Violences contre les femmes: Benkirane enterre le projet, un collectif s’insurge

Présenté sous forme d'un mémorandum adressé au chef du gouvernement marocain, le message du collectif Force des Femmes condamne ouvertement et fermement la tolérance à l’égard de la violence contre les femmes.  

Violences contre les femmes: Benkirane enterre le projet, un collectif s’insurge

Le 5 février 2014 à 19h49

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

Présenté sous forme d'un mémorandum adressé au chef du gouvernement marocain, le message du collectif Force des Femmes condamne ouvertement et fermement la tolérance à l’égard de la violence contre les femmes.  

Parallèlement à une vaste campagne de sensibilisation, les féministes interpellent les autorités qui ont “négligé“ le projet de loi 103-13, pourtant si prometteur.

«Ils l'ont enterré! Et si on enterre un tel projet, c'est qu'on peut en enterrer bien d'autres!»... Indignée, Atika Ouhajou, à la tête de la section meknessie de l'Union de l'Action Féministe (UAF), ne nourrit que peu d'espoirs quant à l'application du projet de loi 103-13 de lutte contre la violence faites aux femmes.

La féministe, partie prenante du mémorandum intitulé «Aucune tolérance à la violence contre les femmes», adressé à Abdelilah Benkirane, explique qu'il est désormais indispensable «d'aller vers autre chose, tout en continuant à se mobiliser» contre ces violences en recrudescence au Maroc. Derrière ces mots, sous-tend la faillite d'un gouvernement qui a tendance à «protéger et préserver la famille, le foyer», au détriment de l'individu et de la femme.

Ce constat accablant incite les associations composant le collectif Force des Femmes, à l'origine d'une campagne du même nom, à monter au créneau. Pour Touria Bouabid, chargée du programme «Education au Droits Humains» auprès de l'antenne marocaine d'Amnesty International mais également animatrice de la conférence présentant le mémorandum, «l'abrogation de l'article 475* du code pénal, n'est pas une finalité en soi. Il est indispensable de mettre en place des projets structurels et institutionnels pour lutter contre toutes les violences». Et la liste de celles-ci est tristement longue...

 

Règle tes problèmes chez toi

Signé par la section de Meknès de l'UAF, Amnesty International Maroc, mais également l'ONG Progetto Mondo Mlal, ce mémorandum souligne la prégnance d'une violence qui investit le milieu familial, la vie conjugale, les espaces publics, les établissements d'éducation et de formation ainsi que les espaces de travail, à dominante agricole pour les régions ciblées par la campagne Force des Femmes (Meknès, Khemisset, Oulmès, Khouribga et Beni Mellal).

En effet, selon la précédente enquête nationale menée par le Haut Commissariat au Plan (HCP) en janvier 2011, près de 63% des femmes âgées de 18 à 64 ont été victimes d'au moins un type de violence au cours des douze mois qui ont précédé l'étude. Bien qu'il soit impensable de hiérarchiser ces atteintes faites aux femmes, les féministes ont toutefois tenté de les spécifier, d'en présenter les aspects les plus fréquents: la violence physique, sexuelle, psychologique, économique, celle liée à la violation des libertés individuelles ou en relation avec l'application de la loi, sont ainsi pointées du doigt.

«La société pousse à régler ses problèmes chez soi, en interne, et ne surtout pas aller au tribunal», souligne Touria Bouabid. «Une hchouma» qui paralyse les victimes et permet aux autorités de se voiler la face. Sans plaintes, la politique de l'autruche est tellement aisée...

 

Des recommandations pour changer la donne

C'est également sur ce volet que le projet Force des Femmes, cofinancé par l'Union européenne, entend agir.

Le mémorandum est avant tout un exercice de citoyenneté qui poursuit le souhait d'éradiquer toutes formes de violences, de condamner les injustices et inégalité entre les genres. Il s'agit également de construire des ponts entre les « petites associations » dans les régions et celles avec davantage de poids, explique Mme Bouabid.

«Cet appel comporte les voix des plus vulnérables, de celles que l'on entend peu, et celles-ci arrivent avec des recommandations pour lutter contre ces injustices» ajoute-t-elle. Pour dire stop à cette violence qui nuit à la société, Abdellah Khaloub, d'Amnesty International Maroc - dont la simple présence rappelle que ce combat n'est pas uniquement une affaire de femmes – insiste sur l'éducation «tout au long de la vie du citoyen, d'apprendre à connaître ses droits».

«Il est également indispensable de fournir tous les outils [à travers des ateliers, des formations, ndlr] de compréhension, car impossible de défendre le droit des femmes, sans une bonne connaissance des Droits Humains au sens large», précise-t-il, avant d'ajouter qu'il est nécessaire de se mobiliser pour «condamner tous les manquements institutionnels à l'égalité entre les hommes et les femmes».

Plus généralement, les recommandations du collectif ambitionnent la tolérance zéro de la violence au niveau législatif, médiatique, l'éducation, la sphère privée et publique. A cet effet, Force des Femmes encourage vivement à la mise en place de cellules d'éveil pour détecter ces violations, à la création de mécanismes institutionnels permanents pour assurer le suivi et l'évaluation des plans d'actions à venir, mais également à faire participer les acteurs locaux (associatifs, institutionnels etc.) afin de constituer une base de données scientifique, participative et actualisée régulièrement pour établir un état des lieux fiable de l'application des droits des femmes.

Ce plaidoyer poignant vise à promouvoir une information et une participation pleine et effective des organisations de la société civile. Il requiert également votre soutien pour cette cause nationale. Une pétition en ligne est à cet effet mise à disposition sur le site la force des femmes pour changer les mentalités, et éviter de reproduire ces inégalités qui pèsent sur nos sociétés.
 

Témoignage anonyme d'une Marocaine victime de violence et sévices

 

 

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

TGCC: Résultats Annuels AU 31 DÉCEMBRE 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.