Virus Ebola, quels risques économiques et sanitaires pour le Maroc ?

EXCLUSIF. Faut-il s’alarmer? Le Maroc est-il réellement prêt en cas d’infection? Y a-t-il des retombées économiques négatives sur le Maroc provoquées par cette épidémie? Que vaut le système de veille aux frontières? Les réponses.

Virus Ebola, quels risques économiques et sanitaires pour le Maroc ?

Le 16 août 2014 à 7h32

Modifié 27 avril 2021 à 22h30

EXCLUSIF. Faut-il s’alarmer? Le Maroc est-il réellement prêt en cas d’infection? Y a-t-il des retombées économiques négatives sur le Maroc provoquées par cette épidémie? Que vaut le système de veille aux frontières? Les réponses.

Les nouvelles qui viennent des quatre pays touchés et de l’OMS ne sont pas rassurantes. Et le Maroc, alors? Notre pays est la porte de l’Afrique, le hub du continent. Saura-t-il, pourra-t-il échapper à cette épidémie ?

 Bart Janssens, directeur des opérations de l’organisation Médecins sans frontières, y est allé sans détour: «Si la situation ne s’améliore pas assez rapidement, il y a un réel risque de voir de nouveaux pays touchés», a-t-il déclaré.

Il semble donc, de toute évidence, que le Maroc pourrait être menacé par ce virus qui se transmet d’homme à homme par contact direct. Malgré ce risque, la compagnie Royal Air Maroc (RAM) avait décidé de maintenir ses vols sur les pays touchés.

Suite à cela, la RAM n’a pas tardé à publier unealerte sur son site web en vue de rassurer ses clients. La compagnie présidée par Driss Benhima, dit avoir «pris les mesures nécessaires pour maximiser la sécurité de nos passagers» et qu’elle les soumet «aux différents contrôles, dans certains aéroports, au détecteur de fièvre». En plus du détecteur de fièvre, «tout un dispositif de contrôle médical des passagers en provenances des pays à risque est opérationnel dès l’alerte donnée par les autorités sanitaires mondiales (OMS) et marocaines, en prévention du virus Ebola».

La mise en place de ces mesures diminuera certainement le risque de propagation, mais ne l’éradiquera surtout pas. Cela ne semble pas impossible. C’est la raison pour laquelle le Royaume est contraint de se préparer pour une éventuelle contamination.

Le professeur Abderrahmane El Maâroufi, directeur d’Epidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé, est du même avis, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il se montre rassurant: «Nous n’avons enregistré aucun cas. Nous avons commencé la préparation depuis le mois d’avril, et nous avons renforcés nos dispositifs suite aux dernières nouvelles. Nous agissons en concertation avec l’OMS. D’abord, nous faisons tout pour éviter la propagation, puis si jamais il arrive qu’un cas soit détecté, nous sommes préparsé à l’accueillir et à le prendre en charge», a-t-il affirmé à Médias 24.

Ce plan de préparation revêt plusieurs axes: Hors les précautions relatives à la préparation des laboratoires et des hôpitaux au traitement de cas possibles les principales mesures se font au niveau des aéroports. Des mesures de contrôles en amont, des mesures dites de veille et de vigilance à bord  et au niveau des points d’entrée.

Ce dernier type de mesures comprend, en guise d’exemple, l’obligation de contrôler la température de tous les voyageurs, la mise en place de thermomètre laser permettant de mesurer la température à distance sans être amené à toucher le passager. Un système de traçabilité et de prise de coordonnés des personnes provenant des pays touchés est également appliqué.

Le véritable défi à relever et le grand enjeu selon M. El Maâroufi reste celui de «détecter le plus précocement possible le virus pour pouvoir prendre en charge la personne et éviter toute transmission». Un dépliant d’informations est aussi distribué pour toute personne provenant de ces pays et un numéro économique est réservé pour elles (080 100 47 47080 100 47 47) pour des consultations.

En outre, «nous avons élaboré un  Plan national de veille et préparation à la riposte Ebola, qui a fait objet de diffusion au niveau des sites des régions sanitaires, délégués, directeurs régionaux,.. », a-t-il poursuivi.

Impact économique limité pour le Maroc

Des quatre pays actuellement les plus touchés par l’épidémie du virus Ebola, la Sierra Leone, la Guinée, le Libéria et le Nigéria par ordre d’importance, aucun ne voit ses relations économiques avec le Maroc sensiblement affectées par l’alerte sanitaire. 

La compagnie nationale Royal Air Maroc qui dessert Freetown, Conakry, Monrovia et Lagos plusieurs fois par semaine a d’ores et déjà indiqué qu’elle maintient ses vols. Sur un plan commercial, les relations du Maroc sont importantes avec la Guinée, mais assez faibles avec le Libéria et la Sierra Leone et difficiles à évaluer avec le Nigéria en fonction des données disponibles.

S’agissant de la Guinée, les échanges bilatéraux se montent à environ 100 millions de dollars en 2013 mais sont en croissance constante. Un forum d’investissement «Cap Guinée» est ainsi prévu à Casablanca le 9 septembre et les préparatifs se déroulent comme prévu.

Cependant, la décision d’établir un cordon sanitaire autour de la Guinée prise par les autorités du pays ce 13 août va limiter les déplacements pour les voyages d’affaires non essentiels et de ce fait aura un impact sur le ralentissement des transactions.

A noter que sur les quatre pays cités, seule la Guinée abrite une présence bancaire directe marocaine avec la Banque populaire. La Côte d’Ivoire, pays voisin de la zone du virus Ebola abrite une part importante de la présence marocaine en Afrique de l’Ouest avec notamment trois groupes bancaires (BP, BMCE Bank, Attijariwafa Bank) et d’entreprises du BTP.

 Un impact est attendu pour Royal Air Maroc au cours des prochaines semaines au moment du pèlerinage du Hajj puisque l’Arabie saoudite a refusé tout visa pour les 7.500 Guinéens qui pouvaient y prétendre cette année. Nombre de Guinéens transitent chaque année par le hub de Casablanca pour se rendre à la Mecque.  Un impact similaire est prévu pour le Libéria et la Sierra Leone.

Le Nigéria, par son importance économique continentale pourrait présenter un impact plus important si l’épidémie se répand rapidement.  Avec une population supérieure à 175 millions d’habitants et des exportations de pétrole qui représentent 85% de ses revenus, le Nigéria est le 12ème producteur mondial de pétrole. Une extension du virus Ebola pourrait perturber la marche de l’économie.

Sur ce point, autant un organisme tel que Médecins Sans Frontières (MSF) estime que «le virus se répand plus vite qu’on ne peut le traiter», autant il faut savoir que les premiers vaccins expérimentaux  testés sur deux malades américains donnent des résultats positifs.

Le Canada qui a déjà mis au point son vaccin en a fourni 1.000 doses cette semaine à l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé.  Jusqu’à présent, 706 cas et 295 décès ont été enregistrés en Sierra Léone, 369 cas et 242 décès en Guinée, 166 cas et 140 décès au Libéria et moins de 100 cas et 7 décès au Nigéria. Les experts estiment qu’il faut désormais de deux à six mois pour mettre au point un vaccin définitif validé par l’OMS.

Un responsable pharmaceutique du groupe Sanofi en Afrique du Nord et de l’Ouest joint au téléphone par Médias 24 estime ce vendredi que «l’ampleur de l’épidémie est surestimée» et confirme les avancées faites en matière de mise au point du vaccin.

 Enfin, mis en ligne cette semaine, un site consacré à la maladie apporte d’appréciables informations sur les différents aspects médicaux et épidémiologiques du virus Ebola.

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