Industrie: les IMME se réunissent en conclave à Casa

La Fimme tient ce mardi une AGO dans un contexte particulier. Le contrat-programme n’est pas encore signé tandis que  l’enquête anti-dumping menée par le ministère du commerce extérieur au sujet des tôles laminées à chaud, s’invitera dans les discussions.

Industrie: les IMME se réunissent en conclave à Casa

Le 3 décembre 2013 à 12h05

Modifié 3 décembre 2013 à 12h05

La Fimme tient ce mardi une AGO dans un contexte particulier. Le contrat-programme n’est pas encore signé tandis que  l’enquête anti-dumping menée par le ministère du commerce extérieur au sujet des tôles laminées à chaud, s’invitera dans les discussions.

Sur ce dernier point, ceux des industriels qui sont contre toute forme de protection ou de droits supplémentaires à l’import, ont reçu un renfort inattendu de la part du groupe mondial ArcelorMittal.

Pour ArcelorMittal, une «protection illégitime» visant à exclure un concurrent

Ce dernier a réagi «conteste les conclusions provisoires du Département du Commerce Extérieur marocain établies à son encontre dans le cadre de l’enquête anti-dumping sur les tôles d’acier laminées à chaud ». En effet, dans l’avis public n°12/13 , le ministère du commerce extérieur annonce l’application d’un droit provisoire de 29.12 % aux produits provenant des usines ArcelorMittal.

Société

Taux de marge de dumping provisoire

Origine

Droit anti dumping provisoire

ArcelorMittal

60.42 %

UE

29.12 %

Tata Steel

22.11 %

UE

22.11 %

Steel Link

22.11 %

UE

22.11 %

Colakoglu

 1,97 %

Turquie

        0 %

Erdemir

    0 %

Turquie

         0 %

Autres

 

UE et Turquie

 29.12 %

 

La marge calculée par le ministère pour ArcelorMittal est de 60.42 %. Le communiqué la qualifie de «totalement déraisonnable.»  La surtaxe sera de 29,11 %.

«ArcelorMittal conteste catégoriquement le niveau de marge de dumping calculé par le DCE qui est fondamentalement déconnecté de la réalité de son activité sur le marché marocain, marquée par le développement d’une relation durable avec ses clients, à des prix compétitifs», poursuit le communiqué.

ArcelorMittal accuse: «ArcelorMittal ne remet pas en cause la légitimité de l’instrument anti-dumping dès lors qu’il est utilisé pour compenser un préjudice réel, lié à une pratique déloyale avérée. Il ne saurait en revanche être utilisé par une industrie pour obtenir une protection illégitime conduisant à exclure un concurrent du marché par l’imposition de droits punitifs, comme en l’espèce».

Le communiqué qualifie cette décision «d’erreur manifeste» et annonce sa décision «d’intervenir immédiatement auprès du DCE après la publication du rapport préliminaire pour lui apporter toutes les explications et éléments de preuves de nature à modifier ses conclusions provisoires». Le délai ouvert par le département du commerce extérieur pour recueillir les commentaires, avis et contestations de la part des parties intéressées a d’ailleurs été prolongé jusqu’au 23 décembre.

ArcelorMittal pris au piège

Drôle de situation en effet que celle dans laquelle se trouve ArcelorMittal. Au Maroc, il produit de l’acier long (essentiellement pour le bâtiment et les tréfileurs), à travers Sonasid, sa filiale à 32%.  Et, dans le cas de cette dernière, il est très heureux de bénéficier d’une protection tarifaire.

Par contre, il exporte à destination du Maroc, à partir de ses usines en Europe, des tôles plates. Et là, il n’a aucun intérêt à ce qu’une protection ou une barrière tarifaire, de quelque nature que ce soit, soit instaurée. Or, des droits provisoires ont été instaurés dans le but de protéger les produits Maghreb Steel de tout dumping.

La vraie question, c’est la capacité du marché marocain à absorber une production importante d’aciers, quelle que soit leur forme.

Dans le cas de Maghreb Steel, l’usine a une capacité de 1,5 million de tonnes, alors que le marché local pourrait en absorber la moitié. Maghreb Steel tablait sur 40% pour le marché local et 60% pour l'export.

De plus, l’acier est produit à partir de trois intrants: les métaux ferreux ou la ferraille, le charbon et l’énergie. Le Royaume a une très faible production de ferraille et l’électricité, même à usage industriel, est chère.

La mise en place, même provisoire, d’une taxe sur les tôles laminées à chaud importées d’Union européenne et de Turquie ne règle pas le problème de l'export et de plus, suscite la désapprobation d’une partie des opérateurs.

En effet, la métallurgie n’est pas un secteur homogène. Maghreb Steel fabrique des produits qui seront à leur utilisés dans la chaudronnerie, la construction métallique, la fonderie, la construction métallique avant de terminer leur course dans des produits finis qui s’appellent une automobile, une pièce d’avion, un vélo, une usine, une chaudière ou une citerne à gaz.

Tous ces industriels qui utilisent les produits de Maghreb Steel ont intérêt à acheter les produits les moins chers sur le marché, fussent-ils importés. Certains d’entre eux ont déclaré à Médias 24 que la protection provisoire de Maghreb Steel renchérit en réalité leurs coûts.

Rappelons que l’enjeu n’est pas anodin. Le secteur des IMME représente 16% des entreprises industrielles du pays, réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 60 milliards de DH, emploie 60.000 personnes soit 10% des emplois industriels.

Dans son ensemble, le secteur aspire à conclure rapidement un contrat-programme pour devenir  en 2017, une industrie performante et reconnue, au Maroc et à l’étranger. De plus, c’est un secteur indispensable, car il se situe en amont de toute industrie, dans quelque domaine que cela soit. Il n’y a pas d’industrie possible sans pièces métalliques et donc sans IMME.

Léger frémissement en Europe

L’AG de la Fimme (fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques) fera également le bilan de la participation des IMME marocaines au Midest, en novembre à Paris. Le Midest est considéré comme le premier salon mondial de sous-traitance industrielle. Pour la 24ème année consécutive, la Fimme y participait et comme elle en avait pris l’initiative il y a 7 ans, elle a donné des conférences sur le Maroc.

Interrogé par Médias 24 au sujet de son sentiment après ce Midest, Hamid Souiri, président de la Fimme, est positif: «On sent encore la crise mais il y a un léger mieux, un petit frémissement.»  Les opérateurs marocains étaient aller chercher des partenariats, des contrats de sous-traitance et surtout des investissements en joint-venture. Nous en saurons davantage lorsque le bilan aura été dressé.

Le secteur est fortement corrélé aux investissements. Et ceux-ci ont subi cette année de grosses coupes. La crise en Europe, les coupes budgétaires au Maroc, tout cela fait que l’euphorie des années précédentes est loin. Tout le monde attend et espère la reprise.

Et Maghreb Steel dans tout cela? Quelle est la position de la Fédération? Le sujet ne manquera pas d’être évoqué au cours de l’AG.

En attendant, Hamid Souiri nous expose sa position: «Il faut un coup de chapeau à ces investisseurs qui ont consenti un effort énorme. Le Maroc a besoin d’une industrie comme celle-là. Dans le monde, c’est l’Etat qui consent ce genre d’investissements. Au Maroc, Maghreb Steel a donc beaucoup de mérite de l’avoir fait».

Ce que demandent les industriels, c’est que les produits finis soient protégés de la même manière ou au même niveau que Maghreb Steel, car nos industriels doivent faire face à la concurrence des sous-traitants européens ou turcs, jusque dans les marchés nationaux.

«Si on doit mettre en place des mesures pour sauver Maghreb Steel, il y a tout un pan de l’industrie qu’il faut également soutenir».

Nous en saurons peut-être davantage mardi.

 

 


 

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