Chômage : l’inquiétude de deux économistes
Les derniers chiffres publiés par le HCP relatifs au chômage et à l’emploi au troisième trimestre 2013 ont de quoi inquiéter. Tel est l’avis de deux experts : Mehdi Lahlou et Yasser Yeddir Tamsamani, professeurs à l’Insea.
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Amine Belghazi
Le 11 novembre 2013 à 11h24
Modifié 11 novembre 2013 à 11h24Les derniers chiffres publiés par le HCP relatifs au chômage et à l’emploi au troisième trimestre 2013 ont de quoi inquiéter. Tel est l’avis de deux experts : Mehdi Lahlou et Yasser Yeddir Tamsamani, professeurs à l’Insea.
Les deux analystes sont unanimes. Les derniers chiffres montrent une fragilisation du tissu économique national. Yasser Yedir Tamsamani (chercheur affilié à l'OFCE) relève que la destruction d’emplois dans le secteur du BTP est liée à la conjoncture et plus précisément aux systèmes de financements, notamment aux tensions en liquidités que connaissent les banques.
En même temps, 75% des emplois créés ne sont pas rémunérés. Il s’agit, selon Yasser Yedir Tamsamani, d’emplois précaires qui auront pour incidence la stagnation de la consommation. Par conséquent, « la consommation des ménages est le principal moteur de croissance lorsqu’on sait que les investissements publics s’essoufflent et que des coupes budgétaires sont pratiquées régulièrement. De ce fait, il est très difficile d’atteindre une croissance de 4,8% lorsque celle-ci est principalement tirée par la consommation privée » note-il.
De son côté, Mehdi Lahlou (professeur de sciences économiques à l'Institut national de statistiques et d'économie appliquées) estime que les chiffres avancés par le HCP sont à prendre avec des pincettes.
« Nous remarquons que les chiffres liés à l’emploi ne varient que légèrement d’un trimestre à un autre alors que sur la même période les variations que connait la conjoncture économique sont très fortes, laissant se dessiner un début de crise. Il s’agit, entre autres, du recul des investissements publics et des investissements directs étrangers, du recul des exportations industrielles et de la baisse de la consommation. Ces indicateurs montrent que le taux de chômage a au contraire fortement augmenté. » D’où l’intérêt, selon l’analyste, de « réviser les définitions du chômage et de l’emploi, selon les normes et recommandations de l’OIT. »
D’après le même rapport du HCP, les créations d’emploi en milieu urbain relèvent exclusivement du secteur tertiaire. « Il s’agit de services de bas niveau, peu créateurs de richesse. De ce fait, les nouvelles créations d’emploi dans le tertiaire ne compensent pas les pertes d’emplois industriels, créateurs d’une vraie richesse », estime Mehdi Lahlou qui rajoute que « compte tenu de ces paramètres, le Maroc risque d’être exposé à une aggravation du chômage, à une incapacité d’exporter ses produits nationaux et à l’aggravation du déficit commercial, impactant directement la croissance. »
Pourtant, le Maroc pourrait très bien dégager une croissance à deux chiffres, estime de son côté Yasser Tamsamani. « Le Maroc est en pleine construction. Mais malheureusement, dans sa gestion publique, le gouvernement s’impose la contrainte du maintien du déficit public à 3%. Alors qu’il est possible de favoriser la croissance à travers les leviers de la santé et de l’éducation, par exemple. »
Autre chiffre alarmant, les femmes sont les plus concernées par l’emploi précaire non rémunéré, particulièrement en milieu rural. « Cette situation vient aggraver la situation d’exclusion sociale de la femme » conclut Yasser Tamsamani.
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