Le problème de l’évaluation du montant global de l’évasion de capitaux ou des avoirs détenus illégalement par des Marocains à l’étranger se pose d’une manière récurrente. La seule solution est de consulter les statistiques d la BRI, la Banque des règlements internationaux, qui est une sorte de banque centrale des banques centrales.

La BRI agrège chaque trimestre les données provenant des 40 plus importants centres financiers de la planète, y compris les centres offshore.

Ces statistiques sont disponibles et publiques. Ce sont elles qui donnent l’idée la plus proche du volume des avoirs marocains à l’étranger et de leur évolution dans le temps.

Nous avons interrogé les statistiques pour isoler les dépôts effectués dans des banques étrangères par des Marocains non-résidents. Il peut s’agir d’un ressortissant Marocain résidant aux USA ou en Espagne et effectuant des dépôts au Canada, en Suisse ou au Luxembourg.

Il peut aussi s’agir d’argent marocain légal, ayant transité par des circuits bancaires transparents, muni d’une autorisation de l’Office des Changes, pour tel ou tel usage, y compris les investissements des personnes morales.

Cette statistique donne l’idée la plus proche de l’évolution des avoirs liquides détenus illégalement par les Marocains à l’étranger.

Voici les derniers chiffres disponibles, qui ont été rendus publics fin mars 2013 (en milliards de dollars) :

On constate une baisse de près de 450 millions de dollars entre décembre 2013 et mars 2014. L’amnistie des changes est-elle passée par là? Rien ne permet de l’affirmer. Et si oui, s’agit il de rapatriements ou de transferts vers des eaux plus discrètes ou des actifs oins visibles ? Car les statistiques de la BRI ne reflètent que les avoirs liquides.

Jusqu’à fin octobre, les avoirs déclarés dans le cadre de l’amnistie des changes avaient atteint 2 milliards de DH selon des sources informées. Le gouvernement espère encore atteindre 4 à 5 milliards de DH.

Le montant des dépôts de Marocains non-résidents relevé dans les statistiques de la BRI atteint 3,9 milliards de dollars à fin juin. Des banquiers marocains et étrangers consultés par nos soins estiment que cela rend vraisemblable le montant de 3,5 milliards de dollars comme montant probable des avoirs liquides marocains illégalement détenus à l’étranger.