La société civile en colère contre l’état des cimetières à Tanger-Tétouan

Les associations  Al Boughaz, Abdallah Guennoun,  Marshan de Tanger et Tétouan- Asmir ont dressé un état alarmant des cimetières de la région: saleté, absence d’entretien et de sécurité, absence de normes et grande absence du respect dû à nos morts.

La société civile en colère contre l’état des cimetières à Tanger-Tétouan

Le 22 mars 2015 à 8h14

Modifié 22 mars 2015 à 8h14

Les associations  Al Boughaz, Abdallah Guennoun,  Marshan de Tanger et Tétouan- Asmir ont dressé un état alarmant des cimetières de la région: saleté, absence d’entretien et de sécurité, absence de normes et grande absence du respect dû à nos morts.

Juridiquement soumis à l’autorité des communes et du ministère des Affaires islamiques, les cimetières musulmans de Tanger et de Tétouan n’ont ni bonne mine, ni bonne presse.  Mais ceci n’est pas une exclusivité régionale: «Le problème est national» ont tenu à souligner différents intervenants lors d’un colloque tenu à Tanger samedi 21 mars.

S’agissant de la ville de Tanger, le vice–président de la commune, et également membre d’Al Boughaz, Hassan Semlali (RNI) a rappelé les responsabilités et les chiffres. «Ce sont les communes et le ministère des Affaires islamiques qui doivent veiller à la bonne gestion et au bon état des cimetières, mais l’échec est patent».

Tanger compte 36 cimetières répartis sur les quatre arrondissements de la ville ainsi que 21 petits cimetières de quartier ou relevant de zaouiyas comme Bouarrakia ou Sidi Masmoudi.

«Toute gestion religieuse, patrimoniale ou architecturale est absente» a constaté l’élu qui a rappelé que les cimetières occupent une superficie de 70 hectares dans la ville, une superficie somme toute «gérable». A titre d’exemple, la zone industrielle de Moghogha occupe 120 ha, la Tanger Free Zone 500 ha. En 2014, 3.994 décès ont été enregistrés à Tanger.

Selon un intervenant, «les cimetières ne sont pas tous dotés de registres et beaucoup d’enterrements sont réalisés en dehors de la loi». «Faire creuser une tombe relève souvent du racket et les mêmes qui creusent des tombes sont parfois ceux qui utilisent le cimetière pour vendre de la drogue ou y boire à l’abri des regards», a souligné le chercheur et représentant de l’association Marshan Mohamed Amine Ben Affan.

Tanger a démarré l’an dernier un projet de cimetière-pilote dans le quartier de Mesnana. Celui-ci doit être doté d’un centre de médecine légale, d’une mosquée, de toilettes, de l’éclairage et d’un service d’entretien et de gardiennage.

 Un autre projet est dans les cartons pour le quartier de Béni-Makada. Mais l’annonce de ces projets ne suscite que scepticisme au vu de l’état de déliquescence dans lequel se trouvent les cimetières actuels.

Rénovation et destructions à Sidi Bouarrakia à Tanger

Le professeur et fondateur de l’association Tétouan-Asmir Mhammed Benaboud a donné l’exemple du cimetière de Sidi Bouarrakia situé sur l’avenue Hassan II de Tanger où son père Chérif Mhammed Benaboud  a été enterré il y a 64 ans.

Le professeur Benaboud a vivement dénoncé que dans le cadre de la rénovation de la zaouiya du saint de Tanger, plusieurs tombes ont été détruites «notamment parce que les gestionnaires actuels des lieux, des wahabites, veulent imposer des tombes seulement marquées d’une pierre».

 Le Pr. Benaboud a critiqué que le rite malékite ne soit pas respecté et que des tombes de personnages de l’histoire du Maroc soient ainsi profanées.

Le sujet est très symbolique et émotionnellement chargé. Chérid Mhammed Benaboud, père du Pr. Benaboud, était en mission au Pakistan en 1951 pour le compte du mouvement national marocain lorsque l’avion à bord duquel il se trouvait s’est écrasé.

 Ne pouvant être à l’époque être enterré à Tétouan sur interdiction des autorités coloniales espagnoles, Chérif Mhammed Benaboud a dû être enterré dans le Tanger International après un transit par Le Caire, Tunis et Alger. Le Pr. Benaboud est né quelques semaines après le décès accidentel de son père.

Les cimetières sont devenus synonymes de délinquance

Le Pr. Lotfi Chraïbi a pour sa part constaté «qu’au lieu de rendre hommage à nos morts, les cimetières sont devenus synonymes de délinquance». «Parfois on a peur d’aller au cimetière», a-t-il rappelé. «Leur aspect religieux et humain est violé tous les jours».

 «Leur perception chez les citoyens est très mauvaise», a-t-il asséné. «Il n’existe aucune règle, aucune gestion des funérailles. Même les tracés originaux des tombes ne sont pas respectés, les espaces des allées ne sont pas respectés. Il n’existe de cahier des charges pour rien au niveau des cimetières».

Pour le Pr. Rami Khalid de Tétouan-Asmir «les problèmes vécus à Tétouan sont similaires à ceux de Tanger». «A Tétouan, le cimetière chrétien est un jardin, le cimetière juif est un jardin et le cimetière musulman ne ressemble à rien», a-t-il indiqué.

 «Pourtant, a rappelé K. Rami,  le principal cimetière musulman  de Tétouan est vieux de cinq siècles. Le fondateur de la ville Al Mandri y est enterré ainsi que le leader nationaliste Abdelkhalek Torrès».

Pour Khalid Rami, «ce n’est pas une question d’argent mais une question de priorités locales et de valeurs. De l’argent est donné à des associations et aux clubs de football mais les cimetières sont plus que négligés. Ce n’est pas une priorité».

 Ce que le Pr. Benaboud a rappelé à sa manière: «Nos cimetières posent un problème de gouvernance et de mauvaise gestion des communes et du ministère en charge. Les cimetières sont aussi victimes des trafics fonciers en tous genres», a-t-il dénoncé.

«Nos cimetières ne disposent pas de toilettes, pas d’espaces couverts pour protéger du soleil en été et de la pluie en hiver pour la présentation des condoléances», ont rappelé des intervenants de Tanger et de Tétouan. Les cimetières constituent un reflet des valeurs d’une société.


 

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