Günter Grass s’entretient avec Pierre Bourdieu, un document exceptionnel
Suite à la disparition de l'écrivain allemand Günter Grass, un entretien avec Pierre Bourdieu sera rediffusé ce soir sur Arte.
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H.M.
Le 15 avril 2015 à 12h57
Modifié 15 avril 2015 à 12h57Suite à la disparition de l'écrivain allemand Günter Grass, un entretien avec Pierre Bourdieu sera rediffusé ce soir sur Arte.
En novembre 1999, quelques jours avant que Günther Grass ne reçoive le Prix Nobel de littérature, une rencontre souhaitée depuis longtemps par les deux protagonistes est organisée par la chaîne Arte.
L’un est considéré comme la conscience morale de la littérature allemande d’après-guerre, l’autre comme l’un des acteurs principaux de la vie intellectuelle française du siècle dernier.
Le sociologue français rend visite au romancier allemand dans son atelier de Lübeck pour un échange tout sauf convenu. Les deux penseurs échangent sur les vicissitudes du monde, analysent les dérives libérales et fustigent la propagation de la «pensée unique».
« Nous racontons l’Histoire vue d’en bas »
« Il est relativement rare qu’un sociologue et un écrivain se rencontrent. Chez nous, en Allemagne, il est plus fréquent que les philosophes se rassemblent dans un coin de la pièce, les sociologues dans un autre et que les écrivains, en froid les uns avec les autres, se retrouvent dans l’arrière-boutique. Un échange comme celui que nous avons est l’exception. Lorsque je regarde votre livre La misère du monde et mon ouvrage Mon siècle, je réalise que quelque chose nous réunit dans le travail : nous racontons l’Histoire vue d’en bas. Nous ne parlons pas par-dessus la tête de la société, nous ne prenons pas le point de vue des vainqueurs de l’Histoire. De par notre métier, nous sommes notoirement du côté des perdants, de ceux qui sont en marge, des exclus de la société », dira Günter Grass à Pierre Bourdieu.
L’écrivain allemand, principalement connu pour Le Tambour, publié en 1959 et dont l’adaptation filmique reçut la Palme d’Or à Cannes en 1979 et l’Oscar du meilleur film, en 1980, ne manquera pas de déplorer « les méfaits du néo-libéralisme », exprimant son souhait d'ouvrir à nouveau « l'universalisme et le dialogue culturel hérité des Lumières ».
La révolution néo-libérale est une révolution conservatrice
Pierre Bourdieu rétorquera que le « sentiment que nous avons d'avoir perdu la tradition des Lumières est lié au renversement de toute la vision du monde qui a été imposée par la vision néo-libérale, aujourd'hui dominante. Je pense que la révolution néo-libérale est une révolution conservatrice, et une révolution conservatrice est quelque chose de très étrange : c'est une révolution qui restaure le passé et qui se présente comme progressiste, qui transforme la régression en progrès. Si bien que ceux qui combattent cette régression ont l'air eux-mêmes régressifs. Ceux qui combattent la terreur ont l'air eux-mêmes terroristes ».
Ce documentaire exceptionnel de 58 min réalisé par Franck Dieter sera rediffusé ce mercredi 15 avril à 23h35 (heure du Maroc). La chaîne franco-allemande diffusera dès 22h05 un documentaire d’1h30 sur la vie Günter Grass, son rôle très actif dans le monde artistique et son engagement politique.
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