Le 29 avril dernier, l'hôpital pour enfants de Rabat a accueilli une jeune fille, victime d'un accident, et dont l'état de mort encéphalique a été confirmée et validée. Ses organes ont été extraits en vue d'être transplantés chez d'autres patients en attente, après accord de la famille de la défunte.

"Nos services ont été alertés à 17h. A ce moment même, nous avons commencé la préparation du patient receveur. Les équipes médicales ont procédé à l'extraction du foie de la patiente en état de mort encéphalique", nous apprend Dr Abdelkader Errougani, directeur du CHU Ibn Sina de Rabat, et de poursuivre: "l'opération a duré plusieurs heures. Elle s'est déroulée entre 19 heures et 2 heures, et a nécessité la mobilisation de plus d'une vingtaine de médecins, formés en plusieurs équipes, entre chirurgiens de différentes spécialités, instrumentistes, infirmiers, anesthésistes...etc. Une coordination minutieuse orchestrée par une coordinatrice de la greffe, formée à cet effet." 

La communication du CHU Ibn Sina nous apprend que le patient ayant bénéficié de la greffe est actuellement dans un état stable. Dr Anouar Cherkaoui, chargé de la communication nous éclaire également sur les autres greffes qui ont été effectuées à partir de la jeune patiente en état de mort encéphalique: "Au lendemain de la greffe du foie, un rein a été transplanté chez un autre patient. L'autre rein a été envoyé à Casablanca où se trouvait un patient qui avait besoin d'une transplantation rénale. Les cornées ont également été prélevées."

La greffe du foie a été réalisée dans un délai record, car contrairement à la durée de préservation du rein qui peut aller jusqu'à 72 heures, celle du foie est réduite à 10 heures.

Avec cette greffe du foie réalisée par une équipe de médecins exclusivement marocains (les autres opérations du genre ont été effectuées avec l'appui d'une équipe de médecins français), le Maroc montre qu'il a les compétences requises pour lancer un programme national de greffes du foie et du rein. 

C'est d'ailleurs ce que nous explique Dr Abdelkader Errougani: "le Maroc a, depuis les années 90, effectué des opérations de greffe du rein à partir de donneurs vivants, proches du patient. Aujourd'hui, on veut mettre en place un système qui permet d'effectuer des greffes à partir de personnes en état de mort encéphalique. Ce type d'intervention permet de sauver plus de vies, car plusieurs organes peuvent être prélevés; cornée, foie, reins, cœur, poumon, moelle et pancréas... et greffés chez les patients qui en ont besoin."

En ce qui concerne la greffe du foie, l'Etat a tout à gagner à promouvoir et à sensibiliser les Marocains à la cause. Sur un plan économique, "l'hospitalisation en France pour une greffe du foie coûte environ 200.000 euros, tandis que cette même opération au Maroc ne dépasse par les 600.000 dirhams" a déclaré le Dr A. Errougani dans un entretien accordé à Médias 24. Sur ce même point, notre source nous apprend que le traitement de l'insuffisance rénale s'avère plus onéreux que la transplantation.

Toutefois, les chirurgiens réclament un effort supplémentaire de la part du ministère de la Santé, afin de doter les services hospitaliers universitaires des moyens nécessaires pour mener à bien ce programme national de greffe à partir de personnes en état de mort encéphalique.