Fuite de capitaux du Maroc: 10 milliards de dollars en 10 ans

Le Maroc a enregistré près de 10 milliards de dollars de flux financiers illicites en 10 ans, selon un rapport du cabinet Global Financial Integrity (GFI).  

Fuite de capitaux du Maroc: 10 milliards de dollars en 10 ans

Le 22 décembre 2014 à 12h17

Modifié 11 avril 2021 à 2h36

Le Maroc a enregistré près de 10 milliards de dollars de flux financiers illicites en 10 ans, selon un rapport du cabinet Global Financial Integrity (GFI).  

Entre 2003 et 2012, le transfert illégal des devises marocaines à l’étranger s’est fait à un rythme fluctuant, selon ce rapport intitulé «Flux financiers illicites issus des pays en développement» et publié le 15 décembre. En clair, les fuites de capitaux les plus importantes au Maroc ont été enregistrées en 2005 et 2009, tandis que les plus faibles ont été enregistrées en 2001, selon la même source.

Plus précisément, les Marocains ont illicitement exporté 554 millions de dollars en 2003, 905 en 2004, 3486 en 2005, 681 en 2006, 612 en 2007, 412 en 2008, 1801 en 2009, 518 en 2010, 243 en 2011 et 763 en 2012. Au total, quelque 9977 millions de dollars ont ainsi quitté frauduleusement le pays en 10 ans, pour une moyenne annuelle de 998 millions de dollars, ce qui classe le Maroc à la 59e place sur les 145 pays concernés par le rapport.

690 millions de dollars de facturations frauduleuses

Au Maroc, les capitaux frauduleusement transférés à l’étranger proviennent principalement des facturations commerciales frauduleuses (Trade Misinvoicing Outflows) avec une moyenne annuelle de 690 millions de dollars, selon le rapport.  

Pour mémoire, l’administration marocaine a récemment pris des mesures pour un meilleur contrôle des changes, fixant le dernier délai de l’amnistie des changes au 31 décembre 2014. Le 1er janvier 2015, l’administration «mettra tous ses moyens en œuvre» pour traquer les fraudes. La loi marocaine stipule que l’on n’a pas le droit de frauder le fisc par un recours aux sous-facturations (à l’export) ou aux surfacturations (à l’import) pour garder des sous à l’étranger.

En attendant les montants (liquidités et biens) déclarés au titre de l'amnistie des changes ont déjà dépassé les dix milliards de DH en fin de semaine écoulée. Il s'agit bien des patrimoines déclarés et non des montants encaissés par l'Etat. D'ici le 31 décembre 2014, dernier délai pour les déclarations, le montant global devrait tourner autour de 11 milliards de DH, alors que l’objectif initial était d’atteindre 5 milliards de DH.

Selon les dernières statistiques de la Banques des règlements internationaux (BRI), les dépôts bancaires marocains à l'étranger ont connu une baisse de 450 millions de dollars en 2014.

Le Nigeria, champion Afrique

Au niveau mondial, la Chine arrive en tête des pays touchés par ce phénomène avec une moyenne annuelle de 125.242 millions de dollars, suivie par la Russie (97,386 millions de DH) et le Mexique (52.426 millions de dollars).

Au niveau continental, le Nigéria arrive en tête des pays africains touchés par ce fléau avec 157,46 milliards de dollars durant la décennie 2003-2012. Le premier producteur d'or noir et la première économie du continent est talonné par l’Afrique du Sud (122,14 milliards de dollars) et l’Egypte (37,68 milliards  de dollars).

Au niveau du régional, l’Algérie a enregistré la plus importante fuite de capitaux dans la région du Maghreb avec 15,75 milliards de dollars, suivie par la Libye (10,78 milliards de dollars), le Maroc (9,97 milliards de dollars) et la Tunisie (277 millions USD). Les données sur la Mauritanie ne sont pas disponibles.

Ces données démontrent que la fuite de capitaux freine le développement du continent et contredisent l'idée généralement reçue selon laquelle le continent profiterait de la générosité occidentale.

Des mesures pour réduire les flux illicites

Pour lutter contre ce phénomène, GFI recommande aux pays touchés par ce fléau de veiller à l’application stricte des réglementations anti-blanchiment déjà en vigueur et de renforcer  l’application des mesures douanières pour mieux détecter les facturations commerciales frauduleuses dans les échanges commerciaux entre les pays.

GFI préconise également de demander aux banques et aux paradis fiscaux de fournir régulièrement à la Banque des règlements internationaux (BRI) des informations détaillées sur les dépôts.

La BRI, une organisation internationale établie à Bâle et qui promeut la coopération entre les grandes banques centrales, pourrait ensuite être autorisée à diffuser largement ces informations bancaires auprès des pays d’origine et de destination concernés. Le rapport préconise enfin de s’attaquer au problème posé par les sociétés écrans ainsi que les fondations et sociétés d’investissement. GFI américaine suggère au Nations Unies de se fixer comme objectif de réduire de moitié des flux illicites d'ici 2030.

Basé à Washington, GFI œuvre à la promotion des politiques, des mesures de protection et des ententes nationales et multilatérales visant à freiner les mouvements transfrontaliers de capitaux illicites : corruption, contrebande, crime organisé et évasion fiscale.

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