Emirats Arabes Unis, la puissance discrète

Progressivement Abou Dhabi devient l’allié numéro 1 des Etats-Unis dans le monde arabe. Les Emirats Arabes Unis et le Maroc se rapprochent à grande vitesse. Le Prince Héritier entame mardi une visite officiele au Maroc.

Emirats Arabes Unis, la puissance discrète

Le 16 mars 2015 à 19h41

Modifié 11 avril 2021 à 2h36

Progressivement Abou Dhabi devient l’allié numéro 1 des Etats-Unis dans le monde arabe. Les Emirats Arabes Unis et le Maroc se rapprochent à grande vitesse. Le Prince Héritier entame mardi une visite officiele au Maroc.

Depuis 2012, Mohammed VI s’est rendu trois fois à Abou Dhabi. La dernière fois, fin 2014, il y est resté près d’un mois. Si Tanger se rêve parfois comme Dubaï, le Maroc se rêve-t-il parfois en Emirats arabes unis (EAU)?

Les ambitions du Maroc font parfois penser aux succès de Dubaï et d’Abou Dhabi. En termes de richesses et de qualité de vie, les Emirats n’ont rien à envier aux autres. Seul bémol: les menaces sur leur sécurité. Ce pays se trouve dans une région instable et dangereuse marquée par des guerres civiles, une course permanente aux armements, Israël à l’ouest, l’Iran à l’est, Daech au nord et les Houtis au sud. C’est par où la sortie?

Allié numéro 1 du Maroc?

Maroc et EAU ont depuis les années 1980 développé des liens étroits.  Cela a commencé par la sécurité avec des accords qui ont amené Rabat à contribuer à la formation des forces de police de la fédération née en 1971. Les EAU regroupent sept émirats dont ceux d’Abou Dhabi, Dubaï, Sharjah et Ras al Khaïma.

Entre l’époque où le général Lâanigri organisait la police d’Abou Dhabi et fin 2014, les événements politiques dans la région du Golfe et les affinités entre maisons royales ont fait le reste.

Premier événement-clé, l’invasion par les troupes de Saddam Hussein du paisible Koweit. Pour les pays du Golfe, ce fut le choc. Ils vivaient dans un environnement littéralement fou et incontrôlable. Irrationnel. La situation fut certes rétablie mais à un énorme coût financier, psychologique et politique.

Deuxième évènement perturbateur pour ces pays, les printemps arabes. Les manifestations de l’année 2011 révélèrent des revendications populaires légitimes d’égalité sociale et de démocratie.

Depuis 25 ans de fait, les relations bilatérales entre Rabat et Abou Dhabi se développent. Sécurité, investissements immobiliers ou industriels: la croissance est forte et régulière.

Cela avait commencé par la Somed mais très vite l’immobilier a pris le relais et aujourd’hui des fonds émiratis sont présents dans Maroc Télécom –et par ricochet dans 10 autres pays africains-, Médi 1 TV, Air Arabia, Taqa-JLEC ou Wessal Capital.

En septembre dernier, le fonds immobilier Aabar a ouvert une filiale à Casablanca pour préparer son entrée dans le projet de Wessal Casablanca Port, désormais chose faite avec l’inclusion de partenaires financiers saoudiens, qataris et koweitiens.

Abou Dhabi contribue des financements à l’extension de Tanger-Med mais également à l’amélioration de l’offre santé marocaine. Après la création de l’hôpital Zayed à Rabat il y a plus de 25 ans, cette semaine verra l’ouverture d’un hôpital ultra-moderne, un don émirati, à Casablanca. Il s’agit de l’hôpital Cheikh Khalifa. La création et la gestion de ces hôpitaux est encadrée par une loi spécifique votée en avril 2014 à Rabat.

Allié numéro 1 des Etats-Unis

Les évolutions de ces cinq dernières années dans le monde arabe et l’arrivée au pouvoir de Barack Obama à la Maison-Blanche ont également contribué à rapprocher Washington et Abou Dhabi. Comme le déclarait récemment le chef de la diplomatie émiratie Cheikh Abdallah Ben Zayed al Nahyan en visite dans la capitale américaine, «notre seuil de tolérance pour l’extrémisme est très bas».  Les Emirats ont pris la tête de la résistance arabe à l’essaimage frériste.

Contrairement à Ryad, Les EAU ne font aucune distinction entre groupes proches d’Al Qaïda et ceux proches de l’organisation de l’Etat islamique (EI).  Après la présidence George W. Bush (2001-2009),  B. Obama, Jo Biden, Hillary Clinton et John Kerry ont compris que le logiciel américain d’approche du monde arabe devait subir des évolutions même si cela crée des malentendus avec Le Caire, Tel Aviv ou Ryad.

Obama et ses collaborateurs ont admis et compris que dans le fonds, outre la sécurité, les Arabes, pour moitié âgés de moins de 35 ans, veulent du travail, des perspectives sociales et des sociétés plus libres.

A Abou Dhabi, où le pouvoir est fédéral et partagé entre les dirigeants des sept émirats, avec un avantage à Abou Dhabi et à Dubaï en raison de leurs ressources, les concepts d’ouverture, de tolérance et d’inclusion sont concrets. Plus qu’en Arabie saoudite par exemple, un royaume empêtré par ailleurs dan son rigorisme religieux, sa misogynie institutionnelle, son application inhumaine de la chariâ et sa compétition régionale avec Téhéran mais aussi Doha et Ankara.

Depuis le renforcement des menaces de l’IS en 2014, les EAU sont actifs pour se rapprocher des Etats-Unis. L’universitaire américaine et ancienne analyste de la CIA Lori Plotkin Boghardt considère que «les Emiratis ont un lobby actif à Washington et les EAU dépensent plus d’argent que n’importe quel autre pays étranger pour influencer la politique intérieure américaine».

L. P. Boghardt exagère peut-être un peu, mais Abou Dhabi ne doit pas être très loin de la pôle position en la matière.

Hors clichés

On l’oublie parfois parce que nos informations restent figées: Imaginez-vous que les EAU disposent d’une façade maritime supérieure à celle de l’Algérie? Leur population est supérieure à six millions d’habitants, presqu’autant que la Jordanie ou Israël, plus que le Liban, autant que la Libye,  trois fois plus que le Qatar.

Abou Dhabi dispose de ressources en gaz et en pétrole qui en font le 4e exportateur mondial. Dubaï fait partie du Top 10 des centres financiers mondiaux.

Le budget annuel de défense des EAU est supérieur à celui du Koweit, du Qatar, du Maroc ou de l’Algérie. Il a dépassé les 14 milliards de dollars en 2014.

C’est dans ce contexte, pour revenir au Maroc et aux EAU, que les deux pays ont décidé en octobre 2014, sans en fournir tous les détails, de resserrer leur coopération militaire. Depuis l’été dernier, des F16 marocains sont stationnés près de Dubaï et bombardent aux côtés des Emiratis et des membres de la coalition des cibles de Daech. Des conseillers militaires marocains sont présents dans les Emirats. Si l’IS menace les Lieux saints de l’islam, Dubaï et Abou Dhabi se sentent aussi menacés.

Mohammed VI accueille mardi le prince héritier des EAU et numéro 2 de l’armée émiratie. C’est le même qui recevait en février dernier à Abou Dhabi le général Abdelaziz Bennani. Le chef de la diplomatie émiratie Cheikh Abdallah Ben Zayed Al Nahyan de son côté louait il y a six mois «l’engagement du Maroc contre le terrorisme». «Le terrorisme, ajoutait-il, détruit les valeurs des Etats et les valeurs sociales, c’est une atteinte aux droits de l’homme. Il porte atteinte à leur sécurité et à leur héritage culturel et humain».

Valeurs politiques et intérêts d’affaires: de quoi forger une  alliance solide.

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