du PAM tout comme Loubna Amghar dirigeante du parti à Tétouan jusqu’à sa démission.

“Je n’ai pas voté pour le PAM le 4 septembre dernier“

Dans un entretien à Médias 24, Loubna Amghar révèle qu’elle n’a pas voté pour le PAM le 4 septembre dernier. «Je devais valider les candidatures mais on m’en a empêchée. Je ne suis pas contre Idrissi, poursuit-elle, mais il a aussi validé des candidats réputés pour leur nomadisme politique».

«Si Ilyas El Omari dit que Loubna doit prouver que Idrissi a utilisé l’argent, que voulez-vous que je vous réponde? Il n’utilise pas l’argent et donc les gens ont voté pour lui pour son influence, ses pratiques, sa réputation. Je vous le dis de manière ironique et je dis à Ilyas: “Toi tu sais, et moi je sais ce qu’il y a“. J’étais dedans. Ma démission, comme me l’ont dit des dirigeants du parti, a choqué et les raisons invoquées étaient sévères mais sincères et franches».

Loubna Amghar qui a démissionné des instances régionales et nationales du PAM a adressé un courrier à Mustapha Bakkoury, Ilyas El Omari, Farid Amghar, Souhaila Riki et Hakim Benchamas. Loubna Amghar revendique le soutien de Hakim Benchamas dans cette affaire de démission. «Il a parlé de “honte“ indique-t-elle à Médias 24. Elle qualifie ses relations avec Fatima Saïdi, Souhaila Riki et Rajae Azami de “bonnes“.

Dans ce courrier, Loubna Amghar  informe les dirigeants du PAM de sa décision de «ne plus suivre des décisions clandestines et superficielles en l’absence de toute participation ou démocratie interne». Loubna Amghar ajoute que sur le plan régional, "la force financière d’Ahmed Idrissi, responsable régional des élections a été plus puissante que tout principe d’organisation».

“La gestion du PAM au Nord est une erreur “

Son courrier posté sur Facebook a été «liké» par plus de 1.000 internautes et partagé plus de 250 fois en quelques heures.

Elue à l’unanimité de la direction du parti à Tétouan en 2010, Loubna Amghar revendique la création de forums pour les femmes, les jeunes, les étudiants, les médecins, les avocats et les professionnels et les commerçants.

«Ilyas était contre moi au début, indique-t-elle. Il m’a dit que Tétouan était une ville conservatrice qui n’aime pas les femmes». «Malheureusement, je pense aujourd’hui que la gestion du PAM au Nord a été une erreur. C’est pareil à Marrakech ou au Sahara. Talbi Alami (RNI) a été derrière l’élection d’Ilyas à la tête de la région», affirme Loubna Amghar. 

Un soutien qui pourrait expliquer les tergiversations électorales de Talbi Alami et du Rassemblement national des indépendants en rapport avec les élections à la mairie de Tétouan et pour la présidence de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima

Dans ses déclarations à Médias 24, Loubna Amghar a indiqué qu’elle ne souhaitait pas que «la démission et le contenu de son courrier soient instrumentalisés contre le parti et ses dirigeants».

Loubna Amghar a rappelé également ses critiques contre le parti au moment de l’affaire Soumaya Benkhaldoune. Le PAM avait tenté d’exploiter politiquement la vie privée de la ministre. J’étais contre ce que le parti a dit contre Soumaya Benkhaldoune. «A un moment, indique Loubna Amghar, Ilyas m’a dit «tu dois changer». «Moi c’est moi» rappelle-t-elle. Ces mots figurent en tarifit sur sa page d’accueil du réseau social Facebook.