Depuis son implantation au Maroc en 1928, la marque au losange Renault aura tout à tour monté ses voitures à la Somaca à Casa, racheté la majorité des parts de la même Somaca et finalisé, avec des partenaires financiers marocains, l’un de ses plus importants projets dans le monde, l’usine Renault Tanger-Med au nord du pays.

En 2013, Renault est non seulement la première marque vendue au Maroc mais également le constructeur international qui a fait du Maroc son hub africain.

Le Maroc, plateforme pour Renault

Entreprise française qui vient s’installer en 1928 dans le cadre protégé du Protectorat français mis en place en 1912, Renault aura une politique de multinationale française au Maroc dans le sens où elle poursuit sa politique de développement tout en veillant à entretenir de bonnes relations avec les pouvoirs publics et le holding ONA qui deviendra par la suite l’un de ses actionnaires marocains de référence.

Les deux groupes sont en effet associés dans Renault Maroc mais en 2000, Renault rachète les parts de l’ONA et contrôle 80% de la société. Ironie du monde des affaires, à la marocanisation en 1973, c’est l’ONA qui avait racheté des parts de la Somar, le nom juridique de la société qui représente les intérêts de Renault au Maroc.

Aujourd’hui, non seulement Renault contrôle la Somaca et Renault Tanger-Med, mais il y est fortement associé avec des partenaires financiers et institutionnels locaux tandis que la marque au losange a fait du Maroc son tremplin vers le Bassin méditerranéen et vers l’Afrique. Ceci pour les voitures, mais également pour l’exportation des pièces de rechange vers le Brésil, la Colombie et le Chili, la Russie et l’Inde.

Toute la gamme, de la 4L à la Safrane

Dès les années 1960, Renault et l’Etat vont réaliser une première, puisque la première voiture sortie des lignes de production de la Somaca en 1963 est une … Renault Dauphine sortie la même année qu’en France.

C’est de là que dans les années 1960, 1970 et 1980 vont sortir les R4, les R8 et les R16, les R5 et les R12, puis la R18, la R25 et l’Express et la Kangoo.

En effet en 1996, le premier véhicule utilitaire léger assemblé à Ain Sebaâ (Casablanca) sera la fameuse Renault Express, et 4 ans plus tard ce sera au tour de la Kangoo.

Dès l’année 2000 et les bouleversements qui s’annoncent sur le marché automobile mondial avec l’émergence et la poussée des voitures à bas coûts, Renault n’hésite pas à acquérir les parts de l’ONA et de plusieurs actionnaires privés pour détenir 80% de la Somaca.

36% de parts de marché  au Maroc et la plus grande usine d’Afrique

Progressivement, entre le montage des véhicules Renault  et l’arrivée annoncée des premières voitures à bas coûts Logan, Fiat sera «évincée» de la Somaca et en 2005, Renault rachète les parts de l’industriel italien dans l’usine casablancaise avant d’y monter sa première Logan en 2006, après avoir, entretemps, racheté les parts des actionnaires privés marocains. A ce moment, la Somaca est à plus de 78% une filiale de Renault, le reste étant détenu par Peugeot (20%) et des particuliers (1%).

C’est également à partir de l’année 2007 que l’usine de la Somaca va connaître un développement spectaculaire avec une production de 30.000 véhicules, puis 40.000 en 2009 et 58.400 en 2012. L’usine travaille aujourd’hui en 3X8 et emploie 2.400 personnes.

En 2012, sur 100 voitures vendues au Maroc, 36 sont des Renault ou des Dacia.

Cette montée en puissance de la production à Casablanca va être menée en parallèle à la conduite de l’un des plus importants investissements automobiles du Bassin méditerranéen, celui de Tanger-Med.

Grâce à un accord inédit avec l’Etat et des institutions publiques marocaines, Renault acquiert un terrain de 300 hectares situé à proximité du port de Tanger-Med et commence à y bâtir une usine verte d’une capacité de 340.000 véhicules avec centre de formation aux métiers de l’automobile intégré, une ligne de fer qui conduit les véhicules produits de l’usine aux bateaux à travers une plateforme qui peut traiter 1 million de véhicules par an, une ville nouvelle dont les premiers bâtiments sortent de terre, une zone industrielle destinée aux partenaires industriels et pour 2014, une plateforme internationale de pièces détachées à l’export.

Le seul ensemble de production industriel a coûté 1 milliard d’euros et emploie 5.000 personnes dont 320 cadres. Selon le DG de Renault Maroc Jacques Prost, «cette usine et la stratégie de Renault tournée vers l’Afrique et les marchés émergents établissent le label Made in Morocco à l’international.»

Etablir le «label Maroc» à l’international

Alors,  Renault, marque française ou marque marocaine? Avant de répondre à cette question, il faut savoir que l’usine de Tanger est détenue à 52% par Renault et à 48% par la CDG. Le savoir-faire de la formation professionnelle transmis par un encadrement 100% marocain a été acquis au prix de 90 millions de DH auprès de Renault. C’est le savoir-faire de Renault allié aux compétences marocaines qui fait le succès de la marque aujourd’hui au plan international.