Où on a découvert un peu mieux les chantiers et le bilan de la santé publique et un peu plus l’être humain qui se cache derrière le ministre. Dommage qu’il communique si peu. Florilège.

1. Bouya Omar. “Avant la fameuse opération Al-Karama [la dignité], j’ai visité Bouya Omar cinq fois incognito. J’ai vu des Marocains qui étaient enchaînés depuis de longues années, depuis 19 ans dans le cas de l’un d’entre eux. Un jeune enchaîné me demande : si c’est une prison, dites-le moi et dans ce cas, combien me reste-t-il à purger, je viens de passer un an“.

L’opération Al-Karama (Bouya Omar), ce n’est pas du populisme, c’est l’application des principes des droits de l’homme et également de notre plan national contre les maladies mentales“.

29 des malades évacués de Bouya Omar ont été récupérés par leurs familles, après traitement, à la demande de ces dernières.

Le malade mental ne doit pas être stigmatisé.

Un Marocain sur deux (48,9% selon une enquête que le ministre a citée sans en donner les références), a fait, fait, ou fera un épisode mental ou psychique au cours de sa vie.

2. Infrastructure de santé publique. 74 établissements ont été créés et lancés entre 2012 et 2014, comprenant plus de 1.600 lits.

D’ici fin 2015, un programme de mise à niveau des équipements de la santé publique sera lancé, il nécessitera 948 MDH.

3. Le monde rural. Il ne doit pas rester le parent pauvre de la politique de santé publique. “À la campagne, l’hôpital doit aller vers le malade et pas l’inverse. Chaque  grand hôpital régional ou CHU doit avoir son annexe mobile. Le ministère a lancé une expérience dans le Haouz: un hôpital mobile de 30 lits, avec son scanner, son échographe, ses urgences, deux blocs opératoires, un service d réanimation, et climatisé en plus.

4. Le piston, le népotisme, le favoritisme. “Lorsque je ne serai plus ministre, je créerai une association contre les interventions“. Louardi est intarissable sur le sujet.

“J’ai accompagné un jour Sa Majesté au cours d’une visite dans la région de Ouarzazate. Une jeune femme médecin tenait son bébé de trois mois et s’occupait des dialysés de la région. Elle était là bas depuis trois ou quatre ans, sa deuxième fille était confiée à la garde de sa mère dans une grande ville du nord du pays, elle s’occupait des dialysés en pleurant. Elle ne voulait pas, ne pouvait pas les laisser, ils avaient trop besoin d ‘elle. Elle n’avait pas de piston pour être mutée et remplacée et avait trop de cœur pour abandonner ses malades“.

“La répartition du personnel de la santé n’est pas équitable. Ceux qui ont des appuis obtiennent des affectations dans les grandes villes.  À Rabat, il y avait cinq oncologues dans un hôpital qui ne recevait ni ne traitait les cancéreux. Il est impossible d’améliorer la santé sans les ressources humaines, et il est impossible de gérer les ressources humaines avec ce manque d’équité“. 45% des professionnels de la santé travaillent entre Casablanca et Rabat.

Au final, la santé publique n'est rien d'autre qu'un microcosme du Maroc.