Lors d’une conférence, tenue le 18 mars à Rabat, le ministre du Tourisme Lahcen Haddad insistait sur l’importance du tourisme d’affaires, un filon pas suffisamment exploité lorsqu’on le compare à certains de nos concurrents, comme l’Espagne ou la Turquie.

« La dynamique du tourisme d’affaires a légèrement changé au cours des dernières années. L’industrie du MICE a été frappée de plein fouet par la récession des pays industrialisés », lance d’emblée le rapport. Conséquence : les entreprises privilégient des voyages moins onéreux et plus courts.

Le coût et la distance constituant les principaux critères de compétitivité, le Maroc tente de miser sur d’autres atouts. L’objectif, selon le rapport, est de « capter un touriste d’affaires et de prolonger son séjour à travers l’organisation d’offres en synergie avec les segments sport, bien-être, animation et culture. L’idée est d’encourager les groupes étrangers et les tours opérateurs à venir organiser leurs congrès et meetings au Maroc. »

Voilà pour les atouts ! Qu’en est-il des handicaps ? Manque d’organisation, tarifs souvent trop élevés, fréquences aériennes insuffisantes, pression sur les ressources hydriques, manque de moyens et de savoir faire, tissu urbain dégradé, manque de propreté et de sécurité, offre culturelle faible, promotion insuffisante sont, pêle-mêle, bien que la liste soit longue, les principaux points faibles de notre tourisme d’affaires.

Ajoutons à cela l’insuffisance des équipements MICE (meetings, incentives, conventions, exhibitions). Ceux-ci sont au nombre de 631 répartis sur plusieurs villes du royaume : 287 salles de réunion d’hôtels, 239 salles de conférences, 54 amphithéâtres, 25 complexes culturels, 4 palais des congrès et quelques autres équipements. La répartition, entre Marrakech, Casablanca, Tanger et Agadir, montre des disparités pas tout à fait justifiées. Illustration : la région du Grand Casablanca, qui mise sur le tourisme d’affaires, n’abrite que 84 équipements MICE, alors que la région de Souss-Massa-Draa en compte 104. C’est la ville ocre qui s’accapare la part du lion avec 126 équipements.

Pour ce qui est du profil des touristes, « la part de ces touristes par rapport à l’ensemble des TES (touristes étrangers de séjour) est faible, seulement 4,4%, mais ce segment représente un potentiel non négligeable, eu égard à leur dépense par nuitée qui est supérieure à la moyenne. Une moyenne de 1.400 DH par nuitée pour les professionnels contre une moyenne de 950 DH pour les TES », explique le rapport du l’Observatoire du tourisme. Le touriste d’affaires passe en moyenne 5,4 jours au Maroc.

Quant aux principales nationalités, elles se répartissent comme suit : les Français (37%), les Espagnols (11%), les habitants du Benelux (9%), les Britanniques (5%), les Nord-Américains (5%), les Allemands (3%) et les Italiens (3%).

Avec les projets prévus, ce segment, perçu par les professionnels comme un créneau à haute valeur ajoutée, peut prendre son envol. Rien qu’à Marrakech, trois musées vont voir le jour dans les prochaines années et quatorze projets de golf. Espérons qu’ils permettront de donner un coup d’accélérateur à cette niche touristique.