Une rentrée atone, les opérateurs dans l’attentisme

Ramadan, puis les vacances d’août et maintenant la rentrée scolaire. Ni l’économie ni la consommation ne redémarrent, la trésorerie des entreprises souffre et les opérateurs sont dans l’attentisme. Tour d’horizon.

Une rentrée atone, les opérateurs dans l’attentisme

Le 14 septembre 2014 à 11h35

Modifié 14 septembre 2014 à 11h35

Ramadan, puis les vacances d’août et maintenant la rentrée scolaire. Ni l’économie ni la consommation ne redémarrent, la trésorerie des entreprises souffre et les opérateurs sont dans l’attentisme. Tour d’horizon.

Hormis les secteurs portés par une conjoncture favorable comme le tourisme et l’agriculture (fruits et légumes surtout), tous les regards se tournent vers l’Etat. Le projet de loi de Finances suscite une très forte attente: espoir de mesures sectorielles jugées indispensables (aviculture), de reprise des investissements de l’Etat ou de mesures en faveur de l’emploi des jeunes, attente du plan d'accélération industrielle.

>Jamal Belahrach, président CGEM de la commission emploi: L’emploi des jeunes est la seule clé

Pour ce spécialiste de l’emploi, la rentrée actuelle est quasi-atone. La cause revient à une économie mondiale malade qui rejaillit sur un Maroc, client et fournisseur de l’Europe et de la France en particulier qui ont restreint leurs commandes marocaines.

L’indicateur le plus révélateur de cette situation reste le problème de l’emploi auquel il faut remédier d’urgence. La mise en œuvre d’une loi de Finances 2015 adaptée à cette situation est fortement espérée. La prochaine loi de Finances doit être selon lui, l’expression d’une véritable stratégie pour améliorer la compétitivité aux entreprises.

On ne pourra pas faire l’économie d’une baisse du coût du travail dans l’industrie et les activités exportatrices.

Aujourd’hui, il faut consacrer un modèle économique social avec une approche pragmatique sur le dossier épineux du travail des jeunes qui reste le problème numéro 1 du Maroc.

Non seulement, la croissance actuelle ne crée pas assez d’emplois mais en plus, il y a pléthore de réformes à mener comme la loi sur le droit de grève qui doit sécuriser le secteur du travail.

Ma solution est de réunir d’urgence un sommet social sur l’emploi pour accorder nos violons avec le gouvernement et les syndicats pour fluidifier le dialogue entre partenaires sociaux.

Augmenter le pouvoir d’achat des salariés sans améliorer la compétitivité des entreprises marocaines à l’international n’a aucun sens et la meilleure illustration en est l’Espagne qui a connu une crise majeure et qui au prix de concessions douloureuses rebondit après avoir connu un taux de chômage record de l’ordre de 28%.

 

>Youssef Benmansour, président CGEM de la fédération de l’immobilier: La LF 2015 pour rebondir

Le moins que l’on puisse dire est que la présente rentrée économique s’annonce laborieuse du fait des agrégats économiques qui sont dans le rouge même s’il reste encore un trimestre pour rebondir.

La demande internationale en berne impacte négativement la demande intérieure marocaine.

Tous les opérateurs économiques sont dans l’expectative et le meilleur exemple en est le secteur du BTP qui n’arrête pas de souffrir.

L’économie est en stand by faute d’avoir une visibilité immédiate avec des réformes qui tardent à venir. L’avenir dépendra du choix de la politique économique choisie par le gouvernement en 2015.

Il faut absolument améliorer le climat de l’environnement des affaires pour rassurer les entrepreneurs dont le moral est en berne. Il faut aussi relancer les investissements publics car les coupes budgétaires ont été trop nombreuses ces deux dernières années.

 

>Mohamed Ouafi, membre du secrétariat général de l’UMT: Revenir à la table des négociations

Ni la reprise économique ni la reprise politique ne sont encore au rendez vous en cette rentrée du mois de septembre. Malgré les promesses du chef du gouvernement le 18 juin dernier de reprendre le dialogue social avec les centrales syndicales, rien n’a été respecté.

Benkirane a préféré faire cavalier seul sur le dossier des retraites sans se concerter ni même nous aviser. Il continue son one man show en nous écartant de cette réforme majeure qui constitue notre principale pomme de discorde.  

Le ramadan, les vacances, la rentrée scolaire et l’Aid qui s’annonce constituent beaucoup de dépenses pour les petites gens. La politique d’austérité menée actuellement par le gouvernement grève leur pouvoir d’achat même si pour certains secteurs d’activité, cela constitue une aubaine.

Nous attendons donc un projet de loi de Finances qui privilégie l’investissement public au profit des masses salariales car l’investissement est la clé de voûte pour relancer la croissance et l’économie.

L’action de Benkirane est en contradiction flagrante avec le dernier discours royal qui faisait état d’une répartition injuste des richesses au Maroc.

Le gouvernement n’a donc d’autre choix de revenir à la table des négociations sans quoi, il pourrait essuyer la colère des travailleurs et de leurs représentants syndicaux qui n’hésiteront pas à multiplier les appels aux mouvements de grève.

 

>Abdelhakim Marrakchi, président de la Commission coordination des Conseils d'Affaires à la CGEM: Un début poussif

Le début d’année a été assez poussif. Nous espérons que les choses se passeront mieux.  La demande est relativement soutenue pour tous les secteurs d’activité. Ça marche plutôt mieux que le premier semestre.

La rentrée est meilleure pour ce qui est des biens de consommation courante. La question qui mérite d’être posée concerne les biens de consommation durable. Sur ce point, je ne peux pas me prononcer car les choses prennent plus de temps pour démarrer. Il faudra attendre un peu car cela dépend davantage de la confiance des ménages, de l’épargne, ce sont des mécanismes plus longs. Cela dit, il ne devrait pas y avoir de changement brutal, sauf si y a une intervention au niveau de l’Etat sur le taux d’intérêt.

 

>Omar Mounir, vice-président de la Fédération interprofessionnelle des fruits et légumes (Fifel): très optimistes

Nous constatons qu’il y a une grande demande de part et d’autre, c’est-à-dire du marché intérieur et de l’Europe. Sur le plan de l’écoulement, il y a un vrai potentiel! De nombreux opérateurs étrangers se sont rendus au Maroc et essayent de trouver un financement. Ce qui fait que nous avons des débouchés.   

Plusieurs sociétés russes ainsi que des sociétés européennes qui travaillent en Russie s’intéressent au marché marocain des agrumes. Il s’agit d’une belle opportunité et nous avons l’espoir de faire une bonne année.

Sur le plan des prix, cela va dépendre de la situation en Europe, car les prix se déterminent en Europe, et non en Russie! Si les prix se stabilisent en Europe, nous aurons la possibilité de faire une campagne normale à bonne. Si les prix sont intéressants, la saison sera bonne à très bonne. Quoi qu’il en soit, nous sommes sûrs d’avoir au moins une campagne normale.  

Cela dit, il faut attendre les mois d’octobre et novembre pour se prononcer avec certitude, car ce sont les mois les plus déterminants pour les exportations des fruits et légumes. Si on fait un bon démarrage, la saison sera très bonne. Je suis optimiste, certes, mais je reste prudent. Car comme on dit, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.   

 

>Tourisme: rentrée chargée, tendance à la progression

La  rentrée s’annonce chargée pour la Confédération nationale du tourisme (CNT). Confortés par la tendance haussière de tous les indicateurs, les opérateurs, confiants, s’attendant à ce que cette lancée soit maintenue

Assises du tourisme, réunions avec les opérateurs et le ministère, Top Resa Paris, qui se tient la semaine prochaine… la rentrée démarre sur les chapeaux de roue pour la CNT. «Les assises, qui auront lieu le 29 septembre, sont le méga-événement de l’année. Nos commissions sont à pied d’œuvre pour la préparation et l’organisation de ce rendez-vous», nous déclare Ali Ghannam, président de la Confédération.

Côté indicateurs, arrivées et nuitées sont en hausse par rapport à 2013. Et, fait inhabituel, les recettes ont suivi elles aussi la tendance, bondissant à fin juillet de 4,3 % par rapport en comparaison avec la même période de l’année précédente.

En août, les hôteliers, à Marrakech, Tanger, Agadir, Saidia ou encore Essaouira, ont affiché complet, compensant le repli du mois de ramadan. «Les chiffres sont en effet prometteurs. J’espère que rien ne viendra perturber cette tendance», poursuit Ali Ghannam. La crainte d’un acte terroriste est palpable!

Même son de cloche du côté du ministère: en plus des assises du tourisme de la réforme du classement hôtelier et de tous les chantiers en cours, Lahcen Haddad devra gérer, dans les prochains jours, la grogne des opérateurs d’Essaouira suite à l’annonce de la suppression de la ligne Paris-Essaouira par RAM. A moins de trois semaines des assises, le programme n’a toujours pas été dévoilé, hormis trois grandes lignes: l’investissement, le financement et la territorialité de l’offre touristique.

 

>Métallurgie: dans l'attente de MHE

"La rentrée ? Comme avant les vacances", lance Abdelhamid Souiri, président de la fédération des Industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques.

Il faut dire que les métallurgistes attendent beaucoup de Moulay Hafid El Alamy, dont ils ont rencontré les équipes "de manière informelle, à plusieurs reprises".

Leur dernière rencontre remonte à il y a deux jours, et la prochaine "aura lieu la semaine prochaine", poursuit Souiri.

Au programme: l'élaboration d'un contrat-programme avec les pouvoirs publics, le renforcement des mesures de défense de l'industrie métallurgique nationale. Même si Souri "n'a pas encore de visibilité, pour le moment", sur ce qui attend le secteur, il reste optimiste, et "espère beaucoup du plan d'accélération industrielle de Moulay Hafid, car il y a urgence".

 

>Youssef Alaoui, président de la fédération du secteur avicole: Doigts croisés pour la loi des Finances

Le secteur est dans l'expectative. Le problème de cette rentrée n'est pas un problème de consommation, mais un problème de pouvoir d'achat. Un mal endémique, mais qui n'est pas le seul. Nous attendons beaucoup de la prochaine loi des Finances. Il est nécessaire d'injecter 1 milliard de DH dans la filière, et d’intégrer l'aviculture à la fiscalité agricole, car les aviculteurs sont considérés, fiscalement, comme ... des marchands de gros.

 

>Mustapha Sajid, président de l’AMITH: Une situation de stagnation pour le textile

Le secteur connaît une légère hausse, voire une stagnation. La satisfaction que l’on peut noter est le redressement du secteur par rapport à la même période de l’année précédente. Deux importants événements auront lieu le 15 octobre. Il s’agit du «Maroc in-mode» et «marocsourcing».

(par Samir El Ouardighi, Reda Zaireg, Hamza Mekouar, Bilal Mousjid et Mohammed Berrahou)

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