Selon Benbow "les forages se poursuivent. La présence de pétrole a été confirmée dans le Jurassique supérieur et le forage se poursuit vers le Jurassique intermédiaire". Selon Genel Energy, une entreprise anglo-turque cotée à la City, c’est seulement à ce moment là que les réponses aux questions sur les réserves et la date d’exploitation du gisement pourront être connues.

Cependant Cairn Energy a indiqué que les réserves pouvaient atteindre les 70 millions de barils. Hasard du calendrier, Marrakech s’apprête à abriter les 7 et 8 mai prochains une rencontre professionnelle internationale MoroccoOil and Gas 2014.

Le forage Juby Maritime que mène Genel Energy avec Cairn Energy et l’Onhym est proche des côtes marocaines. Et si gisement il y a, il devrait se situer à moins de 4.000 mètres sous la mer. Actuellement le forage est à 3.100 mètres et devrait dépasser les 3.700 mètres de profondeur. Ce permis d’exploration est partagé par Genel (37,5%), Cairn (37,5%) et l’Onhym (25%).

Depuis une année, l’attention des professionnels de l’énergie est de plus en plus portée vers le Maroc en raison de l’instabilité qui frappe la Libye et suite à l’attaque contre le site gazier d’In Aménas dans le sud algérien en janvier 2013.

En 18 mois, 10 puits d’exploration offshore ont été creusés au large des côtes atlantiques marocaines là où seuls 9 points avaient été tentés entre 1990 et 2012, indiquait le directeur d’exploitation de l’Australien Pura Vida Energy Damon Neaves dans un entretien à l’agence britannique Reuters en octobre dernier. Ces 10 puits d’exploration représentent des investissements supérieurs à 500 millions de dollars.

Cette augmentation de la prospection s’accompagne de l’arrivée des majors sur le Maroc avec notamment BP et Chevron en 2013. Les investisseurs apprécient le cadre fiscal et l’infrastructure ferroriaire et portuaire, souligne Reuters.

Des éléments géologiques encouragent également la prospection pétrolière au Maroc. Les professionnels citent les découvertes au large de la côte du Brésil ou celles au large du Ghana, de la Namibie et de l’Angola. Cette semaine, en même temps que l’on parle de possible pétrole au large de Tarfaya, des informations similaires, optimistes,  circulent au sujet de pétrole possible au large des côtes mauritaniennes.

La stratégie énergétique marocaine est même comparée par certains observateurs à celle de la Norvège, ce qui ne constitue pas un mince compliment. Cette stratégie consiste à développer les ressources hydroélectriques avec la poursuite de la politique des barrages et le développement des renouvelables avec le solaire et l’éolien, une stratégie indépendante des énergies fossiles donc, tout en autorisant des prospections et des exploitations pétrolières qui seraient gérées comme des ressources indépendantes.

 L’un des avantages de cette politique est de faire payer l’énergie à son juste prix, de compter plus sur le renouvelable que le périssable, et de gérer de manière autonome des fonds importants.

La facture pétrolière marocaine a frôlé les 90 milliards de DH en 2013 et la consommation d’énergie croit de 5% par an en moyenne depuis une décennie. La consommation est estimé à 220.000 barils/jour actuellement, soit environ 11 millions de tonnes par an. Juby Maritime promet 70 millions de tonnes au minimum, 300 millions au maximum, selon les déclarations qu’il faut prendre avec précaution.

Les observateurs notent que le Maroc importe 95% de son énergie et qu’en 2013 il s’est résolu à contracter une assurance à plus de 200 millions de dollars/an pour se prémunir contre d’éventuelles hausses excessives du prix du baril de pétrole et gérer de manière plus rationnelle sa caisse de compensation.