Tanger dotée d’une charte architecturale et d’un plan paysager

De manière officielle et formelle, Tanger est désormais dotée d’une charte architecturale et d’un plan paysager. Ils ont été réalisés par le cabinet Nabila Seqqat de Meknès. Par ailleurs, l’Agence urbaine annonce le lancement d’un schéma directeur d’aménagement de la wilaya de Tanger.  

Tanger dotée d’une charte architecturale et d’un plan paysager

Le 14 mai 2014 à 12h50

Modifié 14 mai 2014 à 12h50

De manière officielle et formelle, Tanger est désormais dotée d’une charte architecturale et d’un plan paysager. Ils ont été réalisés par le cabinet Nabila Seqqat de Meknès. Par ailleurs, l’Agence urbaine annonce le lancement d’un schéma directeur d’aménagement de la wilaya de Tanger.  

Conçue par une équipe scientifique composée d’architectes, d’un paysagiste, d’un archéologue et d’un historien, la charte architecturale de Tanger présente la construction dans la ville, son aménagement paysager et son aménagement urbain dans son contexte historique et spatial.

Pour ses auteurs, la charte a pour vocation de «rendre compte de la richesse architecturale et paysagère de la ville» et d’être un référent pour une action de conception architecturale ou d’aménagement urbain qui se fasse «de la manière la plus respectueuse et la plus qualitative possible».

La charte se fixe quatre objectifs qui sont :

-accompagner l’évolution urbaine, architecturale et paysagère de la ville et soutenir ses zones fragiles ;

-améliorer la valorisation de l’identité culturelle locale et assurer le développement durable ;

-préserver les ressources naturelles, la qualité des paysages et du cadre de vie ;

-et renforcer l’attractivité touristique de la ville.

L’étude concerne quatre zones : la médina, les extensions hors murs de la médina du XIXe siècle, la ville internationale et les nouveaux quartiers résidentiels, populaires ou bourgeois, qui ont commencé à se développer à partir des années 1970-80.

Ville très éclectique dans ses styles architecturaux et de bâti, Tanger doit conserver ses éléments originaux recommandent les auteurs de l’étude, «s’ils sont d’origine, à l’exception des éléments défectueux». De la médina au quartier historique du Marshan ou dans le centre-ville, les styles architecturaux sont nombreux, parfois voisins, parfois superposés. Des styles andalous classiques côtoient des inspirations architecturales espagnoles ou anglaises entre la Kasbah et Marshan, et l’architecture néo-mauresque côtoie le style le plus moderne sur le boulevard Pasteur, avec à quelques centaines de mètres l’une de l’autre, une mosquée, une église et une synagogue.

Au niveau du paysage urbain , l’étude traite des problématiques de signalétique, d’ordonnancement par zones et des façades. Au niveau de l’aménagement urbain, l’étude recommande plus de cohérence dans les matériaux utilisés, le mobilier urbain (Bancs, abribus, kiosques, luminaires) et le choix des fleurs et des arbres plantés.

Plan paysager et vert

S’agissant du Plan vert de Tanger, le document s’ouvre sur sa «raison d’être». «Depuis plusieurs années, est-il écrit, la ville de Tanger a acquis grâce à son potentiel naturel (…) la réputation d’une ville touristique» …

Cependant, en matière de «vert», le premier constat qui peut être fait sur la ville est que la norme internationale de 10m² d’espace vert par habitant n’est pas respectée. Des permis de construire continuent d’être accordés sur des zones protégées comme Médias 24 le révélait encore il y a 15 jours. A ce jour, des permis de construire continuent d’être délivrés sur la base de dossiers très incomplets.

L’étude du plan vert et paysager de la ville parle d’une norme de 7m² par habitant pour constater que même avec cette norme au rabais, «le citoyen de la ville de Tanger n’a droit qu’à 2,84 m²» : 4,42 et 4,46 m²/habitant à Tanger-Médina et Tanger-Moghogha, 0,86m²/habitant à Béni Makada ! 1,67m²/habitant à Souani ! Des chiffres qui illustrent la forte corruption ambiante et le non-respect des normes architecturales et urbaines.

Livrée pendant plusieurs années à une gestion locale marquée par le laisser-aller, une urbanisation sans règles et un blanchiment d’argent organisé servant aussi à financer les activités politiques, Tanger continue de payer le prix de ses détestables années 1980 et 1990 marquées par le mélange toléré entre argent de la drogue, immobilier et politique.

Sur les quatre arrondissements de Tanger, relève l’étude commandée par le ministère de l’Urbanisme et l’Agence urbaine de Tanger,le pourcentage des espaces verts non aménagés est de 4,47% sur Tanger-Médina, 52% sur Souani, 70% sur Moghogha et 84,4% sur Béni Makada !

Tout visiteur arrivant à Tanger par avion, train ou la route peut constater l’étendue démesurée faite de briques rouges et de béton de quartiers d’où la moindre nuance de vert est absente sur des kilomètres.

Hormis les derniers espaces verts du cap Malabata, qui s’urbanise progressivement, et de Rmilat et du cap Spartel qui subissent le même sort, les arrondissements de Béni Makada (250.000 habitants), du centre de Tanger et du Souani abritent au mieux quelques arbres mais peu d’espaces verts dignes de ce nom. Au cap Malabata, on parle de transformer en parc public 240 hectares sur lesquels un investisseur bahreini devait construire un complexe résidentiel dès 2007-2008.

Ces constats n’ont pas entamé l’enthousiasme des exécutants de l’étude Plan vert de Tanger. Pour une ville sur la mer et adossée à la montagne, seuls deux zones protégées importantes existent, celles de Perdicaris, 70 hectares, et chaque année un peu moins, et celle du cap Spartel dont plusieurs des zones «disposent» de plans de promotion immobilière que seules la mobilisation de la société civile et la crise immobilière depuis cinq ans ont freiné.

Les forêts de Rahrah, 250 hectares et la forêt Diplomatique, 2.100 hectares, sont malheureusement déjà touchées par la construction. On assiste à la mise en œuvre de la technique du «mitage».

A la forêt Diplomatique, des projets touristiques et des logements économiques sont autorisés. Des chantiers y sont à l’arrêt. A Rahrah, c’est là que la mairie a accordé des permis de construire «par erreur» pour les lotissements Alaymoun 1 et 2 alors qu’il suffisait de lire les notes d’informations de l’Agence urbaine qui font partie de tout dossier … Le chantier a été arrêté par le wali pour éviter tout scandale et le dossier classé alors qu’un rapport du ministère de l’Intérieur sur ce dossier est attendu.

Outre la croissance urbaine et les permis de construire non-réglementaires, le développement des carrières et la présence d’une décharge en plein cœur du quartier résidentiel et industriel  de Moghogha sur la route de Tétouan contribuent fortement au mauvais bilan paysager et vert de Tanger.

Aujourd’hui, le nouveau Plan vert de la ville énonce comme priorités de «renforcer la présence de la nature en ville» ; «de révéler les atouts paysagers de la ville» ; «de valoriser et protéger le patrimoine vert» ; «de poursuivre les actions engagées pour contribuer au développement durable».

Il reste à souhaiter que lorsque tout aura été dit et fait, un peu plus aura été fait que d’habitude. Il faut, avec courage, détermination et respect du Maroc et des Marocains commencer/continuer à remplir les cases intitulées Maroc moderne et Etat de droit.

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