La scène se passe à l’aéroport Mohammed V de Casablanca mercredi 20 août à 10 heures du matin. De retour du Cap Vert, un journaliste de Médias 24 a constaté l’écart flagrant entre les mesures sanitaires prises contre le virus Ebola par ce pays à ses frontières, et celles prises par le Maroc.

Les passagers en provenance de la capitale de Guinée Bissau et de celle du Cap Vert s’acheminent vers le poste de police pour faire viser leur passeport. Quelques mètres avant le guichet de police, une pancarte indique un poste de contrôle sanitaire censé prendre en charge les voyageurs en provenance d’Afrique de l’Ouest.

Au grand étonnement de nombre de passagers, le filtre sanitaire en question s’avère désert. Aucun préposé n’est présent pour contrôler à l’aide de caméras thermiques les éventuels porteurs du virus meurtrier afin de les mettre en quarantaine le cas échéant.

Questionnés par notre journaliste, le personnel de l’aéroport affirme que les agents en charge du contrôle ne sont pas encore arrivés ou qu’ils doivent faire leur prière. Voulant prendre une photo du poste vide de ses occupants, notre collègue voit accourir un fonctionnaire qui lui interdit formellement d’immortaliser cette scène étrange.

Au moment où le monde entier livre une guerre contre la propagation du terrible virus, le dispositif marocain officiellement efficace s’avère au final défaillant car il fait l’objet de dysfonctionnements.

Soulignons qu’à contrario, au Cap Vert, les contrôles sont drastiques à l’aéroport international de Praïa et que tous les passagers doivent s’y soumettre à l’aller comme au retour.

S’il est vrai que sa proximité géographique avec les pays infectés en fait une destination plus risquée que le Maroc, il n’en demeure pas moins que ce petit pays anticipe tout risque de propagation du virus d’Ebola. Rappelons que le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce que l'Ebola a fait jusqu'à présent 1.427 morts.

Face au risque sanitaire qui menace le Maroc, le ministère de la santé, l’ONDA et la DGSN se veulent rassurants sur les mesures pour contrer cette pandémie qui fait des ravages en Afrique de l’Ouest. Officiellement, ils assurent que les contrôles de sécurité dans tous les aéroports internationaux du Maroc ont été renforcés pour tous les vols en provenance des pays d’Afrique de l’Ouest.

Contactés par notre rédaction, ni la DGSN, ni l’ONDA n’ont été en mesure de répondre à nos interrogations sur la défaillance observée à l’aéroport international de Casablanca.

Le ministre de la Santé Lhoussaine Louardi et ses services ont quant à eux fait la sourde oreille à nos nombreux appels téléphoniques lundi 25 août.

Une source autorisée de la RAM affirme, sous le sceau de l’anonymat, que la situation pose un risque sanitaire à l’aéroport Mohammed V par manque de coordination entre les services concernés.

Tout en refusant de jeter la pierre à un département particulier, il reconnaît que les dysfonctionnements dans les aéroports marocains sont légion.

Dédouanant sa compagnie de toute responsabilité dans cette situation dangereuse, il assure qu’au départ des pays touchés (Guinée Conakry, Liberia, Sierra Leone, et Nigéria) par le virus meurtrier,  des mesures draconiennes ont été prises par la RAM en collaboration avec l’OMS et avec les autorités des pays infectés.

Les contrôles sont systématiquement effectués à l’aide de caméras thermiques pour empêcher les éventuels passagers infectés de prendre un avion vers le Maroc.

La RAM est une des dernières compagnies aériennes à maintenir ses vols vers les pays touchés par cette épidémie alors que de nombreux pays ont déclaré persona non grata avions et bateaux provenant des pays ayant décrété l’état d’urgence sanitaire.

Alors que le monde entier a les yeux rivés sur les ravages provoqués par la fièvre hémorragique Ebola, la réalité des mesures préventives misent en œuvre par les autorités marocaines posent de nombreuses questions restées jusque là sans réponses.