Banane et chaussettes noires, nouveaux symboles de l’antiracisme

Des parquets de la NBA aux stades de foot, le racisme s’invite à nouveau dans le sport. Aux Etats-Unis, une sévère sanction s’abat sur le propriétaire des Los Angeles Clippers, tandis que la «banane» de Dani Alves du FC Barcelone vire au symbole planétaire de la lutte antiraciste.   

Banane et chaussettes noires, nouveaux symboles de l’antiracisme

Le 30 avril 2014 à 16h10

Modifié 27 avril 2021 à 22h27

Des parquets de la NBA aux stades de foot, le racisme s’invite à nouveau dans le sport. Aux Etats-Unis, une sévère sanction s’abat sur le propriétaire des Los Angeles Clippers, tandis que la «banane» de Dani Alves du FC Barcelone vire au symbole planétaire de la lutte antiraciste.   

Alors que les madrilènes jubilent à l’idée d’accompagner le Real Madrid à la finale de la Ligue des Champions, suite à leur écrasante victoire mardi soir face au Bayern de Munich, d’autres affaires – moins glorieuses – exacerbent les passions de la planète sport.

Pas d’exploits, ni de dépassements de soi pour l’amour de la discipline cette fois-ci… Dans ces affaires, sont toutefois célébrés des records de « bêtises » ! Les médias et le commun des mortels mettent en effet en avant les hommes et dénoncent l’un de leurs aspects les plus méprisables: le racisme, qui ne connaît tristement pas de frontières.

Mouiller le maillot

Aux Etats-Unis, c’est Donald Sterling qui tombe dans l’œil du cyclone. Propriétaire de la franchise NBA (National Basket Association) des Los Angeles Clippers, le richissime homme d’affaires subit de plein fouet la hargne de la toile américaine après avoir tenu des propos racistes à son ex-petite amie. Figure contestée du sport de la côte ouest américaine, Donald Sterling creuse sa tombe en demandant à son ex-compagne de ne plus s’afficher avec des « noirs », faisant référence à un cliché la représentant avec l’ancienne star de la balle orange, « Mister » Magic Johson. La discussion privée enregistrée et diffusée par le site « people » TMZ, créée une véritable onde de choc et ouvre sur une sanction radicale : la suspension à vie de Donald Sterling, prononcée mardi soir.

Dans cette société qui ne transige plus avec les « écarts racistes» des personnalités publiques, les propos de l’Américain ont suscité une immense polémique sur la Toile. De nombreuses stars du basket se sont mobilisées, de Magic Johnson à Kobe Bryant (star des Lakers), en passant par LeBron James (Miami Heat) ou le MVP 1993 (meilleur joueur de la saison, ndlr.) Charles Barkley, tous ont signifié leur indignation. Un dégoût qui ne se limite pas aux limites du playground mais gagne jusqu’aux couloirs de la Maison Blanche avec une intervention du président Barack Obama, particulièrement sensible à ces questions.

Le propriétaire des Clippers écope également d’une amende de 2,5 millions de dollars pour ce dérapage qui a profondément miné ses joueurs. Après avoir longuement songé à annuler la rencontre des playoffs les opposant aux Warriors de Golden State, les Clippers optent pour un geste symbolique de protestation. Au cours des échauffements, ils ont conjointement jeté au sol les vestes au nom de leur équipe pour leur préférer des tenues anonymes. Durant le match en revanche, les membres de l’équipe ont arboré des brassards et chaussettes noires en guise de protestation…

La banane de la discorde

Si Outre-Atlantique la rébellion passe par les choix vestimentaires sur le terrain, en Espagne en revanche, la lutte antiraciste est elle d’ordre « alimentaire ». L’événement daté de dimanche dernier fait le tour de la planète, prend une ampleur inédite et concerne une banane… Le jeune défenseur brésilien du FC Barcelone, Dani Alves, reçoit ce fruit lancé par un supporteur raciste lors du match opposant son équipe à Villarreal au cours du Championnat d’Espagne. D’un geste qu’il dit « spontané », le sportif se penche, prend le fruit, l’épluche et le mange avant de tirer son corner.

Peu après la rencontre, son coéquipier Neymar publie sur le réseau social Twitter un message sans équivoque assorti du mot-clé #somostodosmacacos : « Nous sommes tous des singes » avant de diffuser une photo de son fils et lui engloutissant ce fruit de la discorde sportive. Car le jet de banane est en effet un des éléments clés de la panoplie raciste des supporteurs, visant les joueurs noirs et métis sur les terrains espagnols ou italiens.

Une campagne bien pesée

Interrogé sur se geste chaleureusement salué et qualifié « d’audacieux » par la présidente brésilienne Dilma Rousseff, le jeune Dani déclare simplement : « Cela fait onze ans que je suis en Espagne et depuis onze ans c'est pareil. Il vaut mieux rire de ces attardés. On ne va pas réussir à changer ça, donc il faut prendre les choses en riant et se moquer d'eux ». Une philosophie et une sagesse qui honorent le défenseur du Barça. Pourtant, il apparaît que ce « manger de banane », devenu si tendance grâce à la puissance du net et symbole du combat contre le racisme, soit en réalité orchestré par une agence de publicités basée à Sao Paulo.

Contactée par le père de Neymar après que ce dernier a fait l’objet de multiples insultes, le 12 avril à Grenade, l’agence suggère une action « légère et amusante » pour dénoncer cette problématique particulièrement virulente dans les stades européens. Guga Ketzer, son vice-président, déclare par ailleurs dans la presse brésilienne : « Nous attendions le meilleur moment pour la divulguer. Et ça a été après l’affaire de Dani ».

Ce dernier, tout en répétant que son geste n’était pas prémédité, reconnaît avoir été informé « des préparatifs autour de Neymar ». « C'était déjà arrivé contre d'autres coéquipiers, à d'autres occasions, on en a débattu, souligne le joueur sur Radio Globo. On avait déjà parlé d'une campagne que l'entourage de “Ney” voulait faire sur ce sujet, puisque ça lui était déjà arrivé. Mais ma réaction est venue spontanément. On m'a jeté une banane, elle est tombée devant moi, je l'ai prise et l'ai mangée, sans penser aux conséquences, mais simplement à combattre une action négative par une action positive.»  

Quant au supporteur raciste, déclencheur de ce tourbillon médiatico-éthique, il a été identifié, puisqu’il s’agit d’un éducateur d’une équipe de cadets du club de Villarreal. Selon le quotidien espagnol Marca, l’homme a été exclu à vie du stade, avant d’être licencié de son poste.

Ces sanctions exemplaires redorent le blason du sport accusé de ne porter ostensiblement désormais qu’une valeur… celle de la monnaie sonnante et trébuchante !   

 

Vidéo signée CNN relayant les propos de Donald Sterling:

 

Vidéo du "geste" de Dani Alves

 Elan de solidarité autour du geste de Dani Alves:

 

 

 

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