Nabil Ayouch: “ il faut en finir avec les dogmes ”
Invité par le Club-ciné de l’EGE à l’occasion de la projection de son film documentaire «To my land», le réalisateur marocain Nabil Ayouch est revenu, lors d’un entretien accordé à la presse, sur la sortie de son film «Les chevaux de Dieu» aux Etats Unis, et a livré une autoanalyse basée sur l’importance de la déconstruction des dogmes.
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Amine Belghazi
Le 30 mai 2014 à 17h19
Modifié 30 mai 2014 à 17h19Invité par le Club-ciné de l’EGE à l’occasion de la projection de son film documentaire «To my land», le réalisateur marocain Nabil Ayouch est revenu, lors d’un entretien accordé à la presse, sur la sortie de son film «Les chevaux de Dieu» aux Etats Unis, et a livré une autoanalyse basée sur l’importance de la déconstruction des dogmes.
Présenté lors différents festivals internationaux, le film «Les chevaux de Dieu» a séduit. Pourtant, à la veille de sa sortie aux Etats-Unis, Nabil Ayouch n’était pas particulièrement rassuré par rapport à la critique que lui réserveraient la presse et le public. En effet, le traitement hollywoodien habituel de la question du terrorisme reposait sur une distinction manichéenne, nourrissant ainsi le stéréotype arabe/ islam/ terrorisme. La crainte se trouve expliquée par le fait que, jusque là, peu de films ont abordé la question du terrorisme d’un point de vue autre que celui des victimes.
Conscient du fait que la réponse terroriste est l’expression d’un malaise social profond, le réalisateur explique dans son film le processus de radicalisation de personnes issues de couches sociales vulnérables. Un schéma reproductible indépendant de toute appartenance ethnique ou religieuse.
Cette vision nouvelle, pragmatique et réaliste a séduit le public américain, au lendemain d’un renouveau politique traduit en partie par la présidence de Barack Obama. «Il n’aurait pas été possible de sortir ce film aux Etats Unis du temps de Georges Bush» estime Nabil Ayouch.
Cette nouvelle approche a permis, entre autres, d’ouvrir le débat entre les différents bords. L’importance réside dans la dédiabolisation de l’opinion inverse, car «il n’est pas possible de faire la paix avec une personne que l’on diabolise. Il faut faire en sorte de sortir du dogme, et arriver à nuancer ce qui se passe autour.»
Dans le même esprit, le film My Land qui raconte le conflit israélo-palestinien d’un point de vue humain, corrobore la volonté de Nabil Ayouch d’en finir avec les discours empreints d’exclusion. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il déplore l’instrumentalisation que les politiques font de la question, en jouant sur la corde sensible de l’appartenance religieuse et la construction identitaire.
Le meilleur exemple de cet acharnement n’est autre que le tollé suscité par la diffusion du film documentaire «Tinghir-Jérusalem: Les échos du Mellah» sur la deuxième chaine marocaine.
Indépendamment des opinions bien affirmées de Nabil Ayouch sur la question du conflit israélo-palestinien, le réalisateur ne ménage aucun effort pour promouvoir la liberté d’expression. «Mes positions sont claires, je soutiens la campagne BDS contre les produits israéliens, car il est possible de faire pression à travers le boycott économique. Mais il n’est pas question de boycotter la mobilité humaine et l’expression des opinions» déclare avec insistance Nabil Ayouch.