ZMapp serait-il le traitement miraculeux qui pourrait mettre un terme à la terrible épidémie du virus Ebola ébranlant l’Afrique de l’Ouest? De récentes recherches publiées dans la revue de référence Nature par une équipe de scientifiques anglo-saxons, semblent le confirmer et renferment de nombreux espoirs de la communauté médicale.

Ce traitement expérimental, présenté jusqu’à présent sous l’appellation “sérum secret“ en raison de l’absence de publications et d’analyses suffisantes le concernant, a été administré à une vingtaine de macaques infectés du virus mortel. Certains en étaient atteints depuis plus de cinq jours, apprend-on sur la BBC, stade très avancé de l’infection, chez cet animal. Tous les sujets ont survécu.

Ces résultats d’une importance capitale, remettent en cause l’hypothèse – prudente – selon laquelle le traitement ne doit être injecté qu’avant l’apparition des symptômes. Pour le Dr Gary Kobinger de l’Agence de Santé publique du Canada, interrogé par la station britannique, «cette amélioration est bien au-delà de nos attentes. J’étais très surpris de constater que cette combinaison (d’anticorps, ndlr.) ait permis de sauver des animaux atteints depuis cinq jours. C’est une excellente nouvelle,» ajoute le spécialiste optimiste.

Efficace pour l’homme ?

Si ces conclusions se révèlent on ne peut plus encourageantes, il reste légitime de s’interroger sur l’efficacité de ce sérum administré aux humains. Peut-on attendre des résultats comparables? Ces questions primordiales agitent désormais la communauté scientifique, acculée par cette épidémie inédite.

Avant la réalisation de ces tests sur des singes de laboratoire, le sérum ZMapp a été administré à titre expérimental à sept patients atteints de cette fièvre hémorragique. Deux personnes, un médecin libérien et un prêtre espagnol, n’ont pas survécu au virus contracté en Afrique, malgré le traitement. Les cinq autres ne présentent désormais plus aucun symptôme, souligne la BBC.

Les spécialistes indiquent par ailleurs que l’évolution de l’infection virale évolue à un rythme plus lent chez l’homme. Si Ebola devient mortel au bout de trois jours chez les macaques, suggérant ainsi un traitement urgent, il reste possible d’injecter le sérum ZMapp neuf à onze jours après la contraction du virus chez l’humain, tout en escomptant une certaine efficacité.

Un bémol est néanmoins souligné par le Dr Kobringer qui tient à rappeler «l’existence d’un point de non retour: le stade au cours duquel, les organes principaux ont subi de trop importants dégâts». A cette étape critique, les effets du sérum sont fortement questionnés.

Encore trop insuffisant

Cependant, les spécialistes maintiennent le souhait et en appellent à la nécessité d’effectuer des tests cliniques humains au plus vite, afin de définir réellement l’efficacité de ce traitement. Le Directeur de la London School of Hygien & Tropical Medecine, le Pr Peter Piot, insiste sur la réussite de ces tests et des espoirs qu’ils représentent. «Cet essai, bien conçu chez les primates, constitue la preuve la plus convaincante à ce jour, que ZMapp peut être efficace pour contrer l’infection du virus Ebola chez l’homme. Il est essentiel que des essais cliniques (sur les humains, ndlr.) démarrent dès que possible», signale le spécialiste.

Bien que l’heure soit à l’optimisme, les chercheurs évoquent un dernier point obscurcissant le tableau. Au-delà de son efficacité, le sérum ZMapp souffre d’un autre inconvénient: sa quantité reste pour l’heure encore trop insuffisante. Si les prévisions noires de l’OMS estimant à plus de 20.000 cas infectés dans un futur proche, se concrétisent, le traitement ne parviendra pas à venir à bout de l’épidémie.

Pour rappel, selon le dernier bilan avancé par l’organisation mondiale de la santé, le virus de la fièvre Ebola a causé le décès de plus de 1.500 victimes et gagne désormais le Sénégal, cinquième pays touché par la terrible épidémie.