Darija: Offensif, Noureddine Ayouch défend ses propositions à la télévision
On l’attendait plutôt défensif, mais Noureddine Ayouch aura défendu avec détermination face aux téléspectateurs d’Al-Oula les recommandations issues du Colloque international sur l’éducation tenu à Casablanca les 4 et 5 octobre derniers.
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Jamal Amiar
Le 25 novembre 2013 à 8h19
Modifié 11 avril 2021 à 2h35On l’attendait plutôt défensif, mais Noureddine Ayouch aura défendu avec détermination face aux téléspectateurs d’Al-Oula les recommandations issues du Colloque international sur l’éducation tenu à Casablanca les 4 et 5 octobre derniers.
Ayouch était, hier soir 24 novembre, «L’invité du dimanche» à 20H face au journaliste Mohamed Tijjini.
D’entrée de jeu, Mohamed Tijjini, vif et maniant avec aise humour et ironie, a demandé à Ayouch "comment il avait réussi à créer le consensus" contre ses propositions pour le futur de l’école marocaine.
Si Noureddine Ayouch a reconnu qu’il ne s’attendait pas à une telle hostilité si tôt dans le débat, en revanche il a souligné le contenu des propositions du colloque sur l’usage de la darija dans les années du préscolaire et les premières années du primaire appelant à l’appui de ses arguments les experts de l’UNESCO qui recommandent l’enseignement dans la langue maternelle lors des premières années d’école.
Dans la constitution, La darija est une langue nationale
Noureddine Ayouch a critiqué «ceux qui commentent sans avoir lu les recommandations» et ceux qui font «l’amalgame entre le coran qui est sacré et la langue arabe qui est … une langue». Car l’hostilité à la darija, reconnue langue nationale par la constitution, tout comme le hassani, alors que la langue arabe et l’amazigh sont langues officielles, cette hostilité cimente le front du refus du débat sur les réformes du système éducatif.
Sur ce point, Ayouch a rappelé qu’en Indonésie et en Malaisie entre autres, importants pays musulmans, les gens sont musulmans mais leurs langues sont l’indonésien et le malais. Au Sénégal, le wolof et le français sont les langues les plus utilisées par les Sénégalais, musulmans eux aussi.
L’argument principal de Ayouch défendu dans les recommandations du colloque, le 3ème à son actif sur ce thème en 3 ans, hors l’avis des experts de l’UNESCO, consiste à dire que l’enseignement dans les premières années doit être dispensé en amazigh , en darija ou en hassani, en substance dans la langue maternelle de l’enfant.
Les recommandations du colloque des 4 et 5 octobre derniers contiennent également des propositions sur l’amélioration des conditions de travail de l’enseignant et l’importance des langues étrangères, ainsi que «la nécessité d’un certain pragmatisme économique.»
«La darija est une langue de travail, de poésie et de communication»
Selon l’UNESCO au niveau international et selon le constat des abandons scolaires au Maroc, l’enseignement dans la langue maternelle permet une meilleure acquisition des savoirs et réduit l’abandon scolaire, une plaie qui touche 370.000 enfants au Maroc chaque année.
Ayouch a justement rappelé que 38% des enfants marocains en 2013 ne bénéficient pas de préscolarisation et que sur les 62% préscolarisés, plus de 65% l’étaient en école coranique ou msid.
Interrogé sur l’opportunité d’avoir organisé ce colloque en octobre dernier, Ayouch a invoqué l’importance du sujet et le discours royal du 20 août qui avait sévèrement critiqué le système éducatif marocain et notamment un système «qui fabrique des chômeurs».
Citant un classement international, Ayouch a indiqué que sur 46 pays, le Maroc était classé 45ème pour la maîtrise des compétences fondamentales par les enfants du primaire, juste avant le 46ème pays, l’Ouganda …
Insistant sur le fait que «la darija est une langue de communication, de travail, de poésie et identitaire» parlée par plus de 96% des Marocains, Ayouch, aux questions sur sa légitimité en tant qu’intervenant dans ce débat sensible et parfois tabou, a revendiqué son rôle de citoyen et d’hommes d’affaires qui a réussi : «J’ai le droit de redonner à mon pays un peu de ce que Dieu m’a donné» a-t-il indiqué, rappelant qu’il était fondateur d’ONG qui font du microcrédit, de l’alphabétisation et de l’enseignement primaire, «un total de 450 écoles» a-t-il précisé.
«Que les envieux et les critiques me rejoignent dans mes ONG pour m’aider à scolariser les enfants, traiter les dossiers de demandes de microcrédits et faire de l’alphabétisation» a-t-il lancé.
Prochain épisode du débat sur la darija, ce sera mercredi 27 au soir sur 2M avec le face-à-face Noureddine Ayouch et Abdallah Laroui.
Lire les recommandations du colloque international sur l’Education.
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