Des parents d’élèves fustigent l’explosion des tarifs des écoles privées

Le ministère de l’Education doit-il intervenir pour réguler les prix pratiqués par les écoles privées ? C’est ce que pensent beaucoup de parents qui se considèrent otages des écoles de leurs enfants. L’exemple le plus récent : une pétition de parents d’élèves à Casa.  

Des parents d’élèves fustigent l’explosion des tarifs des écoles privées

Le 28 janvier 2014 à 10h10

Modifié 28 janvier 2014 à 10h10

Le ministère de l’Education doit-il intervenir pour réguler les prix pratiqués par les écoles privées ? C’est ce que pensent beaucoup de parents qui se considèrent otages des écoles de leurs enfants. L’exemple le plus récent : une pétition de parents d’élèves à Casa.  

Une petite quinzaine de parents d’élèves, étaient réunis vendredi 24 janvier à l’entrée de l’école La Prairie, pour signer une pétition de protestation contre ce qu’ils considèrent comme une augmentation abusive des frais d’inscription et de scolarité.

«J'ai été surpris par l'augmentation fulgurante des frais d'inscription ainsi que les coûts mensuels: jusqu'à plus de 50% pour la première inscription et jusqu'a 25% d’augmentation pour les frais mensuels de la maternelle, en un seul coup et sans aucune justification préalable de la part de la direction de l'établissement», tempête un parent quadragénaire venu signer la pétition.

Les parents que nous avons interrogés estiment que le ministère de l’Education doit intervenir pour réguler les prix. «Pour moi, l’État est le premier responsable, car même en léguant des secteurs fondamentaux tel que l'enseignement et la santé au secteur privé, il reste de son devoir de protéger les citoyens en réglementant, entre autre, les augmentations des tarifs dans ces secteurs clés», estime cette maman présente elle aussi devant l’école.

Pour sa part, la direction donne une toute autre version des faits. «Cela fait 3 années que La Prairie n’a pas augmenté ses prix. Et contrairement à ce que disent certains parents, cette augmentation (frais d’inscription et de scolarité) qui concerne l’année scolaire 2014/2015 sera de 10%», plaide la direction de l’école. Pour justifier cette augmentation, l’école dit ne pas lésiner sur les moyens en cherchant constamment à garantir une qualité supérieure à ce qui se fait dans le marché.

«90% des parents qui se plaignent ont réinscrit leurs enfants car ils connaissent la qualité de l’école». Mais selon les parents mécontents, ceux qui ont réinscrit leurs enfants se sont sentis contraints à le faire compte tenu des délais courts imposés par la direction qui les met, selon eux, en position de faiblesse vis-à-vis de l'école.

Le ministère de l’Éducation ne peut pas intervenir

Le ministère de l’Education peut-il intervenir pour réguler ou contrôler les prix? «Non», tranche d’emblée la directrice de communication du ministère de l’Education, car son département «n’a pas de droit de regard sur l’aspect financier dans les écoles privées», dit-elle.

«Notre rôle s’arrête à la délivrance des autorisations, au respect d’un cahier des charges et au respect du volet pédagogique. Du reste, c’est la loi de l’offre et de la demande», poursuit-elle.

Même son de cloche chez Bendaoud Marzaki, directeur de l’enseignement privé au sein du ministère. «La loi 06-00 qui régit l’enseignement ne donne pas le droit au ministère de déterminer ou de réguler les prix pratiqués. Par contre, nous avons envoyé une circulaire qui somme les écoles privées d’afficher les prix de chaque prestation d’une manière bien visible au sein de l’école. De plus, les parents d’élèves sont en droit d’exiger un reçu qui mentionne clairement chaque prestation et les prix pratiqués», argumente-t-il. Pas sûr que cette initiative puisse apaiser les tensions.

Nouveau modèle de partenariat public/privé

Si pour le moment aucune loi ne permet de réguler ou de contrôler les prix, le ministère de l’Education pourrait y remédier en adoptant un nouveau modèle de partenariat public/privé. Ainsi, un projet de loi visant la révision de la loi 06-00 et comportant un volet partenariat public/privé a été déposé auprès du secrétaire général du gouvernement. «Il faudra d’abord qu’il arrive aux commissions pour discussions avant d’être amendé». Ce n’est donc pas pour demain.

Ainsi, la régulation doit se faire selon une classification faite au préalable, à l’instar des étoiles dans l’hôtellerie. «Dans ce sens, nous allons lancer un projet financé par la BAD et dont l’objectif est d’établir une typologie pour avoir un référentiel et ainsi une fourchette pour chaque catégorie», explique M. Marzouki. Il ajoute que les critères de classification concerneront l’emplacement géographique, la taille de l’école, l’investissement de départ, les prestations proposées, Etc.

En attendant, «l’absence d’un texte clair et d’une classification au préalable empêche de réguler le secteur de l’enseignement privé», rappelle notre interlocuteur.

La demande dépasse largement l’offre

«Nous sommes dans une logique de marché. Le marché est libre, donc si les parents estiment que les prestations ne justifient pas les prix, ils peuvent toujours changer d’établissement. De plus, nous ne pouvons pas forcer une école à baisser les prix» estime Amine Azouzi, directeur de la fédération des écoles privées. Selon lui, «les parents ont la liberté de choisir».

Il ajoute qu’«à l’évidence, il est inadmissible d’augmenter les prix pour l’année en cours. Mais si c’est pour l’année prochaine, on ne peut pas forcer l’école à s’aligner sur les demandes des parents».

Autre point notable, «il y a énormément de demandes dans le privé, la pression est de plus en plus grande, c’est pourquoi les prix explosent», poursuit notre interlocuteur. Selon lui, «le vrai problème vient de l’enseignement public. Les parents sont doublement imposés pour l’éducation et la santé. Pourquoi n’avons-nous pas d’écoles publiques adéquates et de qualité?», s’interroge le représentant des écoles privées, avant de conclure avec cette anecdote qui résume à elle seule la situation de l’enseignement au Maroc: «Quand Mohamed Louafa était ministre de l’Education, une maman avait pointé du doigt les prix élevés pratiqués par certaines écoles. L’ex-ministre lui avait répondu qu’elle pouvait arranger les choses en inscrivant son fils dans une école…publique ». Du tac au tac.

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