Patrick Bauer, ou le marathon comme un solo de Zappa

Photographe, guitariste de jazz-rock à ses heures perdues, Patrick Bauer est surtout connu pour être le fondateur et organisateur du Marathon des sables au Maroc. A la veille du démarrage de la compétition, il nous livre sa vision passionnée d’une épreuve mythique qu’il a initiée en 1984.  

Patrick Bauer, ou le marathon comme un solo de Zappa

Le 9 avril 2014 à 12h34

Modifié 9 avril 2014 à 12h34

Photographe, guitariste de jazz-rock à ses heures perdues, Patrick Bauer est surtout connu pour être le fondateur et organisateur du Marathon des sables au Maroc. A la veille du démarrage de la compétition, il nous livre sa vision passionnée d’une épreuve mythique qu’il a initiée en 1984.  

Un camp de bivouacs, le désert à perte de vue et un petit millier de marathoniens venus des quatre coins du globe pour relever le défi de la 29e édition du marathon des sables qui se déroule du 6 au 14 avril dans le Sud du Maroc. Épreuve hors-norme, aventure extrême, le marathon des sables a été fondé par Patrick Bauer alors âgé de 28 ans. Depuis, 16.000 coureurs ont participé à cette épreuve qui figure actuellement dans le très convoité Ultra-Trail World Tour 2014, une compétition qui regroupe en un circuit les dix meilleures courses au monde. Une belle reconnaissance, après de longues années de galère.

A l’origine, une affaire de scoutisme

 « A 14 ans je suis venu avec des scouts à M'Hamid El Ghizlane. Je me suis dit que j’allais revenir ». 14 ans plus tard, il se lance le défi de parcourir 350 km en courant dans le désert marocain en solo. « L’expédition a duré 12 jours. Une fois de retour dans ma région, en Champagne-Ardenne, je me suis dit pourquoi ne pas partager cette expérience ».  

Ce qui n'est pas sans déplaire à des journaux de sa région un brin sarcastiques. « Ils ont écrit que ce type s’était brulé quelque neurones dans le désert et que là il voulait emmener d’autres personnes avec lui », raconte-t-il, sans toutefois laisser apparaitre une quelconque rancune. Il enchaine : « Même Jacques Lanzmann (écrivain célèbre, parolier et passionné de marche et de voyages, ndlr) m’a dit un jour que je ne pourrais jamais emmener plus de 100 personnes courir au désert. Mais je ne me suis pas laissé influencer. Vous savez, une idée n’est bonne que si elle est appliquée. Alors je l’ai appliquée ».

Une sacrée galère

Nous sommes en janvier 1984, Patrick Bauer applique son idée encore embryonnaire et organise une course dans le désert, avec l’aide et le soutien de son épouse. Le Marathon des sables est né. « Avant d’en arriver là, on a mangé notre pain blanc, et c’est le moins qu’on puisse dire. Pour la première année, on avait 23 coureurs (…), on habitait tous ensemble dans le même endroit et on mangeait des pates ».

En 1984 donc, « il nous manquait 150.000 francs pour boucler le financement de la première édition, et à l’époque, c’était beaucoup d’argent », se rappelle-t-il. Et puis, comme dans un rêve ou dans le happy end d’un film d’outre-Atlantique, un industriel de sa région tombe du ciel et lui cautionne un prêt bancaire. « Il m’a dit : voilà votre chèque, faites votre marathon et on passera après à la banque pour voir comment vous allez me rembourser ».

Deux années plus tard, Patrick organise la remise des prix de la 3e édition à Paris. C’est très bien, sauf qu’à la fin, notre homme n’a pas de quoi se payer un café, ni même le billet de tram pour rentrer chez lui. Et dire qu’il souhaitait organiser une prochaine édition ! Alors, Vae Victis, forcément ? Que nenni ! « Trois jours après, mon banquier m’appelle pour me dire que j’ai reçu 50.000 francs. « C’était un monsieur qui croyait en l’aventure, et qui voulait me donner un coup de main. Tout comme l’industriel, c’était un ballon d’oxygène inespéré, un cadeau de la vie ».

Petit à petit, Patrick et son équipe ont trouvé des sponsors, et parallèlement, le nombre de coureurs n’a cessé d’augmenter. «J’aime beaucoup ce proverbe berbère qui dit : creuses ton sillon bien droit et regarde l’étoile briller. J’ai quand même une bonne étoile qui guide notre événement ». Vous en conviendrez !

En 2008, Patrick Bauer a créé la Fondation Solidarité Marathon des Sables, qui gère un centre d’éveil pour des enfants de la région de Ouarzazate et l’alphabétisation des femmes. Elle est parrainée par la Fondation Mjid. «Il y a quelques jours, j’ai rendu un hommage appuyé au président, et ami de 30 ans, Mjid, et le lendemain, j’ai appris son décès, ça m’a bouleversé ». Cette 29e édition est aussi un hommage à feu Mjid

Le marathon comme un solo de Frank Zappa

Le fondateur nourrit une véritable passion pour la musique, et forcément, ça se reflète dans son épreuve. « Depuis 10 ans, j’ai des musiciens de l’opéra de Paris qui viennent jouer en plein désert. L’année dernière, des musiciens issus de plusieurs pays ont interprété l’album The Wall des Pink Floyd. Mais, cette année, je reviens à la musique classique, car elle apaise, et comme ça les coureurs ne se couchent pas trop tard », commente-t-il malicieusement.

Une passion pour la musique en particulier et l’art en général donc, car avant de fonder le marathon des sables, Patrick Bauer était photographe, organisateur de concerts et musicien amateur.

« J’ai organisé pendant 5 ans des concerts à Troyes, et deux festivals de musique. J’ai même fait venir Bernard Lavilliers au festival de l'anti-chose ! A l’époque, son cachet était de 5.000 franc. J’ai aussi fait venir Paul Personne, un rockeur pur et dur, et le célèbre groupe de rock français des années 1980, Téléphone, des mecs super», dit-il, plein d’enthousiasme. Il ajoute :

« Je joue aussi à la guitare depuis l’âge de 14 ans (…), J’ai fait un peu de jazz-rock, j’ai joué dans des groupes avec des potes. Mais j’ai toujours joué pour le plaisir, et puis à l’époque, c’était bien pour séduire les filles », sourit-il. Ses musiciens favoris : Carlos Santana, Eric Clapton pour son touché de guitare extraordinaire, Frank Zappa, The Motels, Jimi Hendrix, The Cars. « J’ai vécu l’époque Peace and Love », dit-il d’une débordante ferveur.

«J'ai aussi de vieux fantasmes cinématographiques(…), faire un film, c’est un truc qui me taraude depuis longtemps ». Et un livre ? « Tu m’étonnes ! Je pense écrire ma biographie, j’ai tellement d’anecdotes à raconter sur les 30 ans du Marathon ».

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