Médias 24 : Les premiers résultats du recensement de 2014  font ressortir une baisse de la taille des ménages et une hausse de leur nombre. Comment expliquez-vous ces deux tendances?

La taille des ménages marocains a baissé de 12% au cours des 10 dernières années et de 23% au cours de 20 dernières années.

Il s’agit là d’une transformation majeure et structurelle de la famille et de la société marocaine. Cette chute est due essentiellement à des facteurs économiques et sociaux.

L’une des conséquences directes de cette tendance est justement la hausse du nombre des ménages,  qui a augmenté de 29% au cours des 10 dernières années et de 65% au cours de 20 dernières années.

Cette hausse des ménages a été plus forte dans les villes où le nombre de ménages a pratiquement doublé au cours des 20 dernières années (90%).

M24 : Quelles en sont les conséquences en termes de besoins?

Cette hausse du nombre de ménages va engendrer des besoins  sociaux et en équipement très importants, particulièrement en logements. Ce qui va rendre les villes encore plus grandes en termes des surfaces occupées grâce aux extensions urbaines nécessaires pour construire plus de logements.

En 2004, le nombre de ménages qui s’ajoutait chaque année dans les villes a été de 100.000 ménages. Ce nombre est passé à 151.000 en 2014 et il va passer à 231.000 en 2024.

Cette nouvelle donnée est très importante en vue d’opérer des planifications urbaines très rationnelles des villes et ainsi accueillir les milliers de ménages qui arriveront chaque année aux villes de l’intérieur et de l’extérieur.

M24 : 60,3% de la population vit en milieu urbain, contre 55,4% en 2004. Comment expliquez-vous la hausse du taux d’accroissement de la population urbaine ?

Effectivement, après la décélération constatée en 2004 dans la démographie des villes, le recensement de 2014 révèle une reprise de la vitesse de croissance démographique urbaine, alors que les observateurs s’attendaient à une accentuation de la décélération démographique des villes comme suite logique des chiffres de 2004.

Le taux d’accroissement de la population urbaine est passé de 2,1% entre 1994 et 2004 à 2,2% entre 2004 et 2014. Ce revirement est du à deux facteurs: l’intégration des centres périphériques des villes suite aux extensions massives des villes au cours des dix dernières années et l’effet de migration interne.

M24 : Les premiers résultats du recensement révèlent aussi le poids dominant d’une dizaine de pôles urbains qui abritent plus de la moitié de la population…

Il s’agit là d’une donnée importante, sachant que l’armature urbaine se compose de plus de 250 villes de différentes tailles. Les dix premières villes du royaume concentrent près de l’accentuation 52,8% de la population contre 53,6% en 2004 et 55,2% en 1994. Ces chiffres montrent un éclatement progressif de l’armature urbaine marocaine.

Sur les vingt dernières années, seules huit villes sont restées dans ce peloton. Deux grandes villes ont quitté ce groupe, il s’agit de Beni Mellal et Safi. Elles ont été dépassées par Oujda et Agadir.

Depuis 1982, le Maroc dispose d’une seule ville avec une démographique qui dépasse 1 millions d’habitat, à savoir Casablanca.

M24 : En revanche, cette tendance à la hausse n’est pas observée dans le monde rural où la croissance a été de -0,01%...

La population des compagnes est devenue stationnaire pour la première fois dans l’histoire du Maroc. Cette situation est due à des facteurs économiques et sociaux. La stagnation de la population n’a pas empêché le nombre de ménages d’augmenter.

La taille des ménages ruraux a elle aussi connu une baisse importante. Cette baisse a engendré une hausse de 13% de nombre de ménages ruraux.

M24 : Quelles sont vos projections à l’horizon 2024 ?

La population du Maroc à l’horizon 2024 va passer à 37,9 millions d’habitants (contre 33,76 millions d’habitants au 1^er septembre 2014, NDLR) avec un taux d’urbanisation de 67,8%.

La population des villes sera de 25,7 millions d’habitants tandis que le nombre total des ménages passera à 9,3 millions dont 6,9 millions seront dans les villes.

En 2024, le Maroc va avoir cinq villes avec une démographie qui dépasse le 1 million. Il s’agira de Casablanca avec 4,3 millions d’habitants, Tanger qui va devenir la 2^e ville du Royaume avec 1,34 millions d’habitants, Fès comme 3^e ville avec 1,3 millions d’habitants, Marrakech comme quatrième ville avec 1,14 millions d’habitants et Salé avec 1,1 millions d’habitants.