Depuis le 23 décembre, une macabre comptabilité circule toutefois sur le net. Il s’agit d’un décompte de morts étrangers dans les rangs jihadistes, décompte que l’on prête à l’agence américaine UPI qui le tiendrait d’une source salafiste jordanienne.

Selon ce décompte, 9.936 combattants étrangers ont trouvé la mort en Syrie depuis mars 2011 dont :

-1.902 Tunisiens :

-1.807 Libyens

-1.432 irakiens

-828 libanais

-821 égyptiens

-800 palestiniens

-714 saoudiens

-412 marocains

-274 algériens

-une trentaine d’européens, essentiellement du Caucase et d’Albanie.

Ces chiffres sont-ils crédibles ? Non, ils correspondent uniquement à une impression générale, celle qui voudrait que les Tunisiens, les Libyens et les Irakiens fournissent les plus gros contingents des jihadistes en Syrie.

L’information n’est pas sourcée. La source primaire, “le courant salafiste jordanien“, est anonyme. L’agence UPI citée comme la source secondaire, ne reproduit pas cette information sur son site (upi.com). Au demeurant, elle n’est plus l’agence internationale qu’elle fut au XXè.

Les experts en mouvements jihadistes sont unanimes à dire qu’il est impossible d’avoir des statistiques fiables. Tout au plus des ordres des estimations. De nombreuses pages jihadistes ont été créées pour annoncer les morts étrangers avec un cérémonial de glorification censé inciter d’autres à suivre la même voie. Mais ces pages sont volatiles puisque souvent fermées par FB. Elles ressurgissent ensuite sous d’autres appellations.

Les deux pages marocaines (dont celle en fac similé) qui ont été créées avec les mêmes objectifs ne sont plus accessibles.

Les estimations les plus récentes (décembre 2013) du Centre américain The Washington Institue For Near East Policy et de l'ICS (International Centre for the study for radicalisation) sont beaucoup plus prudentes et de bien moindre envergure. Après compilation de plus de 1.500 sources différentes, l'ICS estime que les combattants étrangers qui ont combattu ou qui combattent en Syrie est de 11.000 individus. Ce chiffre comprend tous les flux depuis mars 2011.

La même source estime le nombre de combattants marocains dans une fourchette de 77 à 91 individus. Les plus nombreux selon eux sont les Jordaniens, puis les Saoudiens, les Libanais, les Turcs et les Tunisiens.

Le nombre de morts marocains serait donc d'une trentaine au maximum. Ces estimations, d'origine essentiellement américaine et israélienne, semblent plus réalistes. En tous les cas, elles sont sourcées.