Elle aurait pu sortir de son silence lors de la conférence de presse tenue samedi au siège du parti de la Balance. Mais elle ne l’a pas fait, laissant le soin au trublion Chabat de parler à sa place. Ce jour-là, le frère ennemi de Benkirane a dit que son parti avait autorisé Yasmina Baddou à intenter un procès contre le président de l'Association marocaine de protection des deniers publics, lequel l'avait accusée d'avoir acquis de manière suspecte deux appartements à Paris.

Pour sa première vraie sortie médiatique, la dirigeante Istiqlalienne a donc choisi le quotidien de Rachid Nini. Et pour commencer, elle a défendu son bilan (dans un style un peu décousu). «Quand j’ai quitté le gouvernement, j’ai promis de combattre la corruption et l’injustice, et je me suis dis que grâce à Dieu, je quitte le gouvernement en étant tranquille car j’ai rempli mes fonctions avec honneur et fidélité».

Quand on pense à son bilan, on pense presque systématiquement à cette scène surréaliste, datant de 2010, où l’on voit Mme Baddou rire aux éclats, en direct du parlement, en parlant d’un problème de santé publique très grave qui se posait dans la région d’Errachidia. On se rappelle aussi de sa gestion calamiteuse d’une grève généralisée des médecins du secteur public, un an plus tard.

Mais revenons au patrimoine immobilier parisien de Yasmina Baddou. «Je possède un seul appartement acquis en 1998 du temps où je n’exerçais aucune fonction publique, car j’étais avocat d’affaires», a-t-elle affirmé, en ajoutant que le but était d’assurer de bonnes conditions de vie à ses deux filles scolarisées dans la capitale de l’hexagone.

 A quel prix ? « Le prix d'achat de l'appartement parisien, acquis en 1998, s'élève à 2 millions de francs français. La monnaie unique européenne n'était pas encore en vigueur. En Dirhams, la valeur était  de 2,5 et 3 millions». Mais ce n’est pas tout, car selon elle, « l'Etat a été gagnant dans la mesure où le montant de l'acquisition de ce bien immobilier est équivalent à celui de sa location ». Tout va bien donc.

Ces affirmations vont à l’encontre de celles du président de l'association nationale de protection des deniers publics, Tarik Sbaï. Selon lui, la dirigeante Istiqlalienne a acheté un 2ème appartement en 2010 à Paris, alors qu’elle exerçait encore ses fonctions de ministre.

Certains médias ont même publié une supposée copie de l’acte d’achat dudit appartement. Prix, 910.000 Euros, une bouchée de pain. Mais Yasmina Baddou s’en défend : «c’est un faux document ».

A propos d’un marché relatif aux vaccins de la grippe H1N1 qui aurait été obtenu de gré à gré, Yasmina Baddou a répondu qu'il s'agit d'accusations graves, assurant que le processus ayant entouré ce marché avait été « totalement transparent ».