La place du tifinagh déchaîne les passions

  Il a suffi d'une simple question programmée dans le prochain recensement général de la population, pour déchaîner l'inquiétude et les passions. Pourquoi le HCP cherche-t-il à mesurer la compréhension de l'alphabet tifinagh? Un recul est-il en préparation?

La place du tifinagh déchaîne les passions

Le 15 juin 2014 à 15h15

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

  Il a suffi d'une simple question programmée dans le prochain recensement général de la population, pour déchaîner l'inquiétude et les passions. Pourquoi le HCP cherche-t-il à mesurer la compréhension de l'alphabet tifinagh? Un recul est-il en préparation?

“Parlez-vous, écrivez-vous la langue amazigh (en tifinagh)?“

Cette question qui sera posée dans le cadre du recensement général de la population 2014, soulève la méfiance de plusieurs organisations et militants amazigh.

L’observatoire amazigh des droits et libertés a publié le jeudi 12 juin un communiqué au sujet de cette initiative. L’observatoire relève :

-qu’il y a une démarche spécifique concernant la graphie tifinagh et non pas la langue amazigh, contrairement aux autres langues pour lesquelles aucune précision n’est apportée dans le questionnaire. Ce qu’il s’agit de mesurer en effet, c’est bien un taux de lecture et d’écriture et donc de compréhension de l’alphabet tifinagh.

-que les résultats des recensements servent de base pour les stratégies futures de l’Etat.

-que M. Lahlimi, dans sa conférence de presse de mercredi dernier, semblait connaître par avance le résultat puisqu’il a estimé que les Marocains ne comprennent pas l’alphabet tifinagh.

-avant le 10 février 2003, l’alphabet tifinagh était proscrit dans l’espace public, on pouvait être embastillé pour l’avoir utilisé, les autorités suivaient une politique d’arabisation totale de l’enseignement, de l’identité, de la mémoire, des lieux, des nouveaux nés, de l’histoire.

-le symbole le plus authentique, le plus visible, du patrimoine culturel et de l’identité amazigh, est bien la graphie tifinagh.

-jusqu’à l’année dernière, le taux de généralisation de l’enseignement amazigh n’était que de 14%. Cet enseignement est resté cantonné aux premières années de l’enseignement.

-l’école, principal canal de transmission de l’arabe et du français, avec leurs alphabets respectifs, n’a donc pas joué ce rôle pour le tifinagh.

-le résultat du recensement, pour ce qui concerne la maîtrise du tifinagh, est donc connu d’avance et ne peut en aucun cas être significatif, sauf à désigner la responsabilité de l’Etat dans cet état de fait.

Touche pas à mon tifinagh

Cela étant dit, l’Observatoire exprime ses plus fortes inquiétudes quant à la possibilité d’utiliser les résultats prévisibles de ce recensement pour justifier un recul vis-à-vis des acquis du statut de l’amazigh dans le pays. L’Observatoire rappelle que la constitutionnalisation du statut de l’amazigh et de l’identité amazigh du Maroc sont devenus un modèle pour toute la région et que le tifinagh, tel qu’il a été finalisé à l’Ircam a été adopté comme modèle en Libye.

L’Observatoire appelle à la plus grande vigilance car il craint un retour en arrière qui menacerait les acquis de la cause amazigh.

De son côté, sur sa page Facebook, la militante amazigh Meryam Demnatiprévient : “Préparons nous à une bataille féroce“. Elle laisse entendre qu’un mot d’ordre de boycott de la langue arabe est possible au cas où les acquis seraient réellement menacés.

“La proposition du Tifinagh a été validée par 31 partis politiques sur 33 en présence du roi en 2002 ! Puis, il y a eu 10 ans de travail dans cette graphie, es centaines de publications et des centaines d’enseignants et d’étudiants formés ! On se moque de qui! Le Tifinagh dérange trop parce qu'il est trop visible et marque notre culture“, estime-t-elle.

La méfiance d’une partie des militants amazighs est compréhensible. Elle n’en relève pas moins du procès d’intention. Effectivement, la vigilance est de mise. Mais le résultat prévisible (un très faible taux de compréhension de la graphie tifinagh) sera aussi un argument très fort pour exiger davantage de moyens et une vraie politique d’enseignement de l’emazigh.

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