L’édification de ce pipeline va complètement transformer l’industrie marocaine du phosphate. Ce nouveau mode de transport des phosphates changera la donne économique en conjuguant efficacité économique et respect de l’environnement.

Le coût d’extraction d’une tonne de minerai marocain est compris entre 10 et 12 dollars. A cette somme, il fallait ajouter un surcoût de transport ferroviaire entre Khouribga et Jorf Lasfar de 9 dollars/tonne (coût de revient final compris entre 19 à 21 dollars/T).

D’où l’idée de construire ce pipeline qui va diviser le coût du transport par dix en le ramenant à 1 dollar/tonne en lieu et place des 9 dollars.

Les gains de productivité seront énormes avec un coût de revient d’une tonne de phosphate arrivée au port de Jorf Lasfar qui baissera donc de 8 dollars/T.

La conséquence directe de ce projet monumental qui a coûté 4,5 milliards de DH sera que le minerai de phosphate marocain deviendra l’un des plus compétitifs de la planète en permettant à l’OCP d’améliorer ses marges et de peser aussi sur le marché mondial.

Il faut rajouter qu’hormis l’impact financier énorme, d’autres économies d’échelle verront le jour.

L’exploitation de ce pipeline va non seulement rendre le coût du transport dérisoire mais aussi réduire de 20% la pollution carbonique de l’activité, en évitant l’émission de 710.000 tonnes de CO2 par an.

L’OCP a calculé que ce mode de transport préservera l’utilisation de 3 millions de m3 d’eau/an et évitera une pollution atmosphérique de 78.000 tonnes de poussière.

Ce procédé écologique profitera aussi au pays tout entier en lui faisant économiser une énergie électrique consommée équivalente à la circulation de quelques 10.000 trains par an.

Soulignons qu’au départ de Khouribga, le minerai extrait se présente sous forme de boue constituée à 60% d’eau. Entre les 235 km qui séparent cette ville de celle de Jorf Lasfar, la différence d’altitude est de 800 mètres. Cette déclivité naturelle du terrain permettra à la boue de s’écouler naturellement par la force de gravitation, sans besoin de sources d’énergie propulsives.

L’acheminement du phosphate humide sous forme de pulpe via ce pipeline permettra de réaliser des économies substantielles en eau et en énergie. En effet, auparavant le transport par train nécessitait de sécher le phosphate, puis de le ré-humidifier à son arrivée pour être valorisé.

Ce bond technologique permettra à l’OCP de réaliser une meilleure intégration mine-chimie pour valoriser son minerai et même d’augmenter ses parts de marché. Ce groupe pourra réduire en cas de besoin sa production pour maintenir les cours mondiaux au prix qu’il jugera acceptable.

A l’horizon 2020, le complexe industriel Jorf Phosphate Hub (JPH) accueillera 10 nouvelles unités de production d’acide phosphorique et d’engrais qui accroîtra ses capacités de production.

Slurry pipeline transportera l’équivalent 38 millions de tonnes de phosphates par an, dont 10 millions seront exportés via le port de Jorf Lasfar mais l’OCP n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin.

En effet, il est prévu de construire un autre pipeline pour les gisements de Youssoufia et Benguérir en direction de Safi à l’horizon 2020.