Des parlementaires critiques mais pas indifférents

Le classement publié par Global Democracy Ranking et octroyant une 97e place au Maroc sur 115 pays est sévèrement critiqué sur sa méthode par les parlementaires interrogés par Médias 24. Mais ceux-ci reconnaissent aussi qu’il met le doigt sur des faiblesses politiques.  

Des parlementaires critiques mais pas indifférents

Le 3 janvier 2014 à 20h09

Modifié 3 janvier 2014 à 20h09

Le classement publié par Global Democracy Ranking et octroyant une 97e place au Maroc sur 115 pays est sévèrement critiqué sur sa méthode par les parlementaires interrogés par Médias 24. Mais ceux-ci reconnaissent aussi qu’il met le doigt sur des faiblesses politiques.  

Selon l’ONG autrichienne, ce classement sur «la qualité de la démocratie» se veut un reflet de «la liberté et des autres caractéristiques du système politique et de la performance des autres dimensions». L’indice est basé à 50% sur les caractéristiques du système politique, les 50% restants étant constitués des «autres dimensions» en 5 parts égales : égalité des sexes, économie, connaissance et éducation, santé et environnement.

L’indice de Democracy Ranking est basé sur un modèle de mesure théorique développé par des universitaires américains et européens. Il intègre les classements internationalement reconnus de Transparency International (TI), Freedom House et du Forum économique mondial (Doing Business).

L’intégration de ces classements à l’indice de l’ONG autrichienne explique que seuls 115 pays soient classés. Il suffit en effet qu’un pays n’autorise pas Transparency, Freedom House ou le Forum économique mondial (FEM) à enquêter sur son sol pour en être exclu. C’est notamment le cas de plus de 75 pays de la planète dont l’Algérie, la Mauritanie, la RD du Congo, le Soudan, l’Arabie saoudite, l’Iran et de l’Irak.

Interrogé sur la pertinence et le sens de ce classement, le député du PAM (opposition) Mehdi Bensaid s’étonne que «nous soyons classés si bas; ce classement est-il logique par rapport à des pays qui se trouvent en guerre ou qui vivent de profondes crises politiques?»,  s’interroge-t-il. Mais les critiques n’excluent pas le réalisme.

La Tunisie 72e, le Maroc 97e

«Ce classement nous interpelle par rapport aux défis que nous devons relever, indique Bensaid notamment celui de la lutte contre la corruption. Il nous interpelle par rapport aux thèmes de l’éducation, de la santé et de la justice». «J’accepte que l’on nous avertisse par rapport à nos problèmes», indique le jeune député de l’opposition qui ne manque pas de rappeler que «le Maroc autorise toutes les ONG internationales à venir enquêter sur son sol».

Méthodologie et pertinence des comparaisons sont notamment critiquées par le ministre délégué aux transports, Mohamed Najib Boulif du PJD.

Interrogé par Médias 24, Boulif critique «le mélange entre critères politiques, économiques et sociaux» avant de parler du «vécu de la vie politique au Maroc et en Tunisie». Dans le classement Ranking Democracy la Tunisie est classée 72e, le Maroc 97e et l’Egypte 109e.

Selon Mohamed Najib Boulif, «comparativement à la Tunisie où je m’assois avec les ministres et des membres de la société civile tunisienne, où il n’y a pas de constitution, où on tente de sortir de la crise politique à travers un dialogue national et où il y a de la violence, il est inconcevable que nous soyons plus mal classés».

Mais M. Boulif pointe un autre problème du doigt: «La mauvaise information des personnes interrogées» par les organismes internationaux.

Le député du PJD et membre du gouvernement cite l’exemple de la confection du classement sur le climat des affaires (Doing Business) et du panel marocain sondé à cet effet. «Lorsque nous nous sommes assis avec les membres de ce panel composé à 99% de personnalités marocaines, nous avons trouvé que plusieurs personnes n’avaient pas les informations, tandis que quelques-unes communiquent des informations erronées parfois», révèle-t-il.

Constitution, justice, corruption et communication

«Nous avons décidé que désormais sur ces affaires de classement, indique Boulif à Médias 24, on se réunira avec les gens concernés qui sont consultés pour donner leur avis et on les informera. On ne veut pas faire de propagande, mais on leur communiquera les dernières données sur le Maroc, son économie, ses lois, ses institutions ».

Boulif indique également à Médias 24 qu’«une cellule gouvernementale ne s’occupe désormais que de cela. Nous avons constaté que nous sommes souvent mal classés car la réalité de l’information qui est communiquée est fausse», souligne-t-il.

«Nous avons 13 ou 14 indices et classements que nous suivons. Nous avons un problème avec la diffusion de l’information et le marketing de notre image», concède le ministre.

Pour sa part le député USFP Ahmed Zaidi (opposition) juge les chiffres présentés par Democracy Ranking discutables, «car le classement est choquant surtout dans ses comparaisons à d’autres pays de la région; ce ne sont pas les résultats que la classe politique, l’opinion publique et les observateurs attendaient,» souligne l’élu socialiste.

S’il rappelle les progrès politiques réalisés depuis plus de 10 ans au Maroc, Zaidi parle aussi de régressions, et d’abord «au niveau de la mise en œuvre de la constitution qui reste un texte sans âme, un texte qui n’a pas fait bouger la vie politique», indique-t-il à Médias 24.

Ensuite, Zaidi critique le manque d’action du gouvernement dans les secteurs de l’économie, du développement ou du dialogue social avant de déplorer le fait que «la classe politique passe beaucoup de temps à régler les accrochages entre les composantes de la majorité, et entre la majorité et l’opposition; on continue à se chamailler à travers les médias en oubliant le travail de réformes», accuse-t-il.

Enfin, le troisième point que M. Zaidi considère comme une faiblesse à corriger est celui «du travail de la justice». «L’investissement étranger est lié au travail de la justice, au respect des droits des citoyens et de la lutte contre la corruption qui a gagné du terrain au lieu de reculer», note M. Zaidi.

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