Pénurie de médicaments au Maroc : la semaine sera très perturbée

Le passage aux nouveaux prix des médicaments ne se passe pas sans douleur. Lundi 9 juin au matin, alors que le ministère de la Santé se voulait rassurant, Médias 24 a constaté de visu une pénurie alarmante voire quasi-totale touchant des officines casablancaises.  

Pénurie de médicaments au Maroc : la semaine sera très perturbée

Le 9 juin 2014 à 17h43

Modifié 9 juin 2014 à 17h43

Le passage aux nouveaux prix des médicaments ne se passe pas sans douleur. Lundi 9 juin au matin, alors que le ministère de la Santé se voulait rassurant, Médias 24 a constaté de visu une pénurie alarmante voire quasi-totale touchant des officines casablancaises.  

Sur cinq pharmacies casablancaises visitées par nos soins, toutes se plaignent de n’avoir toujours pas été livrées par les sociétés de grossistes. La chose qui nous a frappé en rentrant dans la première officine est le stress flagrant de la pharmacienne pendu au téléphone avec un de ses fournisseurs pour savoir quand elle sera livrée.

Interrogée sur la réalité et l’ampleur de la pénurie, elle a eu comme seule réponse un geste de la main nous invitant à jeter un coup d’œil aux étalages pratiquement vide hormis quelques produits parapharmaceutiques. Elle nous a déclaré que tous les médicaments étaient concernés même les basiques comme les antibiotiques ou les anti-inflammatoires.

Il faut aussi rajouter que le peu de médicaments disponibles sont toujours étiquetés à l’ancien tarif.

Malgré la baisse des prix effective aujourd’hui, une patronne d’une autre grande pharmacie casablancaise n’a pas hésité à nous révéler qu’elle continuait à vendre certains médicaments à l’ancien tarif. Elle se défend de le faire dans une démarche mercantile car pour elle, il s’agit simplement de sauver des vies même si elle doit faire une entorse à la loi.

Elle nous déclare à ce propos : « si les autorités veulent m’envoyer en prison, qu’elles le fassent car pour moi, il s’agit d’une question de bon sens que de continuer à fournir des patients atteints de graves pathologies ».

Les pharmaciens rencontrés s’accordent à dire que le délai imparti pour changer les étiquettes de 60 millions de boîtes de médicaments était trop court. Ils blâment en chœur les autorités et non les grossistes et laboratoires qui ne les ont toujours pas livrés.

Malgré la loi qui interdit aux officines de procéder au changement des étiquettes de prix, nous avons constaté que les pharmaciens avaient des rouleaux de stickers pour changer les étiquettes des médicaments dont le prix ne baissera pas. Rappelons que tous les médicaments doivent désormais porter l’appellation prix public de vente (PPV) au lieu de prix public Maroc (PPM) même ceux qui ne sont pas concernés par la baisse des prix car toutes les boîtes devront arborer une nouvelle étiquette verte avec la mention PPV.

La confusion est générale et même Abderrazak Mounfalouti, président du conseil régional de l’ordre des pharmaciens d’officine du sud, nous déclare que la pénurie est quasi-totale. Il rappelle que cette désorganisation est due au fait que 40% des médicaments qui verront leur prix changer ne connaîtront une baisse que de 0,5%, ce qui donne beaucoup de travail et entraîne la pénurie actuelle.

Les problèmes de délais pour ré-étiqueter tous les médicaments entraîne un cafouillage et d’après les pharmaciens, la disponibilité ne sera pas de retour avant la fin de la semaine au meilleur des cas.

Le ministère de la Santé espérait une transition facile et le ministre lui-même était sur la brèche en allant vérifier ce matin même l’approvisionnement de deux pharmacies et d’un grossiste à Rabat.

Dans un communiqué ministériel parvenu à la presse lundi 9 juin au matin, le ministère rappelait les grandes lignes de cette réforme en se voulant rassurant mais entre les bonnes intentions ministérielles et la pratique, le décalage est flagrant.

Ainsi, nous avons constaté que des médicaments pour soigner le diabète, l’asthme, l’hypertension et même des maladies graves comme le cancer sont introuvables dans les rayons des pharmaciens qui nous déclarent toujours attendre leur livraison. Les grossistes en charge des commandes déclarent quant à eux qu’ils ont commencé à livrer et que les officines en rupture de stock n’ont simplement pas commandé à temps pour renouveler leurs stocks.

Quelle que soit l’explication, pour certains malades, c’est la course contre la montre pour trouver les remèdes à leur maladie et cette semaine sera la semaine de tous les dangers.

Voici ci-dessous le communiqué de presse diffusé par le ministère de la Santé lundi 9 juin au matin :

Cette baisse est un début pour un processus de révision des prix des médicaments commercialisés au Maroc, qui nous garantira aux citoyens un accès équitable aux traitements médicamenteux et aux acteurs de l’industrie pharmaceutique, des grossistes répartiteurs et des officinaux leurs équilibres financiers.

Pour aboutir à ce résultat aujourd’hui et juste après la publication le 08 avril 2014, au Bulletin Officiel, de l’Arrêté 784.14, fixant la liste complète des nouveaux Prix Publiques de Vente des médicaments, les PPV qui remplacent les anciens PPM, Prix Publiques au Maroc, le Ministère de la Santé a entrepris un processus de préparation intense en coordination avec les représentants des établissements industriels pharmaceutiques, avec les grossistes répartiteurs et avec les pharmaciens d’officines.

1.      Le ministère a tenu plusieurs réunions de coordination avec les acteurs du secteur du médicament en vue de pallier aux difficultés techniques et logistiques et veiller au respect des délais réglementaires pour la mise en application des dispositions du décret de fixation des prix des médicaments du 18 décembre 2013.

2.      Un suivi régulier des états des stocks au niveau des établissements industriels pharmaceutiques et des grossistes répartiteurs de médicaments, a été entrepris pour éviter les éventuelles ruptures de stock et anticiper les mesures correctives et préventives.

3.      Le ministère a entrepris également plusieurs missions de suivi et d’inspection au sein des établissements industriels pharmaceutiques, dans l’objectif de s’assurer des stocks de sécurité des médicaments et le respect du calendrier réglementaire de mise sur le marché des médicaments portant les nouveaux PPV. 

Aujourd’hui, la baisse des prix concerne 1578 médicaments, ce qui représente 30% de l’ensemble des médicaments commercialisées au Maroc et qui couvrent quasiment toutes les classes thérapeutiques et profiteront ainsi à tous les citoyens.

Les pourcentages de baisse des prix atteignent pour 656 produits, 20 à 80% de leurs anciens prix.

Il faut dire aussi, que parmi les grands apports du nouveau texte règlementant la fixation des prix des médicaments, tout nouveau produit pharmaceutique mis sur le marché marocain, sera vendu au Maroc avec un prix aligné avec le prix minimum de référence pratiqué dans les pays retenus pour la comparaison, les pays du benchmark.

Les médicaments qui ont été fortement concernés par la baisse de leurs prix sont principalement les médicaments indiqués dans les maladies chroniques les plus fréquentes : 

-Les médicaments indiqués pour le traitement des maladies cardiovasculaires, avec des baisses de prix qui atteignent 50% à 78% de leurs anciens prix. Par exemple, le prix de l’Amlodipine (AMLOR), traitement utilisé dans le traitement de l’hypertension artérielle, est passé de 139 DH à 29,70 DH comme nouveau prix de vente.

-Les médicaments indiqués pour le traitement des maladies métaboliques : exemple, le prix du médicament Simvastatine (ZOCOR) prescrit dans le traitement de l’hypercholestérolémie, est passé de 467 DH à 232 DH comme nouveau PPV.

-Les prix des médicaments hospitaliers, utilisés exclusivement en milieu hospitalier, ont été également révisés à la baisse, atteignant pour certains produits jusqu’à 70%, ce qui facilitera considérablement l’accès des patients hospitalisés à ces médicaments très souvent onéreux.

-Les médicaments antinéoplasiques, utilisés dans le traitement de certains cancers dont les baisses ont atteint 50% à 72% de leurs anciens prix.

-Le prix du Témozolomide 250mg, traitement anticancéreux indiqué dans certaines tumeurs malignes du système nerveux, est passé de 14.800 DH la boite de 5 gélules, à 6168 DH.

-Le prix du Topotécan, indiqué dans le traitement de cancers gynécologiques, a baissé de 12.819 DH à 7.217 DH comme nouveau prix de vente (PPV).

-Le prix du Paclitaxel, médicament très indiqué dans le traitement des cancers du sein, de l’ovaire et du poumon, est passé de 2230,90 DH à 619 DH comme nouveau prix de vente.

-Les médicaments hospitaliers peuvent aujourd’hui aussi avoir un PPV pour être vendus en pharmacies d’officines, si nécessaire.


 

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