Le Maroc doit se préparer à une dépréciation du dirham

Selon les dernières communications du gouverneur de BAM, l’introduction d’une flexibilité du taux de change du dirham ne serait plus qu’une question de temps : le délai nécessaire pour BAM et le Ministère de l’Economie et des Finances d’affermir les pré-requis afin d’éviter de devoir faire marche arrière.

Le Maroc doit se préparer à une dépréciation du dirham

Le 21 mai 2014 à 11h43

Modifié 21 mai 2014 à 11h43

Selon les dernières communications du gouverneur de BAM, l’introduction d’une flexibilité du taux de change du dirham ne serait plus qu’une question de temps : le délai nécessaire pour BAM et le Ministère de l’Economie et des Finances d’affermir les pré-requis afin d’éviter de devoir faire marche arrière.

Il ne s’agit plus uniquement de dévaluer mais de libéraliser. Un consensus relatif semble émerger sur l’opportunité de cette flexibilité, aussi bien au niveau des autorités, des partenaires au développement, FMI et Banque mondiale en tête, que d’une partie du secteur privé. Médias 24 revient sur les raisons de ce consensus et sur les conséquences pour le Maroc de cette libéralisation du dirham.

Les facteurs qui jouent en faveur de la libéralisation du taux de change

Pendant longtemps, la politique de change fixe adoptée par le Maroc a permis de prémunir le pays des chocs extérieurs et ainsi préserver le pouvoir d’achat de la population, le modèle de croissance du Maroc étant fondée sur le soutien de la demande intérieure.

Mais en arrimant le dirham à l’Euro, principal partenaire commercial du Maroc, cette politique a pénalisé le secteur des biens échangeables – c’est-à-dire les exportateurs – en renchérissant le coût des exportations et contribué donc à orienter la production nationale vers le secteur des biens non échangeables tels que l’immobilier, et ainsi participé à l’érosion de la compétitivité nationale, le secteur des non échangeables ne favorisant pas les gains de productivité.

Mais avec l’ouverture commerciale progressive du pays, ce modèle a montré ses limites: non seulement les producteurs marocains peinent à maintenir leurs parts de marché à l’international, mais ils sont également concurrencés sur le sol marocain par les importations étrangères libéralisées. L’ouverture des frontières a changé la donne. Le Maroc se retrouve aujourd’hui avec une industrie en déclin et un taux chômage à deux chiffres.

Parallèlement, les effets de la crise en Europe ont montré la nécessité de diversifier les partenaires commerciaux et donc de conquérir de nouveaux marchés. Dans cette conquête, la surévaluation du change apparaît comme un obstacle.

Les conséquences envisageables de cette libéralisation

La libéralisation du taux de change devrait se traduire en principe par une dépréciation du dirham, ce qui aura pour effet immédiat de baisser le coût en monnaie étrangère des exportations et renchérir le coût des importations en monnaie nationale. Une partie de la demande intérieure étant satisfaite par les importations, aussi bien au niveau des ménages que des entreprises, la dépréciation va donc se traduire par une plus forte inflation.

Du point de vue des ménages, la hausse de l’inflation se traduira à court terme par une perte de pouvoir d’achat et donc vraisemblablement par une diminution de la consommation des ménages. C’est pourquoi, pour être supportable par les ménages les plus vulnérables, elle doit s’accompagner de la mise en place de filets de protection sociale.

Du point de vue des entreprises exportatrices, la dépréciation du dirham devrait leur permettre d’être plus compétitives sur les marchés internationaux et donc de gagner des parts de marché.

De même, les entreprises qui produisent pour le marché national et qui sont aujourd’hui concurrencées par les importations devraient également pouvoir regagner en partie des parts de marchés. Le renchérissement du coût des intrants importés peut à court terme gommer une partie des gains, mais peut aussi être un atout pour développer des fournisseurs locaux.

Ce qui est en jeu avec la libéralisation du change, c’est une réorientation de l’économie nationale vers des secteurs plus productifs, pourvoyeurs de davantage d’emplois et porteurs d’une croissance plus forte et plus durable. Cette réorientation ne se fera pas sans dommage pour un pan de l’économie, protégé jusqu’alors. Mais le modèle de croissance marocain fondée sur une demande intérieure qui est de plus en plus satisfaite par les importations n’est plus tenable.

Pour autant, une libéralisation du taux de change, si elle serait une bouffée d’oxygène à court terme pour les exportateurs, n’est pas la solution miracle au problème de compétitivité des entreprises marocaines. Elle doit impérativement s’accompagner de profondes réformes structurelles visant l’appareil productif national.


 

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