Syrie: Assad envisage un nouveau mandat et fustige l'opposition

Bachar al-Assad a annoncé dans une interview exclusive à l'AFP qu'il y avait de «fortes chances» qu'il brigue un nouveau mandat et exclu de confier un futur gouvernement à un opposant, à deux jours de la conférence de Genève II.  

Syrie: Assad envisage un nouveau mandat et fustige l'opposition

Le 20 janvier 2014 à 10h29

Modifié le 20 janvier 2014 à 10h29

Bachar al-Assad a annoncé dans une interview exclusive à l'AFP qu'il y avait de «fortes chances» qu'il brigue un nouveau mandat et exclu de confier un futur gouvernement à un opposant, à deux jours de la conférence de Genève II.  

Dans cet entretien réalisé dimanche au palais du Peuple à Damas, Bachar al-Assad a souligné que sa guerre contre la rébellion serait de longue durée mais averti que « si la Syrie perd la bataille, le chaos s'étendra à tout le Moyen-Orient ». La conférence internationale sur la Syrie, qui doit réunir pour la première fois autour d'une même table pouvoir et opposition, s'ouvre mercredi à Montreux en Suisse et est censée trouver une issue politique au conflit qui a fait plus de 130.000 morts depuis mars 2011. « Je considère que rien n'empêche que je me porte candidat (…) et si l'opinion le souhaite, je n'hésiterai pas une seconde à le faire. Bref, on peut dire qu'il y a de fortes chances que je me porte candidat », a dit M. Assad, alors que l'opposition exige qu'il soit écarté de toute transition politique.

Dans le palais somptueux perché sur une colline dominant la capitale, M. Assad, vêtu d'un costume bleu marine, est apparu souriant et décontracté. Il a confié qu'il ne vivait ni ne travaillait dans ce palais, trop vaste, préférant son bureau et son appartement en ville. Agé de 48 ans, M. Assad est arrivé au pouvoir après le décès de son père Hafez al-Assad qui avait dirigé le pays pendant près de 30 ans. Elu par un référendum en juillet 2000, il a été reconduit à la tête du pays en 2007 pour un nouveau mandat de sept ans. Le prochain scrutin est prévu en juin 2014. Interrogé sur l'opposition qui a finalement accepté de participer à Genève II mais avec unique objectif de se débarrasser de lui, il lui a dénié toute représentativité, estimant qu'elle était « fabriquée » par les renseignements étrangers.

« Tout le monde sait maintenant que quelques-unes des parties (de l'opposition) sont apparues durant la crise à travers des services de renseignements étrangers, que ce soit au Qatar, en Arabie saoudite, en France, aux Etats-Unis ou dans d'autres pays. Lorsque je m'assois avec ces gens-là, cela veut dire que je négocie avec ces pays », a-t-il dit. Pour lui, la présence de l'opposition dans un futur gouvernement signifierait « que ces Etats participent au gouvernement syrien ». Il s'est moqué des dirigeants de l'opposition installés à l'étranger et qui prétendent « dominer 70% de la Syrie mais n'osent pas venir dans ces 70% soi-disant libérés ». « Ils viennent aux frontières pour une demi-heure avant de prendre la fuite, comment peuvent-ils devenir membres du gouvernement? Est-ce qu'un ministre peut exercer ses fonctions de l'extérieur? De telles idées sont totalement irréalistes, on peut les considérer comme une plaisanterie », selon lui. « Pas de victoire imminente » M. Assad a souligné que son armée avait réalisé « des progrès dans la lutte antiterroriste, mais cela ne signifie pas que la victoire est imminente. Ce genre de bataille est compliqué, elle n'est pas facile et demande beaucoup de temps ». Mais, « quand on défend son pays, on n'a qu'une seule alternative, c'est celle de gagner », a insisté le président qui n'a jamais reconnu l'existence d'une contestation contre son régime.

Débuté par une contestation pacifique, le conflit en Syrie s'est militarisé face à la répression mettant aux prises régime et rebelles. Il est devenu plus complexe avec des combats opposant rebelles et jihadistes, auparavant alliés dans le combat face au régime. « Il ne s'agit pas d'une révolte populaire contre un régime qui opprime son peuple, ni d'une révolution en vue de la démocratie et de la liberté, comme les médias occidentaux ont voulu présenter les choses », a-t-il dit. « Une révolution populaire ne saurait durer trois ans puis échouer, une révolution ne saurait répondre à des agendas extérieurs ». M. Assad a rejeté toute distinction entre rebelles et jihadistes: « Nous sommes face à une seule partie, à savoir les organisations terroristes extrémistes indépendamment des appellations dans les médias occidentaux ».

Pour M. Assad, la première priorité de Genève II doit être « la lutte contre le terrorisme ». « Cela serait le résultat le plus important. Tout résultat politique qui ne comprendrait pas la lutte contre le terrorisme n'aura aucune valeur ». La conférence de Genève II cherche à appliquer un accord conclu à Genève en 2012, prévoyant un gouvernement de transition doté de pleins pouvoirs mais ne mentionnant pas le sort de M. Assad. Elle a été initiée par Washington, soutien de l'opposition, et Moscou, allié indéfectible du régime. « Il n'y a pas de guerre propre » M. Assad a mis l'accent sur l'importance des accords de cessez-le-feu « localisés » entre armée et rebelles intervenus ces dernières semaines dans des localités de la région de Damas. « Ces initiatives pourraient être plus importantes que Genève II (…), ces réconciliations permettent de limiter l'effusion de sang ».

Malgré la guerre qui ravage son pays, M. Assad, qui vit à Damas avec sa femme et ses trois enfants, n'a jamais pensé à l'exil. « Fuir n'est pas une option dans ces cas-là. Je dois être aux premiers rangs des défenseurs de la patrie. C'était le seul scénario depuis le premier jour de la crise », a martelé le président. Il a soutenu que son camp n'avait commis « aucun massacre » depuis le début de la guerre accusant les rebelles d'en commettre « partout ». « L'Etat syrien défend toujours les civils. Les séquences vidéos et les photos confirment que ce sont les terroristes qui commettent des massacres. Il n'y a aucun document qui prouve que le gouvernement syrien en a commis depuis le début de la crise jusqu'à l'heure actuelle », a-t-il assuré.

L'ONU et des organisations internationales ont accusé aussi bien les soldats que les rebelles d'avoir commis des atrocités. M. Assad a affirmé que « l'armée ne bombarde pas des régions mais frappe les endroits où se trouvent les terroristes », tout en admettant qu'il pouvait y avoir des victimes civiles. « Malheureusement cela arrive dans toutes les guerres, il n'y a pas de guerre propre, qui ne fasse pas de victimes innocentes ». « Pourquoi y a-t-il des gens aussi méchants? » Il a en outre justifié le combat du Hezbollah libanais aux côtés de son armée, estimant qu'il ne serait intervenu s'il n'y avait pas, en face, « des combattants de plusieurs dizaines de nationalités qui (l'ont) attaqué, notamment à la frontière syrienne ». M. Assad a néanmoins souligné que « le départ de tous les (combattants) non Syriens est un des éléments de la solution en Syrie ».

Le président syrien a en outre révélé avoir opposé une fin de non-recevoir à des services de renseignements occidentaux qui souhaitaient établir des canaux de communication avec Damas en matière de lutte anti-terroriste. « Plusieurs rencontres ont eu lieu avec plus d'un service de renseignement de plus d'un pays. Notre réponse a été que la collaboration dans le domaine de la sécurité est indissociablement liée à la collaboration politique et celle-ci ne peut avoir lieu lorsque ces pays adoptent des positions politiques hostiles à la Syrie », a-t-il dit.

M. Assad a accusé la France, qui soutient la rébellion, d'être devenue un pays « vassal » du Qatar et de l'Arabie saoudite en échange des « pétrodollars ». L'entretien a duré 45 minutes dans la bibliothèque du palais du peuple. Les trois premières questions-réponses ont été filmées par les services de la présidence et le photographe de l'AFP a été autorisé à prendre des photos durant l'interview. Interrogé sur ce qui a changé dans sa vie quotidienne, il a répondu: « Nous vivons chez nous comme auparavant ». Selon lui, ses enfants, comme tous les petits Syriens, posent des questions comme « Pourquoi y a-t-il des gens aussi méchants? », pourquoi y a-t-il des morts?  « Ce n'est pas facile d'expliquer de telles choses aux enfants ».

(Avec AFP) 

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